La manifestation parisienne d’hier
pour la défense du droit à l’IVG a été une réussite. Nous étions quelques-uns d’Argenteuil
à défiler dans le cortège de Lutte Ouvrière, en solidarité avec les femmes
espagnoles, mais aussi en solidarité avec toutes les femmes du monde pour la
défense du droit à l’avortement. DM
A Madrid hier, pour la défense des droits des femmes et du droit à l'IVG |
L’article de l’avant-dernier
numéro de Lutte Ouvrière sur la politique des réactionnaires contre les femmes
Espagne : non à la remise
en cause du droit à l'avortement !
En Espagne, on ne connaît pas
encore les modalités exactes de la remise en cause du droit à l'avortement que
veut imposer le Parti populaire (PP), le parti de droite au pouvoir. Le projet
proposé par le gouvernement a soulevé un tollé dans une partie importante de
l'opinion, qui considérait la reconnaissance du droit à l'interruption
volontaire de grossesse comme un acquis. Au point qu'une partie des députés et
des dirigeants du PP expriment leur désaccord avec les termes de cette
prétendue réforme et demandent une liberté de vote lorsque le texte de loi sera
soumis au vote du Parlement. Mais l'existence de ce projet, dont l'essentiel
finira malheureusement par être adopté, supprimera le droit pour les femmes de
choisir.
Cette révision du droit à
l'avortement serait un retour de trente ans en arrière, car ce ne sont pas
quelques aspects de la législation adoptée en 2010, alors que le socialiste
Zapatero était au pouvoir, qui sont remis en cause, mais bel et bien le droit pour
une femme de décider si elle accepte ou non de poursuivre sa grossesse.
Interdit et puni comme un crime
sous le franquisme, ce droit à l'avortement avait été accordé en plusieurs
étapes. Il avait fallu attendre dix ans après la mort de Franco pour que le
dirigeant socialiste d'alors, Felipe Gonzalez, fasse reconnaître, en 1985 entre
autres sous la pression des mouvements féministes, le droit de faire « une
exception au droit à la vie » en avortant. Et il avait fallu attendre 2010
pour que la loi parle du droit à l'avortement y compris pour les jeunes
mineures, sans avoir à consulter leurs parents.
Ce réel progrès pour les femmes
ne fut pas sans rencontrer une forte opposition de la part de la droite et de
l'Église. Elle se traduisit alors par des manifestations estimées, pour la plus
importante, à plus d'un million de participants. C'est cette opinion
réactionnaire qui aujourd'hui veut prendre sa revanche.
La nouvelle réforme voulue par
le PP est une attaque contre la liberté des femmes. Elle est révoltante dans
cette période de crise où elles sont les premières victimes du chômage. Dans
diverses villes, des manifestations ont déjà eu lieu et d'autres vont suivre.
Il faut bien sûr se sentir
solidaire de toutes celles et tous ceux qui en Espagne veulent faire échec à ce
projet de loi que ses auteurs osent appeler une loi, « sur la protection
de la vie de l'être conçu et des droits de la femme enceinte ».
Henriette Mauthey