Les ravages de la Loi Banquer et autres attaques contre l’Éducation
Un
enseignant parisien a dressé une liste des attaques que subit l’Éducation, de
Parcoursup et des réformes lycée - bac - professionnel jusqu'aux dernières
nouveautés de la loi Blanquer et de la Fonction Publique. C’est un peu long,
mais le récapitulatif et l’accumulation aident à prendre la mesure de la
situation fortement dégradée qui s’annonce. Dans la discussion actuelle de la
loi Blanquer, et la « navette » entre les députés et les sénateurs,
certains aspects peuvent être édulcorés ou supprimés, mais l’essentiel y est,
et si c’est long, c’est que les attaques subies par l’Éducation et dont les
milieux populaires seront les premières victimes, sont majeures. Des attaques
qui feront des ravages…
AU LYCEE GENERAL ET TECHNOLOGIQUE
► Choix
des spécialités : Les parents l’ont bien compris, à l’issue des conseils de
classe du 3e trimestre de nombreuses familles vont être invitées par les
directions à modifier leurs vœux de spécialités (déjà contraints par le choix
local) pour des raisons à la fois budgétaires et techniques. Ce faisant ils
remettront en cause un projet d’orientation construit des mois en amont.
L’illusion du libre choix laissera alors la place à une vision plus éclairée de
la réforme : le système du tronc commun et des spécialités a pour seul objectif
d’optimiser des groupes de 35 à 36 élèves (peut-être plus si certaines familles
sont déterminées à faire respecter leurs droits) et permettre des suppressions
de postes. Peu importe si cela crée des inégalités et si cela met les
établissements face à des problèmes techniques insolubles dont les conséquences
seront finalement supportées par les élèves et les personnels.
► Remise
en cause du caractère national du baccalauréat. Evaluation permanente et
pression du contrôle continu, relativisés par les algorithmes de Parcoursup
selon l’établissement d’origine.
► Pression
continue sur les personnels pour « faire du chiffre » et tenir le rang de
l’établissement dans une concurrence généralisée (le chef d’établissement a la
main sur la note finale de contrôle continu ainsi que sur l’harmonisation des
résultats des épreuves communes). Le règne de la démagogie et assurément une
perte de sens dans la pratique du métier.
►
Augmentation considérable de la charge de travail avec l’organisation
d’innombrables épreuves (organisation, choix des sujets, correction par les
collègues, rattrapage, harmonisation), le ministère se déchargeant sur les
personnels pour « alléger » le bac. De plus ces épreuves locales ne manqueront
pas de donner lieu à des contestations de la part des familles (gestion des
absences, choix du sujet, évaluation contestée, …).
►
Conditions de travail détériorées comme jamais par des effectifs toujours plus
lourds, des dédoublements en voie de disparition, des plages horaires
intenables, des programmes hors de portée d’un certain nombre d’élèves, des
emplois du temps catastrophiques remettant en cause tous nos acquis (plus de
jour de relâche, cours du lundi matin au samedi midi ?)…
►
Suppressions de postes en cours et à venir avec la mise en place de la réforme
en terminale. Il faut également s’attendre à une instabilité chronique des
postes due à une gestion à flux tendu chaque année selon l’attractivité de
certaines spécialités. La carte actuelle de spécialité a évidemment vocation à
évoluer dans le sens d’un choix plus restreint pour les élèves.
►
Concurrence délétère entre collègues et disciplines pour maintenir les
spécialités et répartir les marges largement insuffisantes pour financer les
options, les dédoublements, l’AP, l’orientation et le tutorat. Les options
seront constamment menacées.
►
Autonomie des établissements qui vise à faire peser sur les personnels la
gestion de la pénurie et les suppressions de postes.
► Des
programmes imposés à marche forcée dans l’urgence, tous rejetés par le CSE (à
l’exception de la physique-chimie).
►
Parcoursup et l’instauration de la sélection à l’entrée à l’université : Un
recul historique dont l’effet sur le développement du privé dans le supérieur
ne s’est pas fait attendre (+10% à la rentrée 2018).
AU LYCEE PROFESSIONNEL
►
Diminution drastique des horaires disciplinaires (l’équivalent d’un trimestre
de cours) et appauvrissement des contenus.
Au lieu de 380 heures de français
- histoire-géo et EMC il n'y aura plus que 267 heures (297 avec les
enseignements en co-intervention). En maths on passe de 181 à 140 heures (ou
171). En langues de 349 à 265. Les périodes de formation en milieu
professionnel seront aussi revues à la baisse : au lieu de 22 semaines ce sera
de 18 à 22 semaines.
► En
conséquence, une poursuite d’études rendue encore plus délicate et des élèves
stigmatisés dans parcoursup.
►
Regroupement des secondes pro en 15 familles de métiers (contre 80 secondes
actuellement) pour optimiser les effectifs et supprimer des postes.
► Des
programmes eux-aussi rejetés par le CSE et imposés en urgence malgré tout.
►
Suppression de la moitié des places dans la filière GA (gestion et
administration) avec la suppression de 1500 postes, véritable plan social.
► Mixité
des publics dans une même classe (élèves en formation initiale et apprentis,
avec des rythmes de présence différents).
AU COLLEGE
► Baisse
continue des DHG dans les collèges et augmentation de la charge de travail
depuis la réforme.
► Toujours
plus d’autonomie pour les établissements, permettant la mise en concurrence des
collègues, des disciplines et des dispositifs.
►
Effectifs en hausse et dédoublements limités car mis en concurrence.
DANS LE PREMIER DEGRE
► Fin du
mode de fonctionnement collégial avec les directeurs qui deviennent des
supérieurs hiérarchiques.
► Liberté
pédagogique remise en cause, méthodes et évaluations imposées sous la pression
hiérarchique.
►
Financement par les communes des maternelles privées sous contrat (100 à 200
millions d’euros sans contrepartie).
POUR TOUS
►
L’article 1 de la loi Blanquer qui vise à museler toute contestation en
imposant la loi du silence.
► 2h
supplémentaires imposées, temps partiels menacés par nécessité de service (déjà
le cas dans le 1er degré).
► Des
professeurs principaux usés jusqu’à la corde (voir circulaire 2018).
► Mise au
pas des Espe qui deviennent Inspe avec un directeur nommé par les deux
ministres (éducation nationale et enseignement supérieur) et un référentiel
national laissé aux bons soins du ministre.
►
Formation continue obligatoire et pendant les congés scolaires (applicable dès
la rentrée selon l’issue de la loi Blanquer en commission mixte paritaire).
► Création
des EPLEI, établissements internationaux réservés aux élites (exigeant la
maîtrise de 2 langues dès le plus jeune âge) de la maternelle au lycée,
véritablement renoncement à toute ambition de mixité sociale.
► Possibilité
pour les AED de faire des remplacements.
► Contrats
de missions passés avec les personnels permettant de déroger aux règles de
mobilité.
POUR LES AESH
► Création
des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) pour optimiser et
mutualiser la gestion des élèves en situation de handicap et précariser encore
davantage les AESH dont le statut est déjà extrêmement précaire.
POUR LES METIERS DE L’ORIENTATION
►
Suppression des DRONISEP et transfert des personnels à la région.
►
Fermetures de CIO en cours et à venir.
► Dans un
contexte d’individualisation des parcours laissant les familles seules face à
des choix de plus en plus engageants, c’est une fois encore le privé qui se
développe à grande vitesse pour se substituer au service public d’éducation.
POUR LES PARENTS
►
Suppression des allocations familiales pour absentéisme.
►
Interdiction aux mères voilées d’accompagner une sortie scolaire.
AU NIVEAU DE LA FONCTION PUBLIQUE
► Gel du
point d’indice.
► Recours
accrus aux contractuels avec tout ce que cela implique sur le plan de la
gestion des ressources humaines et de la précarité. Statut de fonctionnaire mis
à mal et marginalisé (bientôt minoritaire dans les établissements ?)
►
Annualisation du temps de travail, évoquée au niveau de la FP mais également
dans la loi Blanquer, avec possibilité de déroger aux horaires hebdomadaires
réglementaires.
► Fin des
commissions paritaires (CAP) pour l’avancement et les mutations (plus de
contrôle par les syndicats). Le règne de l’arbitraire et une arme de répression
supplémentaire pour l’institution.
►
Rémunération au mérite avec évaluation par le chef d’établissement lors d’un
entretien annuel.
► Création
d’une nouvelle sanction : 3j de mise à pied sans passage en commission.
►
Introduction dans la FP de la rupture conventionnelle.