vendredi 3 mai 2019

Accidents du travail : des chiffres très en dessous de la réalité, et sur laquelle peu de publicité est faite


Dimanche dernier, un travailleur, enseveli dans une tranchée qui s’est écroulée, l’a échappé belle grâce à l’intervention des pompiers. Depuis le début de l’année, dans le Val d’Oise, des accidents grave du travail ont eu lieu, parfois mortels, sans qu’ils fassent la une des médias. Sur ce sujet, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine

Les accidents du travail en France : des chiffres très en dessous de la réalité

Il est difficile d’obtenir des chiffres définitifs sur les accidents et morts au travail, même en France. Cela n’a rien à voir avec une quelconque question de calcul, mais avec ceux qui font ces calculs, le patronat et la Sécurité sociale, et avec ce qu’ils acceptent de reconnaître.
Ainsi en 2017, sur 1,2 million d’accidents de travail déclarés, à peine plus des deux tiers (870 000) ont été retenus comme tels. Et encore, la Sécurité sociale avance le chiffre de 632 000 (la moitié du total), ce qui correspond plus ou moins aux accidents suivis d’arrêt.
On le sait, sur les chantiers, dans les usines ou les petites entreprises, les travailleurs en emploi précaire, en intérim, en attente de régularisation de leurs papiers vivent dans la crainte de perdre leur emploi s’ils déclarent un accident du travail, et bien sûr s’ils doivent s’arrêter. Même s’agissant de salariés en CDI, employeurs et cadres font souvent pression pour les dissuader de se mettre en accident. Quitte, parfois, à proposer un repos payé à la maison ou un dédommagement qui coûtent bien moins cher au patron que de se voir imputer une hausse de cotisation par la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécurité sociale. Pas étonnant que le taux moyen de cotisation des employeurs à la branche concernée de l’Assurance maladie ait ainsi baissé l’an dernier.
Quant aux morts au travail, là aussi les chiffres officiels minorent fortement leur nombre. L’Assurance maladie en annonce 550 pour 2017. Mais, c’est au moins du double qu’il s’agit, si l’on compte pour cette même année les personnes tuées sur le trajet domicile-travail (250) et celles qui sont mortes des suites de maladies reconnues professionnelles (300). Et ces chiffres ne prennent en compte ni les fonctionnaires ni les travailleurs détachés ou indépendants, ni tous ceux que les statistiques officielles ignorent parfois, alors qu’ils sont morts du fait de leur travail, de ses conditions ou de sa perte, comme ce salarié sarthois de la papeterie Arjowiggings qui s’est suicidé alors qu’il venait de recevoir sa lettre de licenciement.
Sur la place du moindre village, il y a un monument aux morts. À ceux qui ont péri durant les deux guerres mondiales. Combien faudrait-il élever de monuments à la mémoire des millions de victimes de l’exploitation capitaliste ?

                                                 P.L. (Lutte ouvrière n°2648)

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