5G : des
ondes porteuses... de gros sous
30 Septembre 2020
Mardi 29 septembre, le
gouvernement a lancé les enchères entre les quatre opérateurs français de
télécommunications pour l’attribution des bandes de fréquences de la 5G, la
dernière génération de la téléphonie. Moyennant ce droit d’accès, l’État va
permettre à quatre entreprises privées de réaliser des profits en rackettant
les usagers pendant des années.
En Italie en 2018, en Allemagne
en 2019, les opérateurs avaient dépensé 6,5 milliards d’euros pour acheter les
fréquences mises aux enchères. En France, le gouvernement a retardé la vente
mais a fait un cadeau aux opérateurs : chacun d’eux a reçu une bande de 50
MHz pour un prix fixe de 350 millions d’euros, un prix d’ami. L’enchère ne
porte que sur le tiers des fréquences restantes.
La 5G, en cours de déploiement
dans le monde, représente pour les capitalistes de divers secteurs un enjeu
financier et stratégique important. Cette technologie devrait permettre de
transporter beaucoup plus de données numériques avec des temps de transfert et
de traitement réduits, ce qui ouvrirait de nouvelles utilisations. Ces
perspectives de profits, dans une économie mondiale en crise où la concurrence
fait rage, expliquent pourquoi Macron, Le Maire ou encore Thierry Breton,
commissaire européen chargé de l’Industrie, mouillent la chemise pour accélérer
le déploiement de le 5G en France.
Ce déploiement nécessite, en
amont, des infrastructures, des antennes, des réseaux, des commutateurs pour
relier les villes et les pays. Ces infrastructures sont fabriquées par quelques
groupes industriels concurrents, les européens Ericsson ou Nokia, l’américain
Cisco et surtout les chinois ZTE et Huawei. Sous prétexte de garantir sa
sécurité nationale, chaque État intervient pour aider son champion national.
Ainsi l’avance prise par Huawei dans les infrastructures de la 5G a conduit
Trump à lui interdire le territoire américain et à interdire aux entreprises
américaines de lui fournir des composants. En France, les députés ont voté en
2019 une loi, dite « de sécurité des réseaux mobiles » qui soumet le
choix du matériel utilisé à une autorisation gouvernementale. Là encore, Huawai
est dans le collimateur : SFR et Bouygues n’ont reçu qu’une autorisation
limitée pour déployer des antennes Huawei, tandis qu’Orange et Free doivent se
fournir chez les concurrents.
Cette rivalité entre des
capitalistes prêts à tout pour gagner de l’argent et le zèle avec lequel les
dirigeants politiques au pouvoir défendent leurs intérêts, alimentent la
méfiance d’une partie de la population contre la 5G. Mais ce qui devrait être
un débat légitime sur l’intérêt pour la collectivité de cette nouvelle
technologie, son coût social ou environnemental comparé à ses apports pour
l’humanité, est totalement biaisé. Du côté des promoteurs de la 5G, Macron a
étalé son mépris en comparant les opposants à cette technologie à des Amish
(une secte américaine hostile à la technologie) qui voudraient revenir à la
lampe à huile. De leur côté, des opposants affichés comme Yannick Jadot ou
Jean-Luc Mélenchon surfent sur la méfiance justifiée engendrée par les
scandales industriels répétés et la crainte devant les dérèglements climatiques
pour tenter de gagner des électeurs. Mais le problème n’est pas de dénoncer une
technique et, derrière un rideau de fumée, de laisser les capitalistes faire
tranquillement leurs sales affaires. Il est de combattre toute l’organisation
sociale dans laquelle les choix sont guidés par la seule recherche d’un profit
immédiat.
Xavier LACHAU (Lutte ouvrière
n°2722)