Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons à partir d’aujourd’hui en feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »
Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme
……………………….
Le
congrès de Tours
C’est dans ce contexte que se déroula le congrès de Tours, à la toute fin 1920. Au cours de cette année, les partisans de l’adhésion à l’IC (fondée presque deux ans plus tôt !) avaient progressé dans la SFIO. La fraction encore majoritaire, autour de Frossard, Cachin, mais aussi Longuet, défendait désormais cette adhésion. Ils n’étaient pas devenus révolutionnaires, mais ils étaient prêts à manœuvrer pour rester à la direction du parti.
Les dirigeants les plus proches des positions bolcheviques, en prison, ne purent participer physiquement au congrès. Depuis leurs cellules à la Santé, Loriot et Souvarine rédigèrent la motion approuvant la révolution russe et l’adhésion à l’IC, motion portée et défendue au congrès par Cachin et Frossard. Il fallut l’intervention explicite de l’IC pour écarter Longuet, prêt à « adhérer avec réserve ». Les 21 conditions furent discutées et critiquées par une majorité de délégués, sans être mises formellement au vote. Ces conditions demandaient par exemple de placer la fraction parlementaire et tous les journaux du parti sous le contrôle de sa direction. Elles faisaient de chaque parti communiste une section d’un parti mondial de la révolution, soumise à la discipline de l’Internationale. Son exécutif pouvait en toute légitimité intervenir dans les affaires des sections nationales. Symbole des liens entre les différents pays, Clara Zetkin, militante communiste allemande reconnue, prit la parole au congrès où elle était venue clandestinement pour appuyer la rupture avec les réformistes.
Une majorité de délégués, 3208 mandats sur 4717, votèrent la motion Loriot-Souvarine. La minorité clairement hostile à la révolution russe, emmenée par Léon Blum, quitta le congrès. Le jeune Parti communiste, la SFIC, Section française de l’Internationale communiste, revendiquait 110 000 adhérents quand la SFIO maintenue en avait 50 000. Le nouveau Parti communiste avait beaucoup plus d’influence et de crédit dans la classe ouvrière. Mais il était loin d’être un parti révolutionnaire ayant rompu avec les pratiques et les mœurs réformistes. Si la scission était salutaire, elle ne réglait pas tout. Alfred Rosmer adhéra au Parti communiste dès son retour de Moscou, fin 1921. Monatte quant à lui s’y refusa, restant à l’extérieur pendant les deux années suivantes, des années pourtant cruciales.
……………………………
(Demain : 1921-1924 : la lutte pour transformer le parti)