1917 : le déraillement de Saint-Michel-de-Maurienne
Il y a 100 ans, le 12 décembre 1917, un train
ramenait d’Italie un millier de soldats permissionnaires. Quelques semaines
auparavant, ils avaient été envoyés en renfort sur le front italien, après la
défaite de Caporetto, avant d’avoir une permission à l’approche des fêtes.
Or, dans les Alpes, entre Modane et
Saint-Michel-de-Maurienne, soit sur 17 km, la pente est de 33 ‰, et une
deuxième locomotive aurait été nécessaire pour freiner ce lourd convoi. En son
absence, ordre fut donné au mécanicien de prendre quand même le départ. Au bout
de quelques kilomètres, le train prit de la vitesse, et les freins ne suffirent
pas. Après avoir atteint peut-être 100 km/h, il dérailla.
425 cadavres furent extraits des décombres, et le
nombre exact des victimes, sans doute supérieur, ne put être déterminé.
L’accident fut classé secret militaire. L’année 1917 avait été marquée par des
mutineries et par des grèves. Le rejet de la guerre était général et
l’état-major et le pouvoir étaient habitués aux mensonges, bobards et autres
dissimulations. Le gouvernement imposa le silence dans la presse, qui ne
mentionna que brièvement un accident, sans aucune indication sur sa gravité ni
sur le nombre de victimes.
Cette catastrophe ferroviaire, la pire jamais survenue
en France, mettait en cause les sommets de l’armée, et leur mépris pour la vie
des soldats sous leurs ordres. Il fut donc interdit d’en parler.
Michel
BONDELET (Lutte ouvrière n°2583)