Contrôle
de l’État : sans moyens, ni volonté
Bruno Le Maire, ministre de
l’Économie, a convoqué les patrons de la grande distribution, puis celui de
Lactalis, avant d’annoncer que tous les lots de lait infantile produits dans
l’usine de Craon, sans distinction de date, seront finalement retirés.
Cela devrait être fait depuis le
12 janvier, mais cette fermeté de façade ne masque pas le manque de contrôle de
l’État. Le préfet de la Mayenne a expliqué que les contrôles sanitaires de
routine exercés par le département, comme celui qui a eu lieu en septembre, ne
pouvaient pas révéler la contamination, car on n’y procède « ni à des
prélèvements ni à des analyses ». Les syndicats de la DGCCRF (Direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes)
ont dénoncé les suppressions de personnel qui réduisent les possibilités de
contrôle.
C’est ainsi le manque de volonté
politique du gouvernement, toujours attentif à ne pas mécontenter les patrons,
qui explique qu’il ne cherche pas vraiment à les empêcher de nuire et de
réaliser leurs profits au détriment de la santé des consommateurs, fussent-ils
des bébés.
Quant aux salariés de l’usine de
Craon en chômage technique, Bruno Le Maire a affirmé qu’ils seront indemnisés à
100 % par Lactalis de leur perte de rémunération. Il n’a pas précisé si, selon
les règles du chômage technique, le patron sera à son tour indemnisé par
l’État.
Un ancien salarié a témoigné des
conditions d’hygiène déplorables dans l’usine : des brosses qui servent à
nettoyer les tuyaux déposés au sol dans la poussière. Selon lui, de la limaille
a déjà été retrouvée dans des boîtes de lait. Il avait à plusieurs reprises
signalé ces dysfonctionnements à ses supérieurs, en vain.
Pour protéger leurs profits,
patrons et actionnaires ont souvent intérêt à cacher les problèmes sanitaires,
comme le montrent les scandales à répétition. Ce n’est pas le cas des
travailleurs, et ce sont eux qui pourraient exercer un véritable contrôle sur
la production dont ils connaissent tous les détails. Un droit qu’il faudra
imposer, pour pouvoir dénoncer les abus sans risquer d’être sanctionné.
Hélène COMTE (Lutte ouvrière
n°2581)