Usine de la Smart à Hambach (Moselle) :
Daimler, un des groupes industriels les plus riches du monde, veut jeter à la
rue les 1 600 travailleurs assurant la production de la Smart-Mercedes
Communiqué
04/07/2020
C’est par la simple annonce d’un
dirigeant de Mercedes – filiale du groupe Daimler –, débarqué du siège en
Allemagne, que les syndicats de l’usine Smart de Hambach en Moselle, à la
périphérie de Sarreguemines, ont eu communication vendredi 3 juillet que la
direction internationale avait décidé de se séparer de l’usine dans les plus
brefs délais. L’usine d’Hambach, surnommée Smartville, regroupe 1 600
salariés dont la moitié sont employés par Mercedes, et l’autre moitié par des
sous-traitants dont les ouvriers travaillent uniquement pour le montage de la
smart.
Il y a quelques mois à peine, la
direction Mercedes annonçait l’investissement de 500 millions pour,
disait-elle, assurer l’avenir du site, appelé à fabriquer l’un des modèles
électriques de Mercedes. Déjà en 2016, à l’issue d’un bras de fer, en ayant
échoué à obtenir un accord syndical en vue de faire travailler les salariés 39
heures payées 37, les dirigeants de Mercedes débarqués sur le site faisaient
défiler l’ensemble des salariés un à un pour signer un avenant à leur contrat
de travail, les obligeant à ce travail gratuit sous peine d’être licencié. Tout
cela, encore une fois, au nom de la garantie des emplois.
Aujourd’hui le groupe qui
annonçait en 2018 près de 11 milliards de bénéfices, justifie le reniement de
tous ses engagements par « la nécessité d’optimiser nos
fabrications ». C’est d’un cynisme abject. Si le groupe a vu ses
profits baisser en 2019 ce n’est pas à cause d’une baisse d’activité mais à
cause des méthodes de voyous de la direction mouillée jusqu’au cou dans les
trafics du « dieselgate ». Avec, en suivant, les milliards qu’elle a
dû rétrocéder aux USA et en Allemagne à tous les clients qu’elle avait grugés.
Même aujourd’hui, en 2020, malgré la crise du Covid-19, Daimler continue à
engranger des bénéfices et à vendre ses voitures. Des centaines d’ouvriers de
la Smart, déplacés pour cela en Allemagne ces derniers mois, y ont d’ailleurs
contribué.
D’ailleurs la prétendue
« vente de l’usine » est une grossière manœuvre visant pour
Mercedes-Daimler à se dégager, par l’entremise d’un margoulin-repreneur, de
toutes ses responsabilités sociales. Mais l’enjeu pour les travailleurs est
bien de contraindre le groupe multimilliardaire avec ses 278 000 salariés,
d’assurer l’emploi et le salaire des 1600 salariés du site de d’Hambach, quelle
que soit aujourd’hui la nature de leur contrat de travail. Puisque Mercedes a
été capable de faire traverser la frontière à des centaines de salariés
d’Hambach, allant travailler à l’usine de Rastatt en Allemagne, pour ses
besoins, le groupe peut faire retraverser la frontière aux machines et
outillages pour assurer l’emploi de ces 1 600 travailleurs à Hambach.
C’est le partage du travail sans
perte de salaire, qui devrait ainsi s’imposer, aussi bien dans l’intérêt des
travailleurs d’Hambach que de ceux de leurs camarades d’Allemagne et d’ailleurs
en leur permettant d’alléger leurs cadences de travail. Cela ne se fera pas
sans un rapport de force. Mais c’est un combat juste qui mérite d’être
entrepris. Il n’y a d’ailleurs aucune autre issue pour garantir vraiment
l’avenir de tous les salariés et de leurs familles.
Nathalie ARTHAUD