L’association qui gère l’école
des malentendants Danielle Casanova vient de décider l’embauche pure et simple
des cinq salariés jusqu’alors en « contrat emploi-aidé » qui
permettent un certain nombre d’activités éducatives. Ces travailleurs risquaient le départ et le
chômage dans le cadre de la politique gouvernementale (voir l’article de notre hebdomadaire ci-dessous).
C’est
une très bonne chose qui n’est finalement que très normale. Tous les
travailleurs embauchés, partout, devraient l’être sous un seul contrat,
l’embauche définitive pour ceux qui le souhaitent.
Bien
évidemment, ce que cette association de parents d’élèves sourds peut faire,
bien d’autres associations n’ont pas les moyens ni de l’envisager ni de le
faire.
La
seule politique qui s’impose en la matière, c’est d’abord le maintien en poste
de tous les travailleurs en « contrats aidés », et leur
transformation en emploi pérenne, avec les fonds de l’Etat, des postes de tous
qui le souhaitent.
Emplois aidés
: 150 000 licenciés
Dans de nombreux endroits, des
responsables d’associations, des élus, des enseignants manifestent contre la
suppression des emplois aidés. Des maires de communes populaires, réunis le 16
octobre à Grigny dans l’Essonne, ont dénoncé aussi la baisse des subventions de
la politique de la ville.
Ces salariés occupent des emplois
utiles. Ils ont souvent permis aux collectivités locales de pallier les
suppressions de postes entraînées par les restrictions budgétaires imposées par
tous les gouvernements depuis des années. Dans les écoles, ils notent les
absents, surveillent, discutent avec les élèves, assurent des tâches
administratives. Dans les communes, ils nettoient les rues, entretiennent les
espaces verts. Ils sont les piliers de nombreuses associations de quartier,
dont certaines envisagent ainsi purement et simplement de mettre la clé sous la
porte si le gouvernement ne revient pas sur cette décision. Alors ces salariés,
soutenus par les élus des banlieues populaires, s’organisent et manifestent.
Ainsi cinq cents élus,
principalement des maires de petites communes, ont manifesté samedi 14 octobre
à Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord, pour exiger que l’on revienne sur la
suppression des contrats aidés.
À Saint-Denis, toutes les
associations ont fermé mercredi 4 octobre et plus de 150 personnes ont
manifesté. Lors de ce rassemblement, le responsable de l’Asafi (Association
solidarité amitié Français-immigrés) qui fait de l’aide aux devoirs et de
l’alphabétisation a constaté : « On nous supprime les contrats aidés et en
parallèle on nous demande d’accueillir des réfugiés au titre des contrats
d’insertion républicaine. » Cette association risque de réduire ses
activités de moitié. Une autre association, Les femmes du Franc-Moisin, œuvre
pour l’insertion des femmes de cette cité de Saint-Denis, en les aidant à
passer le permis, en donnant des cours de théâtre, en permettant à de
nombreuses femmes immigrées de sortir de leur isolement. Cette association
risque aujourd’hui de fermer.
Le gouvernement a le culot de
dire que ces emplois aidés coûtent cher à la collectivité et ne permettent pas
un véritable retour à l’emploi. Mais en attendant, il renvoie purement et
simplement 150 000 personnes au chômage. Il faudrait au contraire pérenniser
ces emplois, avec un vrai salaire permettant de vivre.
Aline
URBAIN (Lutte ouvrière n°2588)