Le clientélisme aux dépens des intérêts collectifs
On comprend mieux, avec la
diffusion dans Envoyé spécial sur France 2 ce jeudi d’un reportage sur les
pratiques clientélistes à Argenteuil en direction de l’électorat des croyants,
la mise en scène, deux jours plus tôt, du maire d’Argenteuil sur le sujet, lors
du conseil municipal, exigeant de son prédécesseur qu’il confirme sur le champ
un accord opéré entre celui-ci et les responsables d’une des deux mosquées de
la Ville aux dépens des finances communales.
Ce
clientéliste vis-à-vis des croyants n’est qu’un aspect du clientélisme tout
court. Celui-ci est multiforme.
Il y a le
gagne-petit du clientélisme, celui qui fait s’engager un certain nombre de
personnes à participer à la campagne électorale d’un poulain politicien dans l’espoir
de tirer un logement ou un emploi municipal. Sur ce plan, la dernière campagne
des élections municipales d’Argenteuil de mars 2014 fut éloquente.
Ensuite,
il y a le clientélisme à l’encontre des associations à qui l’on promet monts et
merveilles. Il y a par exemple, celui en direction de l’électorat des croyants
et de leurs structures. C’était le sujet du reportage d’Envoyé spécial, où il
était question des « fleurs » faites au bénéfice d’une mosquée locale.
On est là
à des années-lumière de tout engagement politique. Bien au contraire, ces
agissements participent au dégoût à son encontre.
Nous
rapportons ci—dessous un certain nombre de nos interventions et de nos votes de
refus alors que nous étions conseillers municipaux, concernant les
« risettes » récurrentes, sonnantes et trébuchantes, faites alors par
la municipalité pour plaire aux communautés religieuses locales. Si le
reportage de jeudi portait sur la communauté musulmane, le texte de ces
interventions démontre que la communauté catholique n’était absolument jamais
oubliée.
Pendant
cinq jours encore, en « replay », il est possible de voir sur le site
de France 2 ce reportage de qualité. Il faut profiter de cette leçon de chose.
Dominique
MARIETTE, ancien conseiller Lutte Ouvrière d’Argenteuil.
Quelques interventions de Lutte Ouvrière sur le sujet lors de
conseils municipaux passés
15.10.12
Nous sommes intervenus sur le
point 1 de l'ordre du jour concernant "objectifs d'aménagement du secteur
Utrillo-Nord dont la friche Balzac" où il est question "de définir
les modalités d'un partenariat avec les représentants de l'enseignement privé
catholique sous contrat d'association afin de permettre la réalisation d'un
lycée, et consécutivement de doubler les effectifs du collège Sainte
Geneviève". Rien de moins !
« Le rapport présenté par
monsieur le Maire mis en délibération ce soir regroupe des projets que nous
approuvons et un autre sur lequel nous sommes en total désaccord. Il s’agit
d’engager des études pour la construction d’équipements publics, mais aussi de
« définir les modalités d’un partenariat avec les représentants de
l’enseignement privé catholique sous contrat d’association afin de permettre la
réalisation d’un lycée, et consécutivement de doubler les effectifs du collège
Sainte-Geneviève ».
Nous voterions des deux mains la
réalisation d’équipements publics sur un terrain à l’abandon depuis des années.
La tour amiantée démolie a suffisamment coûté à la collectivité. Les
équipements publics dont la réalisation est projetée apparaissent dans
l’intérêt de tous.
Mais ces projets légitimes sont
associés à un partenariat en vue de la construction d’un lycée privé
catholique. Et là, nous ne sommes absolument pas d’accord.
Nous récusons ce partenariat, et
la vente de terrains propriété communale à la fin de favoriser le développement
de l’enseignement privé. Par un biais ou par un autre, il s’agit de
subventionner l’enseignement privé, et pour nous, il n’est pas question
d’accepter que des fonds publics servent une fois de plus le privé.
L’argent public doit aller aux
services publics et pas à des établissements d’enseignement confessionnel
–cela, quelle que soit la confession- qui sélectionne les enfants en faisant
payer leurs services alors que l’Education nationale est tenue, elle,
d’accueillir tous les jeunes, sans exception, sans exclusive, quel que soit
leur milieu social. A l’heure actuelle et je suis bien placé pour le savoir,
l’enseignement public manque désespérément de moyens : en personnel
enseignant, en personnel médical, de surveillance des jeunes, etc. Il manque
également de moyens matériels. Et on voudrait que nous acceptions de favoriser,
peu ou prou, et de financer, ne serait-ce qu’indirectement, des établissements
privés ?
L’installation d’un lycée privé
catholique à Argenteuil ne pourrait qu’accentuer la concentration des problèmes
scolaires du côté de l’école publique, et la sélection par l’argent –même si
les sommes demandées ne sont pas astronomiques- des élèves dont les parents
peuvent payer. Au lieu d’élever le niveau de l’ensemble des jeunes et de
l’ensemble de l’enseignement, c’est à une ségrégation renforcée des élèves que
l’on assisterait. Encore une fois, l’accumulation des problèmes à l’école
publique, je la vis depuis des décennies, et plus précisément depuis douze ans
dans un établissement en difficulté du secondaire de la commune. Et je suis
bien placé pour savoir que ce n’est ni la qualité des enseignants ou du
personnel ni les élèves qui en sont responsables. Ce qui est en cause, c’est le
manque de moyens adaptés à la situation des jeunes, de leurs familles, pour
remplir au mieux notre tâche d’éducateurs.
Depuis la loi Falloux, des lois
successives ont favorisé les établissements privés et depuis la loi Debré de
1959, les enseignants du privé sont rémunérés par l’Etat. C’est déjà
scandaleux. Il n’y a aucune raison pour qu’une municipalité qui se dit
socialiste comme la nôtre aille plus avant en ce sens en facilitant
l’implantation d’écoles confessionnelles.
Pendant longtemps, le mouvement
socialiste a milité pour la défense de l’école publique et contre toutes les
mesures aggravant les difficultés de l’enseignement public. Pour nous, cela
reste toujours un combat d’actualité. L’école financée avec les deniers
publics, c’est l’école publique, obligatoire et ouverte à tous. Si l’église
catholique souhaite ouvrir une école, elle en a les moyens, qu’elle s’adresse à
ses adeptes pour la réaliser et la financer de bout en bout. Il n’y a aucune
raison, en revanche, que la collectivité favorise ses projets, de près ou de
loin.
En conséquence, je conclurai pour
demander que le projet de réalisation du lycée catholique soit dissocié des
autres points présentés. Car si nous sommes pour refuser ce projet
de lycée privé, nous sommes en revanche favorables aux autres objectifs
énumérés dans ce rapport. »
8 avril 2013
Point 7. Modification de
l’appellation du Conseil des Cultes dans la perspective de l’intégration d’organisations
laïques
« Monsieur le Maire, vous
revenez vers nous pour modifier les dénominations du « conseil des
cultes » et de la « journée de la spiritualité » dont, pour
notre part, nous avions rejeté la mise en place lors du Conseil municipal de décembre
dernier. Il s’agirait de les remplacer respectivement par un « Conseil du
vivre ensemble » et une « Journée porte-ouverte du Vivre
ensemble ». La raison en serait que des organisations dites
« laïques » auraient décidé de rejoindre ce conseil. S’il s’agit
d’organisations de la franc-maçonnerie, qui par bien des côtés, ont copié les
Eglises des religions dites « révélées », cela ne ferait qu’ajouter
d’autres Eglises aux précédentes.
Ce
samedi, j’ai récupéré le fascicule « Journées du vivre ensemble » qui
figurait par ailleurs sur le site internet de la ville. Avant que nous la
votions, il semble que la création de cette journée soit déjà actée. Et que
voyons-nous, dans ce fascicule ? Sept pages d’indications sur l’essentiel
des différents cultes argenteuillais, photos et horaires à l’appui ? Nulle
trace même des associations laïques que vous dîtes avoir sollicité. Bref, ça ne
porte plus l’étiquette d’un « conseil des cultes », mais c’est bien
d’un « conseil des cultes » maintenu qu’il s’agit.
Comme
nous l’avons fait lors du premier passage de la délibération sur le sujet, nous
voterons à nouveau contre cette délibération.
Aux
cultes de faire ce qu’ils ont à faire. Mais ce n’est pas le rôle d’une
municipalité de les y aider.
Il y a des
militants communistes, matérialistes et athées qui maintiennent la tradition du
mouvement révolutionnaire et ouvrier d’éveil des consciences contre tous les
« opiums du peuple ».
En
tout cas, loin de ces initiatives qui, de plus, ont l’hypocrisie de cacher leur
caractère religieux, ces militants, dans leurs entreprises et leurs quartiers
savent construire le « vivre ensemble » avec les autres membres du
monde du travail, qu’ils soient croyants ou pas, mais en n’ayant pas peur
d’affirmer leurs convictions matérialistes, laïques si vous voulez. »
Le point n'étant pas dissocié, nous avons voté contre, les deux seuls votes
contre, le groupe PCF n'ayant pas pris part au vote, une élue "verte"
s'étant abstenue.
25.06.13.
15 – Délibération cadre sur les
rapports entre l’enseignement catholique privé sous contrat et la ville
d’Argenteuil
« Conseil municipal après
conseil municipal, les délibérations favorables à l’enseignement privé
catholique se multiplient. Nous avions déjà voté contre l’aide communale donnée
au collège catholique Sainte-Geneviève pour doubler ses effectifs. Nous y
restons toujours opposés, et pour les mêmes raisons : l’argent public doit
aller à l’école publique, tenue d’accepter gratuitement tous les enfants, et il
n’est pour nous pas question d’accepter que par un biais ou un autre les fonds
publics subventionnent l’enseignement privé, confessionnel ou autre. Nous
voterons contre cette délibération. »
10 décembre 2013
Point 14. « Cession
de terrains à l’établissement Sainte Geneviève pour l’agrandissement du
collège et la réalisation d’un lycée sous contrat d’association » :
« La modification du montage
de cette cession de terrains que l’on nous avait présentée au printemps dernier
mériterait des éclaircissements, mais ce n’est pas sur ce point que je voudrais
intervenir.
La
construction de ce lycée privé à Argenteuil aura des conséquences néfastes pour
les autres établissements. La situation sur ce plan est déjà profondément
inégalitaire. Pour en témoigner, l’exemple du lycée Georges Braque suffit. Les
élèves et les personnels subissent la dégradation de ce lycée, qui est laissé à
l’abandon par les autorités. Il voit non seulement ses effectifs par classe
augmenter considérablement, mais ses sections générales s’amenuiser d’année en
année.
Il
est certain que les autorités académiques ont des objectifs sur l’offre de
formation dans les différents lycées d’Argenteuil, sur l’avenir de ceux-ci,
avec en perspective la concurrence supplémentaire de ce lycée privé.
La
municipalité qui a appuyé par ses votes l’installation de ce lycée a-t-elle des
précisions à nous apporter sur le sujet ? Quant à nous, nous restons
hostiles à tout encouragement au développement de l’enseignement religieux avec
des aides ou des fonds publics. Nous voterons donc contre ce rapport. »