Faire
entendre le camp des travailleurs sur le terrain des luttes
Se disant satisfait de son début
de quinquennat, Hollande se prépare pour une nouvelle campagne présidentielle.
Du coup il essaye de nous vendre son bilan.
Pour les
travailleurs, ce bilan est accablant. Ses trois ans de présidence ont été trois
années de hausse continue du chômage et de recul de la condition ouvrière. Et
qu’il y ait eu 0,6 % de croissance au premier trimestre au lieu des
0,4 % attendus n’y change rien.
Que
signifie, en effet cette prétendue « reprise » dont se flatte le
gouvernement, pour les salariés d’Intermarché, de Renault Trucks ou d’Areva
menacés de licenciement ? Ou encore pour les ouvriers de la fonderie
Sambre-et-Meuse, pour les chauffeurs routiers de Mory Global dont l’entreprise
vient d’être liquidée ?
Et où
est-il ce bout du tunnel que les ministres nous annoncent périodiquement, pour
les familles ouvrières qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, ou pour
celui qui pointe à Pôle emploi entouré de milliers d’autres et qui se retrouve
face à des conseillers débordés par la situation ?
Cela
n’empêche pas le gouvernement de rabâcher que sa politique porte ses fruits.
Pour le grand patronat, c’est certain, et bien visible. Dassault, marchand de
canons et figure de la droite réactionnaire l’a lui-même reconnu. Il faut dire
qu’avec plus de 60 Rafale vendus à l’étranger pour Hollande contre zéro pour
Sarkozy, il n’y a pas photo. Si la cote d’amour de Hollande était indexée sur
le nombre de Rafale vendus, il n’aurait pas de problème pour être réélu en
2017.
Mais une
poignée de parasites richissimes ne fait pas un pays ! L’écrasante
majorité de la population est composée de travailleurs et de leur famille,
qu’ils soient au travail, au chômage ou à la retraite. Et si l’amélioration,
toute relative d’ailleurs, des chiffres de l’économie mesure quelque chose,
c’est la croissance de l’exploitation, une croissance dopée par la politique du
gouvernement socialiste.
Presque
chaque jour en effet, le grand patronat a eu droit à une avalanche de
cadeaux : sur les retraites, sur la flexibilité, les mesures concernant le
crédit d’impôt compétitivité emploi, le pacte de responsabilité, le travail du
dimanche, l’affaiblissement des pouvoirs des Prud’hommes ou le recul des droits
syndicaux annoncé avec la loi Rebsamen. En trois ans, Hollande a fait plus pour
démanteler les droits des travailleurs et pour diminuer le « coût »
du travail que Sarkozy n’en a fait en cinq ans !
Et pas
gêné, Hollande envisage de remettre ça en 2017, afin, disent ses partisans, de
faire barrage à la droite et à l’extrême droite. Comme si le monde du travail
n’avait pas compris que la politique de droite, il en subissait déjà lourdement
les effets, avec ce gouvernement socialiste !
De
Hollande à Le Pen, en passant par Sarkozy et Valls, ils sont tous dans leurs
starting-blocks pour briguer le fauteuil présidentiel. À deux ans de
l’échéance, on est bien en mal de pronostiquer le résultat de cette course.
Mais on peut déjà dire que si le monde du travail se laissait séduire, cette
fois encore, à miser dans cette loterie électorale, il en sortirait à coup sûr
perdant.
Sauf à se
faire entendre sur un tout autre terrain, le terrain de classe, le terrain des
luttes, là où les travailleurs, collectivement, sont une force, face à leurs
exploiteurs et aux politiciens de tous bords à leur dévotion.