L’effondrement
du PS : tombé au champ d’honneur patronal
Le Parti socialiste a subi aux
élections législatives la même défaite retentissante qu’à l’élection
présidentielle. Il ne conservera peut-être que vingt à trente députés, sur les
presque trois cents sortants.
En 2012, au lendemain de
l’élection de François Hollande, le PS avait pourtant la main sur tous les
postes électifs, la présidence de la République, la majorité dans les deux
Chambres, la présidence de toutes les régions sauf une et de la plupart des
départements, les mairies de nombreuses villes, grandes et petites. Ses
victoires électorales devaient certes beaucoup au rejet que Sarkozy et dix ans
de gouvernements de droite avaient suscité dans les couches populaires.
Hollande et ses ministres se sont
mis tout de suite à la tâche… en faveur du grand patronat. Sur le plan
économique, les cadeaux aux plus riches se sont multipliés, pendant que les
plans de licenciements s’ajoutaient sans que jamais le gouvernement s’y oppose.
La politique étrangère de Hollande s’est caractérisée par une série
d’interventions militaires, le resserrement des relations avec toutes les
dictatures de la planète, pourvu qu’elles achètent des armes aux marchands de
canons français. La politique intérieure a été marquée par une série de mesures
et de déclarations contre les migrants, les Roms, les travailleurs étrangers.
Puis, après les attentats, par la course au sécuritaire, les flatteries en
direction de la police et de l’opinion d’extrême droite, la désignation des
musulmans comme boucs émissaires.
Hollande, Ayrault puis Valls ont
mené une politique antiouvrière que la droite n’aurait sans doute pas osé
entreprendre à ce point.
Le résultat a été que le PS, ses
alliés écologistes et tous les politiciens peu ou prou assimilés à la gauche
ont perdu les élections et leurs positions, les unes après les autres. Chaque
fois, les électeurs restants comme ceux qui partaient vers l’abstention, voire
vers le FN, ont pu constater que cela ne faisait pas changer le gouvernement
PS. Il y a bien eu quelques voix discordantes et impuissantes, mais il
continuait imperturbablement à servir des milliards au grand patronat, des
licenciements aux ouvriers et des CRS aux manifestants. Cette politique a fini
en apothéose avec la loi El Khomri, rejetée par le monde du travail et
applaudie par le grand patronat, combattue par les grèves et les manifestations
et finalement imposée par un gouvernement déconsidéré et désormais vomi par les
couches populaires.
Une seule chose a changé, du
moins on le soupçonne, dans la politique du PS : au plus haut niveau, certains
ont alors commencé à préparer l’opération Macron, solution de rechange pour
leurs carrières personnelles mais surtout pour la stabilité politique du pays
et la marche tranquille des affaires patronales.
Hamon, le candidat officiel du
PS, qui a essayé de lui redonner une vague couleur de gauche, a récolté 6,35 %
des voix à l’élection présidentielle. Le PS a fait moins de 10 % aux élections
législatives. Il est déconsidéré, ruiné, exsangue.
L’appareil, qui vivait de son
appartenance à un parti de gouvernement, se retrouve donc en partie au chômage.
Les plus malins sont déjà chez Macron, les plus titrés se recaseront dans les
grandes entreprises. D’autres mènent la tentative, qui apparaît aujourd’hui
désespérée, de redonner un peu de crédit à une « vraie gauche » qui serait en
état de proposer un « vrai changement » à la prochaine échéance, quand Macron
se sera à son tour déconsidéré.
L’effondrement électoral du PS
démontre, s’il en était besoin, dans quelle impasse ces gestionnaires loyaux du
capitalisme mènent les travailleurs. Le sort de ceux, au PS ou chez ses alliés,
qui ont fait métier de propager cette illusion n’a d’importance que pour
eux-mêmes et leurs coteries respectives. En revanche, il est vital qu’une
fraction au moins des travailleurs tire de cet épisode d’autres conclusions que
le rejet de l’action collective ou l’attirance pour un nouvel illusionniste, un
Macron, un Mélenchon voire une Le Pen. Face à cette fausse alternative, les
travailleurs ont besoin d’une politique révolutionnaire, d’une politique de
lutte de classe et d’un parti réellement communiste pour la conduire.
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2550)