Front
national : comment concilier racisme et arrivisme
Les dernières déclarations de
Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, Pétain et la défense de
« l’Europe boréale et du monde blanc », ont été celles de trop pour
Marine Le Pen.
Le
racisme ordurier de Jean-Marie Le Pen est notoire, il lui a valu nombre de
condamnations. Mais il lui a aussi donné un crédit politique auprès de tout ce
que le pays compte de réactionnaires. C’est sous cette marque de fabrique qu’il
a réussi à rassembler dans un même parti les nostalgiques de Vichy et de la
France coloniale, les intégristes catholiques et les admirateurs des régimes
autoritaires.
Lorsqu’en
2011, Marine Le Pen prend la relève de son père, elle assume tout l’héritage
politique, racisme et provocations antisémites de son père compris. Et elle
déclare admirer « la droiture, la noblesse d’âme, la persévérance »
de son père.
La voilà
aujourd’hui vent debout contre les sorties de son père. Leurs convictions
sont-elles devenues incompatibles ? Non. Marine Le Pen ne reproche pas à
son père sa haine xénophobe. Elle lui reproche de ne pas tenir sa langue.
Marine Le
Pen et les jeunes loups dont elle s’est entourée s’échinent à habiller la
politique raciste du FN d’un langage politiquement correct. Leurs derniers
succès électoraux les confortent dans ce sens. Quelques-uns sont déjà maires ou
sénateurs et les autres se voient bientôt élus à la Région voire à l’Assemblée.
Que leur patriarche vienne troubler leur ascension leur est intolérable.
Le FN
veut faire « peuple » mais il a à sa tête une bande d’arrivistes
prêts à s’entredéchirer pour le pouvoir. Cette bande ressemble à celles du PS
et de l’UMP, avec des idées plus crasses encore.
Pour
grossir son électorat, le FN prétend parler au nom des classes pauvres. Mais
s’il arrivait au pouvoir il mènerait, toujours au nom de la dette et de la
compétitivité, les mêmes attaques anti-ouvrières imposées, à tour de rôle, par
l’UMP et le PS, mais plus dures encore contre les plus pauvres.
Il suffit
de voir que dans des municipalités FN, le prix de la cantine pour les familles
pauvres a augmenté pour comprendre que le FN compte parmi les pires ennemis des
exploités.
Les
électeurs des classes populaires qui se sont laissé prendre aux promesses
mensongères de Sarkozy sur « le gagner plus », ceux qui ont cru aux
beaux discours de Hollande contre la finance ne doivent pas, à nouveau, tomber
dans le piège. Tous ceux qui promettent d’augmenter les droits à la retraite et
les salaires, de recréer des emplois sans prendre sur les profits ni remettre
en cause le pouvoir des capitalistes sont des charlatans.
Comme
« l’UMPS », le FN est un parti bourgeois respectueux des riches, de
la propriété capitaliste et de l’exploitation. Il prône la suppression des
droits de certains travailleurs au prétexte qu’ils ne sont pas français. C’est
la meilleure façon de servir la soupe au patronat et de faire reculer la
condition ouvrière.
La
politique favorable au monde du travail est à l’opposé. Elle consiste à
s’attaquer aux licencieurs, au grand patronat qui s’enrichit en aggravant la
précarité et les bas salaires. À lui contester le pouvoir de licencier et de
transformer des millions de personnes en chômeurs. À le forcer à prendre sur
ses profits, sur ses parachutes dorés et autres privilèges pour garantir des
emplois à tous et des salaires et des retraites dignes.
Il n’y a
pas encore de parti ouvrier capable de mettre en avant une telle politique,
mais c’est la voie qu’il faut prendre. Si la politique se borne à devoir
choisir entre UMP-PS-FN, la bourgeoisie pourra dormir sur ses deux oreilles,
pas les travailleurs.
Les
exploités ne pourront sauver leur peau qu’au travers d’une lutte acharnée
contre le patronat. Il faut reconstruire un parti ouvrier fondé sur la
nécessité de renverser le pouvoir de la bourgeoisie sur la société.
La
journée de grève du 9 avril a été réussie. Avec les rassemblements locaux, la
manifestation parisienne a réuni en une seule journée plus de monde que
l’ensemble des manifestations de médecins libéraux, de notaires et d’huissiers
et prouve qu’il y a une fraction importante de travailleurs conscients,
militants syndicaux ou pas, qui ne sont pas résignés.
L’avenir
dépend de leur capacité à relever le gant et à s’adresser aux travailleurs qui
se sentent, à juste titre, trahis par les partis de gauche et sont démoralisés,
pour leur redonner confiance dans la force collective des travailleurs.
Remonter
la pente des désillusions et de la démoralisation prendra peut-être du temps.
Mais le réveil et la mobilisation ouvrière sont la seule alternative politique
qui nous sortira de l’impasse électoraliste consistant à arbitrer les joutes
politiciennes de l’UMP, du PS et du FN qui sont tous des ennemis des
travailleurs.