Dimanche
dernier, un travailleur, enseveli dans une tranchée qui s’est écroulée, l’a
échappé belle grâce à l’intervention des pompiers. Depuis le début de l’année,
dans le Val d’Oise, des accidents grave du travail ont eu lieu, parfois
mortels, sans qu’ils fassent la une des médias. Sur ce sujet, un article de
notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine
Les
accidents du travail en France : des chiffres très en dessous de la réalité
Il est difficile d’obtenir des
chiffres définitifs sur les accidents et morts au travail, même en France. Cela
n’a rien à voir avec une quelconque question de calcul, mais avec ceux qui font
ces calculs, le patronat et la Sécurité sociale, et avec ce qu’ils acceptent de
reconnaître.
Ainsi en 2017, sur 1,2 million
d’accidents de travail déclarés, à peine plus des deux tiers (870 000) ont été
retenus comme tels. Et encore, la Sécurité sociale avance le chiffre de 632 000
(la moitié du total), ce qui correspond plus ou moins aux accidents suivis
d’arrêt.
On le sait, sur les chantiers,
dans les usines ou les petites entreprises, les travailleurs en emploi
précaire, en intérim, en attente de régularisation de leurs papiers vivent dans
la crainte de perdre leur emploi s’ils déclarent un accident du travail, et
bien sûr s’ils doivent s’arrêter. Même s’agissant de salariés en CDI,
employeurs et cadres font souvent pression pour les dissuader de se mettre en
accident. Quitte, parfois, à proposer un repos payé à la maison ou un
dédommagement qui coûtent bien moins cher au patron que de se voir imputer une
hausse de cotisation par la branche accidents du travail-maladies
professionnelles de la Sécurité sociale. Pas étonnant que le taux moyen de
cotisation des employeurs à la branche concernée de l’Assurance maladie ait
ainsi baissé l’an dernier.
Quant aux morts au travail, là
aussi les chiffres officiels minorent fortement leur nombre. L’Assurance
maladie en annonce 550 pour 2017. Mais, c’est au moins du double qu’il s’agit,
si l’on compte pour cette même année les personnes tuées sur le trajet
domicile-travail (250) et celles qui sont mortes des suites de maladies
reconnues professionnelles (300). Et ces chiffres ne prennent en compte ni les
fonctionnaires ni les travailleurs détachés ou indépendants, ni tous ceux que
les statistiques officielles ignorent parfois, alors qu’ils sont morts du fait
de leur travail, de ses conditions ou de sa perte, comme ce salarié sarthois de
la papeterie Arjowiggings qui s’est suicidé alors qu’il venait de recevoir sa
lettre de licenciement.
Sur la place du moindre village,
il y a un monument aux morts. À ceux qui ont péri durant les deux guerres
mondiales. Combien faudrait-il élever de monuments à la mémoire des millions de
victimes de l’exploitation capitaliste ?
P.L. (Lutte ouvrière n°2648)
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