Retours de bâton contre les soutiens du patronat dans les usines
(suite)
« …aux chantiers navals
Nevski, in fit une liste de trente-cinq contremaîtres et de leurs adjoins qui
avaient abusé de leur autorité. Le comité d’usine, à dominante menchevique,
interdit leur expulsion tant que leurs cas n’auraient pas été examinés par la
Chambre de conciliation. Sauf à la chaufferie, les ouvriers acceptèrent la
décision du comité d’usine. Le 30 mars, le comité permit à ceux qui étaient
menacés de licenciement de revenir à l’usine en attendant le jugement. Un autre
cas soumis à la Chambre de conciliation concernait le directeur du département
métallurgique qui avait été embauché comme contremaître en 1908. Il avait
déclaré publiquement qu’il « était là pour éliminer les restes de sédition
de 1905 », puis collecté des informations sur les opinions politiques des
ouvriers, créé un réseau de mouchards et forcé à faire des heures
supplémentaires non payées. La Chambre de conciliation estima que l’on ne
pouvait retenir de charge contre lui, mais il y avait une telle haine des
ouvriers envers lui qu’elle fut impuissante à le faire réintégrer.
L’incapacité
de la Chambre de conciliation de
s’opposer aux expulsions par des moyens légaux était un phénomène généralisé. A
l’usine de lainages Kersten, le comité de conciliation recommanda la
réintégration de tous les cadres expulsés par les ouvriers sauf un. Ainsi le 16
mars, le comité déclara :
« Nous
sommes convaincus que V.V. Jpoutchaïevvitch a un caractère irascible et nerveux
qui l’empêche de se comporter normalement selon les règles de la morale.
Cependant, nous considérons que les accusations portées contre lui de cruauté
méprisante, d’humiliation des ouvriers et, notamment, de favoritisme dans la
distribution des promotions dont ne profiteraient que ses amis, sont sans
fondement. »
La
Chambre estima pour un autre ouvrier que « les accusations portées contre
lui de honteux mauvais traitements des ouvrières, ne reposant pas sur des
témoignages de victimes, ne sont pas prouvées ». Mais, dans aucun de ces
cas, le comité ne put surmonter l’opposition des ouvriers à la réintégration
des personnels concernés… »