100
milliards de relance… pour les profits patronaux
320 suppressions d’emplois
annoncées à Figeac-Aéro dans le Lot ; 290 à Stelia, filiale d’Airbus dans
la Somme ; 186 à Cargill dans le Nord ; 200 pour Verallia en Gironde,
qui s’ajoutent à celles de Courtepaille, La Halle, Renault, ADP, Alinéa, Nokia…
la liste des entreprises qui licencient s’allonge de jour en jour.
Même dans les secteurs qui ont
tiré leur épingle du jeu et pour qui la crise est une opportunité de
développement, il y a des restructurations à coups de licenciements et de
sacrifices pour les travailleurs.
De l’ouvrier à l’ingénieur, en
passant par les employés et les cadres administratifs, personne n’est à l’abri
de ce qui est une des plus graves crises du capitalisme. Et ce n’est pas le
plan de relance annoncé par le gouvernement qui protégera les travailleurs.
Ce plan n’empêchera pas un seul
licenciement parce qu’il n'est pas fait pour cela. Il vise à aider et booster « les
entreprises », dit le gouvernement. Mais quand il parle
« d’entreprises », il pense au patronat, petit, moyen et grand. Il
pense aux propriétaires, aux actionnaires, pas aux salariés ! Soutenir les
entreprises ne signifie pas soutenir ni même garantir les emplois.
Le Premier ministre Castex et le
ministre de l’Économie Le Maire ont été clairs : les baisses d’impôts et
de cotisations sont sans condition. Les différentes enveloppes sont mises à
disposition des chefs d’entreprise sans engagement de leur part. Il n’y a
aucune contrainte, aucun interdit.
C’est une façon de dire au
patronat : « Servez-vous ! », « Faites
ce que vous voulez de cet argent, nous vous faisons confiance ». Le
patronat pourra donc utiliser ce chèque en blanc tout en continuant de
supprimer des emplois et d’encaisser les profits.
Pour Castex et Le Maire, cet
argent finira tôt ou tard par « ruisseler » sur les travailleurs et
sur l’emploi. La mauvaise blague !
Le grand patronat est arrosé de
cadeaux publics depuis des décennies. On attend toujours les investissements et
les emplois ! Le seul résultat de cet assistanat a été la flambée des
dividendes, l’augmentation de la fortune d’une poignée de privilégiés, une
économie de plus en plus financiarisée et une spéculation effrénée. Il n’y a
rien d’autre à attendre de ce plan de relance.
Ces 100 milliards mettent la
compétitivité et les profits sous assistance respiratoire. Ils gonflent
artificiellement les débouchés de certaines entreprises. Là où le profit est
garanti, le patronat sautera sur l’occasion. Mais cela ne fera pas redémarrer les
secteurs qui voient leurs marchés se contracter, comme l’aéronautique,
l’automobile ou le tourisme, et cela ne nous sortira pas de la crise.
Le capitalisme est, depuis des
années, dans une impasse que la crise sanitaire ne fait qu’aggraver. Avec des
marchés saturés alors que la productivité ne cesse de progresser, la
concurrence se fait de plus en plus féroce et les profits incertains. C’est
pourquoi le grand capital rechigne à investir dans la production.
Les capitalistes sont censés être
des investisseurs, des entrepreneurs qui prennent des risques. Ils ne jouent
plus ce rôle depuis longtemps. Sans rien apporter à l’entreprise, ils pompent
ses profits et les jouent au casino de la spéculation. Et c’est encore à cette
classe, parasitaire et aveuglée par la loi du profit, que l’État remet 100
milliards !
Les travailleurs n’ont pas à se soumettre
à cette minorité de prédateurs qui paralyse l’économie. Ils n’ont pas à se
sacrifier pour un système au bout du rouleau.
L’argent public devrait servir à
ce qui est utile à la société. 100 milliards d’euros correspondent à 2,7
millions d’emplois payés 1800 € pendant un an. Il y aurait donc de quoi
procéder aux embauches tant attendues dans le secteur hospitalier, les Ehpad,
l’éducation ou les transports. Il y aurait de quoi entreprendre de grands
travaux publics, que ce soit dans le bâtiment ou dans le domaine énergétique.
Mais on ne parviendra pas à
imposer ces mesures de bon sens et d’utilité collective sans renverser le
pouvoir de la bourgeoisie, sans lui enlever les rênes de l’économie, c’est-à-dire
sans une révolution.
Les travailleurs sont la seule
classe capable de remplacer la bourgeoisie au pouvoir. Il faut qu’ils réalisent
la force qu’ils représentent.
Les travailleurs font fonctionner
toute la société, ils sont capables de réorganiser l’économie sur d’autres
bases. Si, avec les richesses et le niveau de développement atteint par la
société, la bourgeoisie n’est pas capable de construire un monde sans misère ni
chômage, les travailleurs, eux, le sont !