Retraites,
salaires, emplois : pour un mouvement d’ensemble !
06 Novembre 2019
Les projets gouvernementaux en
matière de retraite sont clairs comme de l’encre pour les modalités concrètes,
et limpides comme de l’eau de roche quant aux intentions politiques. Si chaque
travailleur se demande à quelle sauce il sera mangé, tous savent qu’elle sera
amère.
Les réformes envisagées se
résument en effet à reculer l’âge de départ en retraite et à diminuer les
pensions. Il s’agit de faire encore baisser la part de la richesse produite qui
revient aux travailleurs, actifs ou retraités, et par là même d’augmenter celle
qui revient aux capitalistes Tous les discours, débats et discussions, sur les
régimes spéciaux, l’équité, l’âge pivot, le trou dans les caisses et la
démographie, ne sont que littérature pour masquer ce qui est une attaque
patronale.
Le problème de Macron est de
faire accepter ce recul aux travailleurs, sans à-coups et sans révolte. Mais
cette attaque vient après de nombreuses autres. Elle est de plus le fait d’un
gouvernement et d’un président particulièrement durs aux pauvres et doux aux
riches. Les fortunes de ces derniers sont insolentes, alors même que les vagues
de licenciements continuent et que les services publics, santé, enseignement,
transports, sont au bord de l’explosion. Après les coups de colère à la RATP et
à la SNCF, avant la manifestation de la Santé le 14 novembre et la journée
interprofessionnelle du 5 décembre, le gouvernement se montre donc quelque peu
prudent.
Delevoye, rapporteur du projet
sur les retraites et chargé de le faire appliquer, parle désormais de la
« clause du grand-père », qui ferait que le nouveau système ne
s’appliquerait, au moins à la SNCF, qu’aux nouveaux embauchés. Il laisse même
entendre, appuyé en cela par des représentants patronaux, que cette clause
pourrait s’appliquer à d’autres secteurs. Certains de ceux-ci conseillent en
effet la prudence, considérant qu’une épreuve de force du genre de celle de
l’hiver 1995 serait inutilement coûteuse.
La journée de lutte
interprofessionnelle du 5 décembre a été appelée au départ sur la seule
question des retraites mais elle pourrait devenir l’occasion d’exprimer le
mécontentement accumulé dans de nombreux secteurs et de nombreux domaines face
à la politique du patronat et du gouvernement. En tout cas ce dernier craint
visiblement que cette journée soit l’occasion de l’explosion de la
cocotte-minute sociale, selon l’expression de certains commentateurs. C’est
pourquoi non seulement il préfère ne parler que de la question des retraites,
mais il cherche à la faire paraître moins explosive par l’annonce de quelques
reculs.
Au contraire, pour les
travailleurs, la journée du 5 décembre peut être l’occasion de se retrouver
tous ensemble, de manifester massivement contre la politique du patronat et du
gouvernement. Elle peut être l’occasion de rassembler leurs forces et de se
préparer au combat nécessaire pour mettre cette politique en échec.
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2675)