mercredi 15 avril 2015

Argenteuil : le cinéma municipal continue



La municipalité fait son Hollywood (suite)

C’est au tournage d’une mauvaise série que l’on assiste depuis un an à Argenteuil autour de la question des finances municipales. Dans le rôle principal : le maire lui-même. Second rôle, un dénommé Costkiller qui a brûlé la vedette à l’adjoint aux finances en retrait depuis son dernier échec de tournage lors des dernières élections départementales.
         Le scenario était à la portée de tout le monde : on dramatise la situation. Argenteuil est au bord du gouffre, en un lieu-dit appelé « tutelle ». Mais le premier rôle,  sorte de Zorro municipal, coiffé de son chapeau, arrive au galop, et par un moulinet approprié retient la Ville prête à tomber au fond du gouffre.
         La production est une co-production-Ville d’Argenteuil et Cour des comptes. A la décharge de cette dernière, elle ne fait qu’enregistrer les scènes du western municipal.
         On nous a joué « Risque de mise en tutelle déjoué » n°1 à l’occasion du budget de l’an passé. On nous joue actuellement « Risque de mise en tutelle déjoué » n°2.
         Dans le communiqué sur le sujet publié hier, les studios « municipalités d’Argenteuil and co » écrivent : « la Chambre régionale des comptes vient de valider notre plan de redressement visant à rétablir l’équilibre financier de la Ville. Nous sommes parvenus à ce résultat sans augmenter les impôts des Argenteuillais… ».
         Oui, tout cela, à d’autres…
         Bien évidemment ce n’est que du cinéma. Le 7ème art procure parfois, même lorsqu’il s’agit de navets, un bon moment de détente. Une fois le film terminé, on sait que ce n’était que du cinéma, et qu’il faut vite en revenir à la réalité et combattre une politique profondément néfaste aux personnels et à toute la population.

Cour des comptes, parlons-en : jamais loin de ce que l'on attend d'elle



La Cour des comptes contre les demandeurs d’asile

Le Figaro a diffusé des extraits d’un document de la Cour des comptes consacré à « l’accueil et à l’hébergement des demandeurs d’asile » au moment où va débuter l’examen d’un projet de loi réformant le droit d’asile. Les auteurs de ce document critiquent un système « au bord de l’embolie », au coût financier « insupportable » et affirment que « la politique d’asile est devenue la principale source d’arrivée d’immigrants clandestins en France ».
Pourtant la France est l’un des pays les moins généreux d’Europe en ce domaine : sur les 60 000 dossiers déposés, seuls 18% des demandeurs d’asile obtiennent une protection alors que la moyenne européenne est de 35%. Mais ce n’est pas cela qui émeut les auteurs de ce rapport, qui proposent d’expulser plus et plus vite. Ils suggèrent même de réduire l’allocation mensuelle versée aux candidats à l’asile politique alors que ceux-ci n’ont aucune autre ressource légale puisqu’il leur est interdit d’occuper un emploi.
Ce rapport s’inscrit dans la campagne sur le thème de la « lutte contre l’immigration clandestine », terrain sur lequel les dirigeants de la gauche comme de la droite et de l’extrême-droite se livrent à une surenchère écœurante !

mardi 14 avril 2015

Editorial des bulletins Lutte Ouvrière d'entreprise de cette semaine



Front national : comment concilier racisme et arrivisme

Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, Pétain et la défense de « l’Europe boréale et du monde blanc », ont été celles de trop pour Marine Le Pen.
Le racisme ordurier de Jean-Marie Le Pen est notoire, il lui a valu nombre de condamnations. Mais il lui a aussi donné un crédit politique auprès de tout ce que le pays compte de réactionnaires. C’est sous cette marque de fabrique qu’il a réussi à rassembler dans un même parti les nostalgiques de Vichy et de la France coloniale, les intégristes catholiques et les admirateurs des régimes autoritaires.
Lorsqu’en 2011, Marine Le Pen prend la relève de son père, elle assume tout l’héritage politique, racisme et provocations antisémites de son père compris. Et elle déclare admirer « la droiture, la noblesse d’âme, la persévérance » de son père.
La voilà aujourd’hui vent debout contre les sorties de son père. Leurs convictions sont-elles devenues incompatibles ? Non. Marine Le Pen ne reproche pas à son père sa haine xénophobe. Elle lui reproche de ne pas tenir sa langue.
Marine Le Pen et les jeunes loups dont elle s’est entourée s’échinent à habiller la politique raciste du FN d’un langage politiquement correct. Leurs derniers succès électoraux les confortent dans ce sens. Quelques-uns sont déjà maires ou sénateurs et les autres se voient bientôt élus à la Région voire à l’Assemblée. Que leur patriarche vienne troubler leur ascension leur est intolérable.
Le FN veut faire « peuple » mais il a à sa tête une bande d’arrivistes prêts à s’entredéchirer pour le pouvoir. Cette bande ressemble à celles du PS et de l’UMP, avec des idées plus crasses encore.
Pour grossir son électorat, le FN prétend parler au nom des classes pauvres. Mais s’il arrivait au pouvoir il mènerait, toujours au nom de la dette et de la compétitivité, les mêmes attaques anti-ouvrières imposées, à tour de rôle, par l’UMP et le PS, mais plus dures encore contre les plus pauvres.
Il suffit de voir que dans des municipalités FN, le prix de la cantine pour les familles pauvres a augmenté pour comprendre que le FN compte parmi les pires ennemis des exploités.
Les électeurs des classes populaires qui se sont laissé prendre aux promesses mensongères de Sarkozy sur « le gagner plus », ceux qui ont cru aux beaux discours de Hollande contre la finance ne doivent pas, à nouveau, tomber dans le piège. Tous ceux qui promettent d’augmenter les droits à la retraite et les salaires, de recréer des emplois sans prendre sur les profits ni remettre en cause le pouvoir des capitalistes sont des charlatans.
Comme « l’UMPS », le FN est un parti bourgeois respectueux des riches, de la propriété capitaliste et de l’exploitation. Il prône la suppression des droits de certains travailleurs au prétexte qu’ils ne sont pas français. C’est la meilleure façon de servir la soupe au patronat et de faire reculer la condition ouvrière.
La politique favorable au monde du travail est à l’opposé. Elle consiste à s’attaquer aux licencieurs, au grand patronat qui s’enrichit en aggravant la précarité et les bas salaires. À lui contester le pouvoir de licencier et de transformer des millions de personnes en chômeurs. À le forcer à prendre sur ses profits, sur ses parachutes dorés et autres privilèges pour garantir des emplois à tous et des salaires et des retraites dignes.
Il n’y a pas encore de parti ouvrier capable de mettre en avant une telle politique, mais c’est la voie qu’il faut prendre. Si la politique se borne à devoir choisir entre UMP-PS-FN, la bourgeoisie pourra dormir sur ses deux oreilles, pas les travailleurs.
Les exploités ne pourront sauver leur peau qu’au travers d’une lutte acharnée contre le patronat. Il faut reconstruire un parti ouvrier fondé sur la nécessité de renverser le pouvoir de la bourgeoisie sur la société.
La journée de grève du 9 avril a été réussie. Avec les rassemblements locaux, la manifestation parisienne a réuni en une seule journée plus de monde que l’ensemble des manifestations de médecins libéraux, de notaires et d’huissiers et prouve qu’il y a une fraction importante de travailleurs conscients, militants syndicaux ou pas, qui ne sont pas résignés.
L’avenir dépend de leur capacité à relever le gant et à s’adresser aux travailleurs qui se sentent, à juste titre, trahis par les partis de gauche et sont démoralisés, pour leur redonner confiance dans la force collective des travailleurs.
Remonter la pente des désillusions et de la démoralisation prendra peut-être du temps. Mais le réveil et la mobilisation ouvrière sont la seule alternative politique qui nous sortira de l’impasse électoraliste consistant à arbitrer les joutes politiciennes de l’UMP, du PS et du FN qui sont tous des ennemis des travailleurs.