Élections
en Espagne : les socialistes l’emportent, mais le seul vote utile, c’est la
lutte des travailleurs
01 Mai 2019
Pedro Sanchez, dirigeant du Parti
socialiste (PSOE), a réussi son pari : son parti arrive nettement en tête des
élections au Parlement, avec 123 députés sur 375.
Arrivé au pouvoir huit mois
auparavant, il a appelé en février dernier à des élections anticipées, après
avoir été mis en minorité sur son budget, lâché par les nationalistes catalans
qui jusque-là le soutenaient et lui permettaient d’atteindre les 176 voix
nécessaires pour être majoritaire.
Durant ces huit mois, il avait
pris quelques mesures qui avaient pour but de le faire apparaître comme
féministe, social, tolérant, ce qui lui a permis de faire campagne en
disant : « Voilà ce que nous avons fait avec 84 députés, imaginez ce
que nous ferions si nous avions la majorité. »
Autre élément qui explique la
montée électorale en faveur des socialistes : l’irruption sur la scène
électorale de Vox, formation quasi ouvertement franquiste, qui avait réussi
lors d’élections locales à obtenir des élus au Parlement andalou, puis à faire
un pacte portant le Parti populaire et Ciudadanos à la tête du gouvernement d’Andalousie.
Vox obtient cette fois 10 %
des suffrages à l’échelle du pays, et entre au Parlement avec 24 élus. Les
idées sur lesquelles Vox a obtenu ses suffrages constituent un danger mortel
pour la classe ouvrière. Mais les travailleurs ne pourront les combattre qu’en
se mobilisant dans les entreprises et dans la rue pour un programme défendant
leurs intérêts de classe.
À propos de ces élections nous
publions l’éditorial des bulletins d’entreprises de nos camarades de Voz Obrera
(UCI, Espagne.)
« Le résultat des élections
a reflété une opinion déterminée de la majorité des travailleurs et des classes
populaires : ils ne veulent pas d’une régression sociale, ils ne veulent
pas de l’extrême droite, de la réaction néofasciste, ils ne veulent pas de la droite.
La mobilisation massive de la
gauche et des classes populaires a renversé la majorité parlementaire.
Le vote utile pour le Parti
socialiste a amené 123 députés socialistes au Parlement. Avec 7,6 millions de
voix, il gagne deux millions de suffrages par rapport aux dernières élections.
Unidos Podemos, la coalition de
Pablo Iglesias avec Izquierda Unida et d’autres formations, a perdu 1,3 million
de voix par rapport à 2016.
Les trois partis de droite ont
maintenu ensemble leur score. Le Parti populaire s’est écroulé, essentiellement
au bénéfice de Vox et en partie de Ciudadanos. Le bilan des élections en
Andalousie a joué un rôle déterminant. La peur d’une coalition de la droite
avec Vox comme force décisive a motivé des millions d’électeurs, qui ont
exprimé par leur vote le rejet de cette droite qui s’appuie sur l’extrême
droite.
Il faut signaler le record de
participation : plus de 75 % de l’électorat, soit 6 % de plus
qu’en 2016. À Madrid et Barcelone, la participation atteint les 80 %.
Pedro Sanchez a une majorité qui
lui permettrait de gouverner avec l’appui de Podemos et d’autres groupes
minoritaires. Pablo Iglesias avait fait des avances, expliquant qu’il voulait
un pacte avec le PSOE.
Mais pas plus le vote utile pour
le PSOE qu’une majorité de gauche ne va résoudre les graves problèmes que nous
subissons, nous travailleurs, depuis la crise de 2008 et qui font tant de
dégâts dans les familles.
En premier lieu, parce qu’accéder
au gouvernement ne veut pas dire avoir le pouvoir. Le pouvoir est aux mains des
grands capitalistes qui dominent l’économie et tous les moyens de production.
En deuxième lieu, parce que Pedro
Sanchez n’a jamais osé et n’osera pas imposer les mesures urgentes de justice
sociale qui rendent nécessaire l’expropriation des grands capitalistes et des
banquiers.
Il n’a même pas parlé de
supprimer la réforme du travail mise en place par le Parti populaire. Il s’est
contenté de quelques mesures cosmétiques maquillant les inégalités sociales.
La classe ouvrière a exprimé son
opinion dans ce vote. Mais cette opinion, il faut qu’elle se montre dans les
rues et dans les entreprises par la solidarité ouvrière dans les luttes,
sachant que tout ce que les travailleurs ont obtenu (les 8 heures de travail,
les congés payés et les droits sociaux) ils ne l’ont obtenu qu’à travers des
mobilisations collectives.
Oui, le seul vote utile pour les
travailleurs, c’est la lutte et la solidarité ouvrière. »
Voz OBRERA