Communiqué sur les élections
européennes du 26 mai 2019
Communiqué
26/05/2019
Au soir des élections
européennes, le Rassemblement national s’est félicité d’avoir dépassé La
république en marche, et celle-ci s’est félicitée d’avoir limité les dégâts
grâce à une participation plus grande à cette consultation électorale. Mais
l’électorat populaire, avec les salariés, les chômeurs, les retraités du monde
du travail, est largement resté à l’écart des européennes. Aux
abstentionnistes, il faut ajouter tous ceux, principalement dans les quartiers
populaires, qui sont tellement dégoutés des élections qui ne changent rien à
leur sort qu’ils ne sont même plus inscrits sur les listes électorales. Sans
parler de tous ceux qui, immigrés, n’ont pas le droit de vote bien qu’exploités
dans ce pays et sont une fraction importante du prolétariat.
Le jeu des partis dans ces
élections n’a laissé à l’électorat populaire que le choix entre le représentant
caricatural de la morgue bourgeoise envers les travailleurs et la millionnaire
Le Pen. Le choix entre la peste et le choléra.
Au temps où fonctionnait le système
de l’alternance entre la droite et la gauche, cette dernière bénéficiait d’un
passé qui la reliait encore au mouvement ouvrier.
Au-delà du rejet que la gauche
provoque aujourd’hui dans l’électorat populaire, c’est tout le système de la
démocratie bourgeoise qui est mis en cause, tant il apparaît que les élections,
au lieu de permettre le changement, ne servent qu’à masquer le fait que rien ne
change.
La bourgeoisie des grandes
puissances impérialistes a trouvé avec le parlementarisme un système qui lui permet
de dissimuler sa mainmise sur la société, en donnant à la population l’illusion
que c’est d’elle et de ses votes que dépend la vie sociale, alors qu’en
réalité, elle est soumise à la dictature impitoyable du grand capital. Mais
cette illusion ne fonctionne que tant qu’elle est crédible. C’est de moins en
moins le cas.
Les racines de la crise de la
démocratie bourgeoise sont là, ainsi que les raisons de la montée de courants
politiques partisans de régimes autoritaires.
Au moment où la démocratie bourgeoise
est minée par la faillite du capitalisme, par la crise économique, par la
menace de guerres et de catastrophes écologiques, d’aucuns ont pour ambition de
reconstruire la gauche.
La gauche, tant qu’elle avait un
certain crédit parmi les travailleurs, a été un moyen d’enchainer le mouvement
ouvrier au système institutionnel de la bourgeoisie. Cet instrument s’est brisé
en remplissant cette tâche, et tous ceux qui veulent le réparer trompent les
travailleurs alors que la société est poussée vers le précipice.
S’opposer à l’extrême droite avec
toutes les saletés réactionnaires et antiouvrières qu’elle charrie, ne pourra
pas se faire en ressuscitant le cadavre des vieux partis. Ce qu’il est vital de
reconstituer, c’est le mouvement ouvrier pour qu’il reprenne le drapeau du
combat contre la dictature de la bourgeoisie sur la société.
Aussi restreint que soit le
nombre de ceux qui se retrouvent dans les idées de la lutte de classe, ce sont
eux qui représentent l’avenir. Le camp des travailleurs n’est pas une abstraction.
Avant d’être un choix politique conscient, c’est une réalité sociale.
La guerre que la grande
bourgeoisie mène contre les travailleurs ne pourra cesser qu’avec la fin des
luttes de classe, c’est-à-dire avec la destruction de l’organisation capitaliste
de la société.
L’opposition au capitalisme sera
en permanence secrétée par le capitalisme lui-même, par l’avidité de la grande
bourgeoisie et par son incapacité à répondre à quelque problème sérieux que ce
soit qui se pose à l’humanité.
L’organisation capitaliste de la
société ne peut fonctionner qu’en maintenant dans l’exploitation et
l’oppression une partie de la société, le prolétariat. Aussi féroce que puisse
être la dictature de la grande bourgeoisie et précisément à cause de cette
férocité, elle fera tôt ou tard surgir la révolte.
C’est dans cette révolte que la
minorité de travailleurs conscients peut devenir la majorité et transformer la
société en mettant fin à la domination du grand capital par l’expropriation de
la grande bourgeoisie.
Les résultats de Lutte Ouvrière,
pour modestes qu’ils soient, confirment la présence d’un courant politique qui
maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier,
l’internationalisme face à la montée des nationalismes, le drapeau rouge face
au drapeau tricolore de la bourgeoisie. Renforcer ce courant, lui donner la
force d’intervenir dans la lutte de classe que les travailleurs ont à mener
contre la grande bourgeoisie est la tâche essentielle en cette période de crise
économique et d’offensive de la classe capitaliste. C’est de cet effort que
pourra surgir le parti ouvrier révolutionnaire représentant les intérêts
matériels et politiques des exploités.
La classe ouvrière a la force et
les moyens de mettre fin à la dictature du grand capital sur la société. Il lui
manque la conscience de ses formidables possibilités. Cette conscience ne peut
s’incarner que dans un parti ayant pour objectif de mener la révolution sociale
jusqu’au bout, un parti communiste révolutionnaire. L’avenir de l’humanité et
peut-être même sa survie en dépendent.
Nathalie Arthaud et Jean-Pierre
Mercier