jeudi 2 août 2018

Bonnes lectures de l’été (20) : Eugenia, Lionel Duroy, Julliard


Eugenia



La Roumanie, coincée entre les Empires centraux et la Russie a connu une histoire chaotique au XXème siècle, et particulièrement durant les années 1930 et la Seconde guerre mondiale. Si les intellectuels de ce pays furent marqués par des influences francophiles, pour nombre d’entre eux, ils le furent également par le nationalisme, le fascisme et l’antisémitisme. La crise des années 30 renforça cette réalité.
         Le roman de Lionel Duroy porte sur les évènements de la Seconde guerre mondiale dans ce pays, les évènements de la Guerre où les allégeances de la dictature et le roi furent ballottés au gré des péripéties militaires et du rapport des forces entre l’URSS et l’Allemagne.
         Bien évidemment il y eut des soutiens du régime, et des opposants. Cette opposition pouvait de retrouver au sein des familles. C’est le cas de la journaliste et opposante Eugenia qui a un frère, militant d’extrême-droite forcené.
         Nous suivons dans ce roman les péripéties effroyables de la Seconde guerre mondiale et les évènements conduisant à la liquidation de la population juive de Roumanie.
         Mais ce livre nous offre une surprenante page d’histoire pour nous sans doute encore un peu naïf, qui nous fait découvrir des intellectuels et écrivains, Mircea Eliade, Cioran, Malaparte que nous ne savions pas avoir été, au moins dans leur jeunesse, de sacrés coquins, antisémites patentés pour les deux premiers, et un opportuniste de première classe pour Malaparte.
         Mircea Eliade, Cioran, qui allaient devenir des personnalités de l’intelligentsias en Occident après la fin du conflit et la création du glacis soviétique. Bref, une histoire à approfondir et à compléter…
         Eugénia, un roman très intéressant.

Eugenia, Lionel Duroy, Julliard ,504 pages, 21 euros

mercredi 1 août 2018

Réchauffement climatique : les impasses de Monsieur Hulot


Les premiers responsables : les grands groupes industriels



Face à la vague de chaleur qui touche cet été nombre de régions de la planète, le ministre dit de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a lancé un appel à une « union sacrée » entre les partis politiques, et a déclaré sa « confiance » dans le sens des responsabilités des hommes d'Etat du monde entier.
Le problème c'est que, face à la gravité de la situation, il faudrait des mesures d'urgences contraignantes vis-à-vis des pollueurs et destructeurs de l'environnement, à savoir pour l’essentiel les grands groupes industriels. Or aucun politicien, ni en France ni ailleurs, ne veut imposer quoi que ce soit au grand patronat.
Pour laisser aux générations futures une planète vivable, le point de départ, c'est de tourner le dos aux pseudo-solutions de Hulot : ne pas faire confiance à ceux qui gouvernent le monde aujourd'hui, et arracher les manettes de l'économie des mains des capitalistes.

Mali : une élection pour ravaler la façade


Derrière la façade, les intérêts de l’impérialisme français



Confronté au délabrement économique, à l'incurie du pouvoir, aux exactions militaires et à une rébellion endémique dans le nord et le centre du pays, le Mali est aussi le théâtre d'opérations militaires des armées occidentales au Sahel. Au nom de la « guerre contre le terrorisme », les troupes de l'opération Barkhane protègent les intérêts de l'impérialisme français en prétendant œuvrer à la « stabilisation » de la région.
L'enjeu de l'élection présidentielle ce week-end, plus que la désignation d'un chef d’Etat, était de redonner une légitimité à un Etat malien déliquescent, en montrant sa capacité à organiser un scrutin à l'échelle du territoire. Malgré le déploiement militaire renforcé de dizaines de milliers de soldats, de nombreux incidents ont perturbé le vote quand ils ne l'ont pas simplement annulé.
Quant à l'intérêt des exploités et des populations de la région, il n'entre pas en ligne de compte, ni chez les prétendants à la présidence, ni chez leurs protecteurs français, militaires ou pas.

Migrants en Inde : monde qui se ferme, en Inde aussi


Surenchère nationaliste



Meeting du BJP dans l'Etat d'Assam en 2014

En Inde, dans l'Etat d'Assam limitrophe du Bangladesh, le parti nationaliste hindou BJP vient d'établir un registre qui prive 4 millions d'habitants de leurs droits à la citoyenneté indienne, au nom de la lutte contre l'immigration illégale. Cette mesure vise directement les musulmans réfugiés en Inde en 1971 à la suite de la guerre indo-pakistanaise qui vit la naissance du Bangladesh, et du même coup elle affecte leurs enfants et petits-enfants. Le BJP menace de tous les expulser.
Refusées d'avance par l'Etat du Bangladesh, ces familles risquent de subir des persécutions semblables à celles des Rohingyas de Birmanie.

Argenteuil, un centre aquatique insuffisant pour une ville de 105 000 habitants


La nécessité d’une nouvelle piscine

 
Avoir le Mont-Blanc est une chose, mais un bassin de 50 mètres à Argenteuil, c'est possible aussi !

Par ces temps estivaux très chauds, s’il est un endroit essentiel, c’est bien la piscine, pour les jeunes présents sur la Ville en particulier. Ils s’y retrouvent très nombreux. Argenteuil avec ses plus de 105 000 habitants ne dispose pourtant que d’un bassin de 25 mètres auquel il faut ajouter un bassin ludique et une pataugeoire. C’est notoirement insuffisant pour une ville de cette importance. D’autant plus que le centre aquatique Youri Gagarine n’ouvre en période estivale qu’à partir de midi.
         Cette situation n’est pas propre à Argenteuil mais ici elle y est particulièrement délicate.
         Il fut un temps où d’autres petits bassins pouvaient compléter sur la Ville l’offre aquatique. Et la piscine Gagarine n’a cessé de connaître de graves problèmes vu qu’elle est construite sur un sol fragile d’anciennes carrières. Des dizaines de millions d’euros y ont été engloutis ces dernières décennies.
         Ces sommes auraient été bien plus utiles pour construire un nouvel équipement dans un lieu plus central.
         L’espace libéré par le départ des établissements Safran-Sagem dans le quartier de l’hôpital le permettrait aisément aujourd’hui.

OUVERTURE SAISON ESTIVALE
Du samedi 30 juin 2018 au 2 septembre 2018 inclus
Lundi au vendredi > 12h-19h30*
Samedi >12h -18h30*
Dimanche > 12h -18h30*
Jours fériés > 12h-17h30*

Bonnes lectures (19) L’odeur de la forêt, Hélène Gestern, Arléa


L’odeur de la forêt



Ce roman centré sur la Première guerre mondiale court sur un siècle. Un hasard met dans les mains d’une historienne de la photographie un album et des lettres d’un combattant de la guerre. Celui-ci a entretenu jusqu’à sa mort une correspondance dense avec un grand poète de son temps.
Nous retrouvons dans ce roman l’horreur de la guerre qui pouvait frapper à tout instant. A celle-ci se trouve mêlée l’histoire personnelle douloureuse de la chercheuse. Et il y a l’histoire d’une amoureuse. Mais l’intrigue ne s’arrête pas là, puisqu’elle rencontre les évènements d’une autre guerre, la Seconde guerre mondiale.
Comme l’écrit son éditeur, « L’Odeur de la forêt est une traversée de la perte, à la recherche des histoires de disparus, avalés par la guerre, le temps, le silence. Mais il célèbre aussi la force inattendue de l’amour et de la mémoire, lorsqu’il s’agit d’éclairer le devenir de leurs traces : celles qui éclairent, mais aussi dévorent les vivants. »
         L’Odeur de la forêt est un roman très riche, utilisant différentes formes, et aux multiples facette. Par ailleurs, un vrai roman, avec une histoire, une intrigue, du suspens. 

L’odeur de la forêt, Hélène Gestern, Arléa, 706 pages, 27 euros

mardi 31 juillet 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière du lundi 30 juillet 2018 : "L'affaire Benalla, l'agitation politicienne et les intérêts des travailleurs"


L'affaire Benalla, l'agitation politicienne et les intérêts des travailleurs

 Le feuilleton de l’été, « l’affaire Benalla », continue, et il risque de durer. Pas parce que l’affaire est exceptionnelle – les coulisses du pouvoir présidentiel sont remplies d’histoires de ce genre d’hommes de main et de leurs dérapages – mais parce qu’elle permet à toute l’opposition parlementaire de se faire mousser pour dénoncer Macron sans avoir à dénoncer sa politique en faveur des plus riches.
Deux motions de censure ont été déposées contre le gouvernement, une de la droite et une autre commune au PS, au PCF et à la France Insoumise. Marine Le Pen a dit qu’elle voterait les deux. Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Quand il s’agit de protéger l’État et de faire respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je l’assume ». De l’extrême droite à la gauche en passant par la droite, tous se retrouvent à l’unisson. Mais plus ils jouent les indignés et plus tout cela sonne creux.
Macron a couvert Benalla quand celui-ci est allé casser du manifestant, gratuitement, simplement pour avoir sa dose d’adrénaline. Mais tout l’appareil d’État est rempli de Benallas. Qu’ils sortent des quartiers populaires ou de l’ENA, chacun dans sa spécialité est un serviteur de l’État, c’est-à-dire un serviteur de l’ordre capitaliste.
Macron le premier est un homme dévoué aux intérêts de la haute bourgeoisie, hier haut cadre d’une grande banque, comme aujourd’hui à l’Élysée. Et c’est la classe capitaliste qui lui dicte sa politique et lui demande d’être une machine de guerre contre les travailleurs et les classes populaires. C’est pour la servir qu’il a facilité les procédures de licenciement, allongé les durées légales du temps de travail, démoli le Code du travail, augmenté la CSG, baissé les APL... Et c’est pour la servir que, à la rentrée, il prévoit de s’attaquer aux retraites des travailleurs et d’accentuer la chasse aux chômeurs.
En réalité, c’est l’État dans son ensemble qui est au service du grand patronat et doit l’aider à avoir les coudées franches dans la lutte de classe. Avec son arrogance et sa politique en faveur des très riches, Macron est bien leur homme. Mais il n’est, au bout du compte, qu’un simple exécutant. Et il n’y a aucune illusion à avoir sur ce que ferait à sa place tel ou tel leader de l’opposition. Les travailleurs n’ont que faire d’un nouveau bonimenteur qui dira, comme Hollande à la veille de son élection, « mon ennemi c’est la finance » pour, une fois élu, s’agenouiller devant elle.
Le PDG du groupe automobile PSA a annoncé, pour les six premiers mois de 2018, une « rentabilité record », avec des bénéfices de 1,7 milliard d’euros, en hausse de 48 %. D’autres grands groupes ont annoncé des résultats équivalents, encore meilleurs que l’année passée. Toute cette richesse ne tombe pas du ciel. Au nom de la compétitivité des entreprises dans la guerre commerciale internationale, le grand patronat cherche en permanence à faire baisser les salaires, gagner des minutes de production ou pousser dehors des travailleurs afin de faire faire le même travail avec moins de bras.
Bernard Arnault, l’actionnaire principal du groupe de luxe LVMH, qui a vu sa richesse augmenter de 56 % en un an pour atteindre 73 milliards d’euros, a déclaré qu’il s’attendait à un effondrement économique « dans les années qui viennent, qui touchera tous les secteurs de l’économie ». En réalité, la crise économique dont il parle est déjà là, depuis des années. Mais elle s’aggrave et menace d’entraîner toute la société vers la catastrophe.
Le grand patronat ne sait pas comment mettre fin à la crise, mais il sait comment accroître ses profits immédiats en menant l’offensive contre les travailleurs.
Alors, loin de cette agitation parlementaire dérisoire, ce qu’il faut au monde du travail, c’est un programme qui mette en avant ses revendications vitales, ses revendications de classe : l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, un niveau de salaire et de pension qui permette à chacun de vivre dignement, et aussi le contrôle des comptes des entreprises capitalistes afin de savoir où est et où va l’argent produit par l’exploitation. 
Il faut un programme de lutte des exploités contre ce système capitaliste. C’est la seule perspective pour les travailleurs et pour la société dans son ensemble.

Route Centre Europe Atlantique : la « route de la mort »


Une urgence qui devrait être absolue

 
                                                                                                  Photo Le Point

Une nouvelle fois, un grave accident s'est produit jeudi 26 juillet sur la RCEA (Route Centre-Europe Atlantique), à la hauteur de Montbeugny (Allier), provoquant plusieurs blessés et l'arrêt de la circulation pendant plusieurs heures. Le précédent, à la mi-juin, avait provoqué deux blessés graves dans le secteur de Molinet (Allier).
Cette partie de la RCEA, qui traverse la Saône-et-Loire et l'Allier, est connue pour être particulièrement dangereuse et provoque jusqu'à quatre fois plus de tués que le reste du parcours qui va de la Suisse à l'Atlantique. Chaque jour, 15.000 véhicules y circulent, pour moitié des poids-lourds, sur un trajet qui ne comporte souvent que deux voies sans séparateur central.
Depuis plus de 40 ans, des travaux sont promis. En 2011 l'Etat a pris la décision de confier les travaux à une société privée pour qu'elle transforme cette portion de route meurtrière en autoroute à péage. Sept ans plus tard, les travaux n'ont toujours pas commencé.
La "route de la mort" continue à couter cher en vies humaines.