vendredi 9 décembre 2016

Valls : cogneur hier contre les travailleurs vient de changer de chemise. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine



Il est d’autant plus nécessaire d’évoquer localement le ci-devant Valls que son porte-parole semi officiel n’est autre que le député d’Argenteuil-Bezons, vis-à-vis duquel on pourrait dire la même chose que de son mentor. La seule différence étant que l’un a fait les choses en mode majeur quand le second n’a été que l’écho du premier.

Approche des primaires : Valls se souvient qu’il est de gauche

Lundi 5 décembre Valls a annoncé, ou plutôt confirmé, qu’il était candidat à la primaire du PS et à la présidence de la République. Il a tenu un discours de campagne dans lequel il se présente à la fois comme un homme ayant le profil du poste et comme celui qui, capable de rassembler la gauche, sera le seul à même de défendre les classes populaires des attaques de Fillon et Le Pen.
Pour ce qui concerne l’aptitude à être président, c’est-à-dire chargé d’affaires des grandes fortunes du pays, son passé parle en effet pour lui. Politicien, ministre puis Premier ministre, Valls n’a jamais fait défaut au grand capital.
En campagne, Valls a commencé à parler des travailleurs, de la défense de leurs droits et de leur dignité. Il le fait en visant ces millions d’électeurs qui sont à juste titre révulsés par Le Pen et qui rejettent le programme de Fillon, longue liste d’attaques antiouvrières. Le programme de la droite contre les retraites, contre les assurances sociales, pour l’augmentation du temps de travail, pour la baisse du salaire, est tel que, malgré le souvenir des attaques menées par Valls, ce dernier tentera de se poser en protecteur des petites gens, rejouant la comédie droite contre gauche.
Ce changement complet de rôle, d’un Valls envoyant les CRS sur les manifestations ouvrières en un Valls prétendant défendre les droits des travailleurs, montre combien les élections sont un théâtre où les rôles sont écrits depuis longtemps et où seuls changent les acteurs. La droite et la gauche ont permuté au gouvernement, appliquant toujours la même politique propatronale. Qu’importe, Fillon reprend le personnage du Bourreau de Béthune, Valls celui de l’Ange blanc, et le match peut se rejouer, tout au plus l’un des deux risque-t-il d’être remplacé au pied levé par l’Étrangleuse de Saint-Cloud.
Peu de travailleurs voteront pour Valls en croyant à ce qu’il dit. Quelques-uns voteront pour ce qu’ils ont cru entendre, d’autres voteront pour lui contre Fillon et Le Pen, mais tous ceux-là voteront en pensant que ce vote peut influer sur leur sort. Valls ne peut en effet passer pour un rempart qu’auprès de ceux qui croient à la force des bulletins de vote.
Cette illusion-là, propagée par tous les politiciens, de Mélenchon à Le Pen, inculquée aux travailleurs des générations durant par le PS puis par le PCF, conduit logiquement à voter pour ce qui leur semble le « moins pire » : pour Valls demain, et peut-être pour Fillon après-demain. Les travailleurs ne pourront s’en défaire qu’en reprenant confiance dans leurs propres forces et dans les moyens de la lutte de classe.
                                        
                                        Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2523)

La Poste, XPO logistics, Mory-Ducros, mairie de Saint-Denis : nouvelles du monde du travail



Ça ne passe pas comme une lettre à la poste

Les travailleurs de La Poste étaient appelés à la grève aujourd'hui par les syndicats CGT, SUD et Unsa pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. En dix ans, La Poste a supprimé 60 000 emplois, généralisé la précarité avec 15 000 salariés en CDD et multiplié les restructurations. Dans le même temps, elle vient d'annoncer un bénéfice de 635 millions d'euros.
         Il y a un mois, les personnels hospitaliers avaient été appelés à une journée de grève et de manifestations pour les mêmes raisons. Dans tous les secteurs, dans le privé, le public ou le semi-public comme La Poste, ce sont les mêmes recettes qu'utilisent les patrons pour augmenter la productivité.
         Pour les faire reculer, il faut préparer une contre-offensive d'ensemble du monde du travail.

Face aux profits qui « habitent » les bourgeois, la grève est bien l’arme des travailleurs

L’entreprise XPO logistics est une entreprise chargée de l’approvisionnement des magasins de l’enseigne de meubles Habitat. Elle est installée dans la zone industrielle de Saint-Ouen l’Aumône dans le Val d’Oise. Ses dirigeants veulent la délocalisé à 25 km de là, dans l’Oise, à Amblainville. Tout devait se passer « en douceur » avec un certain nombre de compensations. Les chauffeurs n’ayant pas été consulté dans les formes, et ayant mené l’affaire devant la justice, la direction a remis en cause, à la baisse bien évidemment, ce qui avait été convenu : 20 minutes seulement pour manger, prime de déménagement amputée de moitié (1750 euros au lieu de 3500 euros), suppression des jours de RTT supplémentaires qui avaient été accordés.
         A cette provocation de la direction, les travailleurs ont répondu par le seul moyen pour lui faire entendre raison : la grève !


Mory Ducros - Lyon
Les licenciements étaient abusifs

150 travailleurs licenciés de Mory-Ducros viennent de gagner aux prud’hommes de Lyon contre leur ex-employeur. Fin 2013 l’actionnaire principal Arcole Industries avait mis l’entreprise en faillite avant de la reprendre, en 2014, avec l’accord de Montebourg pour le gouvernement, jusqu’à une nouvelle faillite et une fermeture définitive en 2015.
     5000 salariés ont été licenciés au total, dont 2800 en 2014 avec la moitié des plates-formes fermées, dont celle de Vénissieux et la moitié des travailleurs de celle de Saint-Priest licenciés. Ils ne s’étaient pas laissés licencier sans réagir et avaient fait plus d’une semaine de grève, occupant le site jour et nuit. Ce sont eux qui viennent de gagner aux prud’hommes, pour "licenciements abusifs", des sommes allant de 20 000 à 80 000 €, suivant leur situation.
     Cependant le liquidateur peut encore faire appel et, si les ex-Mory-Ducros finissent par toucher ces sommes, ce sont les AGS (régime de garantie des salaires) qui paieront, c’est-à-dire la collectivité. Et pourtant, Arcole Industries se porte bien et peut continuer tranquillement à faire ses affaires lucratives.

 Piquet de grève en 2014 à Vénissieux
 




         Voilà ce que nous écrivions en octobre 2014. D’autres articles sont consacrés sur ce blog aux travailleurs de cette entreprise. Il suffit de les rechercher en tapant dans recherche « Mory Ducros ».


Mory Ducros, Caravelle, Arcole industrie : une victoire morale des ex-salariés

Il y a un an, 2800 salariés sur les 5000 que comptait l’entreprise Mory Ducros ont été licenciés, dont un certain nombre dans le Val d’Oise. Les 800 employés qui ont contesté, avec leurs syndicats, ce plan de licenciement viennent d’obtenir gain de cause en appel. Le tribunal administratif a annulé le plan car les licenciements étaient, a-t-il jugé, sans cause « réelle et sérieuse ».
         Arcole Industrie, qui contrôlait l’entreprise, avait orchestré la mise en faillite de Mory Ducros pour se débarrasser de plus de la moitié des salariés… avant de la reprendre par l’intermédiaire d’une filiale, le fond d’investissement Caravelle.
         Mais cette Justice a ses limites : elle ne va pas jusqu’à contraindre Caravelle à réembaucher tous ceux qui le souhaitent. Ce serait cela la justice...



Saint-Denis : la municipalité s’en prend aux communaux
                                                                 
À l’image de nombreuses mairies qui ont vu les dotations de l’État baisser, la mairie de Saint-Denis à majorité PCF s’est d’abord attaquée aux habitants en augmentant la taxe d’habitation – certes l’une des plus basses de l’Île-de-France. Et, pour faire de nouvelles économies, elle s’attaque aux travailleurs de la commune.
La municipalité applique à sa façon dans le public les préconisations de la loi El Khomri, en allongeant la durée du travail. Ainsi, la municipalité s’apprête à retirer trois jours de congés annuels aux salariés, six jours de RTT et deux jours de repos compensateurs. À cela s’ajoutent des attaques contre les futurs retraités, puisque la retraite serait repoussée d’un mois et que les avantages liés aux médaillés du travail seraient rognés.
Face à ces attaques, les salariés se sont mobilisés. Didier Paillard, l’ancien maire de Saint-Denis, ayant cédé sa place à Laurent Russier le 3 décembre, les territoriaux de la ville sont venus faire savoir au nouveau maire qu’ils ne se laisseraient pas faire. Soutenus par l’ensemble des syndicats, ils appelaient à la grève dès mercredi 7 décembre.
                                                               Lutte ouvrière n°2523, le 7 déc. 2016