On vient d’apprendre
que les corps de 28 étudiants sur les 43
disparus avaient été retrouvés dans une fosse commune d’un gang local. Ils ont
été assassinés par l’action conjointe de la police et des bandes maffieuses.
L’article écrit avant cette information,
extrait du numéro de cette semaine de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière :
Mexique : massacre d'étudiants par la police
Vendredi
26 septembre, dans l'État de Guerrero, la police mexicaine a commis un
véritable massacre. Les étudiants de l'école normale d'Iguala, à
100 kilomètres au sud de Mexico, qui se formaient pour devenir
professeurs, manifestaient contre une réforme de l'enseignement et des mesures
les défavorisant. C'est au moment où ils prenaient des bus pour quitter la
manifestation que la police a tiré pour tuer.
Elle a
même pris pour cible le car d'une équipe de football, tuant le chauffeur et un
footballeur âgé de 15 ans. En tout six personnes, dont trois étudiants,
ont perdu la vie et plus d'une vingtaine ont été blessés.
Une
cinquantaine d'étudiants ont « disparu » ce jour-là, sans que l'on
sache encore s'ils se sont enfuis et cachés dans les collines pour échapper au
massacre ou bien s'ils sont retenus illégalement. L'enlèvement contre rançon
est fréquent au Mexique, y compris de la part de policiers corrompus ou qui
trempent dans le trafic de drogue.
Depuis,
les autorités de l'État de Guerrero ont été obligées de reconnaître qu'il n'y
avait eu « aucune justification pour l'usage d'armes à feu ». Le
maire et le chef de la police ont été convoqués par les autorités judiciaires
et 22 policiers sont détenus. Cette réaction vient après l'arrestation,
quelques jours auparavant, d'un officier et de sept soldats qui s'étaient
rendus coupables du massacre de plus de vingt personnes en juin, en rapport
avec le trafic de drogue.
La
police et l'armée mexicaines sont coutumières d'actes de brutalité extrême. La
lutte contre les cartels du trafic de drogue, ou en fait pour leur contrôle,
s'accompagne de meurtres et de tortures au quotidien. Amnesty International
notait récemment dans un rapport que 7 000 plaintes avaient été
enregistrées ces quatre dernières années contre les forces de répression, en
hausse de 600 % sur dix ans.
Devant les scandales à
répétition que la mise au jour de ces pratiques engendre, le président Enrique
Peña Nieto, issu du Parti révolutionnaire institutionnel, un parti qui a une
longue histoire de corruption, n'a trouvé comme parade que de créer une
nouvelle force armée, la Gendarmerie nationale. Il n'est pas certain qu'un
nouveau nom et un nouvel uniforme mettent ces forces à l'abri des tentations
offertes par le trafic de drogue et les sommes colossales qu'il génère.
Dans ce
pays où une grande partie de la population se débat dans la misère, la
captation d'une partie de cette manne est un enjeu permanent pour l'appareil
d'État, de son sommet politicien jusqu'à sa base policière. Tout contribue à
entretenir une violence sociale dont les événements de l'État de Guerrero ne
sont qu'un exemple.
Lucien
DÉTROIT