La
campagne du PCF : navigation sans boussole
Samedi 14 janvier, la direction
du PCF, qui soutient Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, a investi 253
candidats pour les élections législatives de mai prochain. Pierre Laurent, le
secrétaire national, a expliqué que les campagnes présidentielle et
législatives ne faisaient qu’une.
La direction du PCF sous-entend,
ou plutôt espère, que les forces alignées derrière Mélenchon se retrouveront
derrière les candidats estampillés PCF aux législatives. Et d’affirmer qu’un
groupe de députés de son parti est indispensable pour défendre les classes
populaires.
Mélenchon de son côté a accepté
le ralliement du PCF, le soutien militant qu’il représente, sa capacité à
rassembler les signatures d’élus nécessaires à la candidature présidentielle.
Mais, dès qu’il a été certain d’avoir les signatures en question, il l’a
annoncé publiquement, privant le PCF d’un moyen de pression. Et le politicien
sans scrupule, élève de Mitterrand, a aussitôt sorti sa liste de candidats aux
législatives sans tenir aucun compte de ce que les élus ou candidats PC
souhaitaient, sans parler des militants et encore moins des électeurs. C’est
désormais lui qui a un moyen de chantage sur la direction du PCF, menaçant par
sa concurrence de le priver de ses élus, ainsi que du poids social et du
financement qu’ils représentent.
Les deux parties ont encore
quelques mois et une élection présidentielle pour trouver un terrain d’entente.
Cela dépendra en partie du candidat qui sortira de la primaire du PS et de ce
qu’il proposera ou pas à la direction du PC. Hamon et Peillon ne font-ils pas
campagne sur le rassemblement de toute la gauche ? Montebourg n’a-t-il pas
espéré un moment bénéficier de l’appui du PCF ? L’Humanité a, pour
répondre au mépris affiché de Mélenchon, publié un article très flatteur sur
Benoît Hamon, montrant que toutes les portes ne sont pas fermées de ce côté-là.
Quoi qu’il en soit, la direction
du PCF continuera d’affirmer, comme dans l’éditorial de l’Humanité du 16
janvier, que « sa seule boussole est l’intérêt des plus faibles, (…) de ceux
qui subissent toutes les formes d’exploitation au travail ». Mais qui peut
la croire devant de telles contorsions pour séduire d’anciens ministres
socialistes ?
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2529)