|
Mardi 13 février à Eaubonne |
Hôpital :
énième plan d’économies et de dégradations
Mardi 13 février, le Premier
ministre Édouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn étaient en
visite au centre hospitalier d’Eaubonne dans le Val d’Oise. Ils ont annoncé,
concernant le système de santé et l’hôpital, le lancement d’une réforme «
globale, cohérente, méthodique », ont affirmé que « le temps des
rafistolages est révolu » et promis d’apporter des solutions aux
problèmes des soignants et au déficit des hôpitaux.
Il y a un seul point concret dans
ce qui précède : les problèmes du personnel hospitalier, l’extrême difficulté
dans laquelle il doit se débattre pour essayer de remplir sa fonction et pour
que l’hôpital public continue à tourner.
Pas une semaine ne se passe sans
que des médecins, des soignants, voire des patients dénoncent la dégradation
des soins et des conditions de travail. En janvier, c’était une pétition signée
par un millier de médecins, aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, c’est le
mouvement #balancetonhosto qui exprime le malaise, la colère des professionnels
de santé contre ce qu’ils subissent.
Alors le gouvernement parle de
concertation, de réunions jusqu’au mois de mai afin de « recueillir l’avis
des acteurs de terrain. » Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre, car depuis des années, des « acteurs de terrain » donnent leur avis,
affirment qu’il faut embaucher !
Il est question, comme à chaque fois,
à chaque réforme, de mauvaise répartition, de nécessaires réorganisations et
d’indispensable chasse aux actes « inutiles » qui représenteraient, si on en
croit Agnès Buzyn, 30 % des dépenses de l’Assurance maladie. Ainsi, pour la
énième fois, on entrevoit la continuation, voire l’accélération de ces réformes
qui ont pour seul objectif d’exiger du personnel de faire plus avec moins.
Et puis, sans surprise, car
annoncée depuis longtemps par le gouvernement, la réforme du financement des
hôpitaux est remise sur la table. Et de cibler la tarification à l’activité, la
T2A, mise en place en 2004 et selon laquelle les soins sont facturés à
l’Assurance maladie sur la base d’un barème fixé pour chaque acte médical. En
conséquence, les hôpitaux ont tendance à privilégier les actes les plus
rentables financièrement afin de tenter d’équilibrer leur budget. Le
gouvernement propose donc de plafonner à 50 % la tarification à l’activité.
Pour le reste, il est question de repenser les modes de rémunération, de «
concevoir une réforme en profondeur de la tarification des soins », de
créer « une task-force dédiée à la réforme du financement du système ».
Ce sont autant de mots creux pour
couvrir le fait que tout va continuer comme avant, ou même en pire, avec pour
seule boussole, le maximum d’économies, et pour unique critère la rentabilité
financière.
Sophie GARGAN (Lutte ouvrière n°2585)