Alors que de nombreuses catégories n'hésitent pas à
descendre dans la rue contre la politique du gouvernement, les travailleurs,
pourtant les plus touchés par la crise et les attaques patronales, apparaissent
comme les grands absents des mobilisations actuelles. Mais il faut dire que les
organisations se réclamant de la classe ouvrière refusent de préparer une
réelle mobilisation.
Lors du
mouvement contre l'écotaxe qui, pour bien des travailleurs, a été l'occasion
d'exprimer leur colère, les dirigeants de la CGT, Thierry Lepaon et Éric Aubin, ont dénoncé à
juste titre le fait que la manifestation du 2 novembre à Quimper était en
partie organisée par le Medef. Mais en refusant d'y être présents pour y
défendre les revendications ouvrières, ils ont de fait laissé les travailleurs
sans perspective. Ceux-ci n'avaient plus le choix qu'entre aller à cette
manifestation pleine d'ambiguïtés ou à celle de Carhaix, organisée le même jour
par la CGT, la CFDT, la FSU et le Front de gauche,
mais qui apparaissait comme une diversion et était tout aussi pleine
d'ambiguïtés, en particulier par son soutien de fait au gouvernement et à son
écotaxe.
Les
militants ouvriers, qui s'inquiètent de voir le patronat et la droite donner le
ton, ont bien raison. Mais la seule façon d'éviter cela serait que les
travailleurs prennent la tête de la contestation de la politique du
gouvernement et la placent sur leur propre terrain, celui de la lutte contre le
grand patronat responsable de la crise, du chômage et de la pauvreté qui monte.
C'est en apparaissant comme le fer de lance de la lutte contre le grand capital
que la classe ouvrière pourra entraîner derrière elle l'ensemble des catégories
sociales touchées par la crise. Si la
CGT en avait eu la volonté politique, elle aurait certainement
eu la force de donner à une manifestation comme celle de Quimper un autre ton,
axé sur les revendications ouvrières.
Mais les
directions syndicales sont avant tout préoccupées de ne pas gêner ce
gouvernement, ce qui laisse le terrain libre à d'autres forces, ennemies du
monde du travail.
Aucune
des centrales syndicales n'a comme politique de dénoncer le gouvernement
Hollande pour ce qu'il est, un adversaire du monde du travail et de l'ensemble
des catégories populaires, et surtout pas de prendre l'initiative des
mobilisations qui en découlent. Et les critiques faites au gouvernement restent
pour le moins mesurées que ce soit sur l'écotaxe, les retraites ou les
licenciements. Éric Aubin, n°2 de la
CGT, plus responsable vis-à-vis du gouvernement que des travailleurs,
a même reproché à Hollande de céder sur l'écotaxe à des manifestations
violentes, s'inquiétant du « risque de débordement ».
Depuis
qu'Hollande a été élu, la seule manifestation sérieuse a été celle contre la
réforme des retraites du 10 septembre dernier, restée pourtant sans suite.
La CGT appelle le
26 novembre à une journée sur la question des retraites en se limitant à
demander des amendements à la réforme Hollande. Au lieu de préparer une lutte
sérieuse, la direction de la CGT
recourt à des diversions. Dans le même temps, elle refuse d'appeler à la
manifestation du 1er décembre contre la hausse de la TVA, sous prétexte de ne pas
se rallier à des décisions politiques, tout en réclamant au gouvernement une «
réforme fiscale juste », ce qui ne signifie rien.
Au lieu
de pleurer sur le fait que le patronat se permet de prendre la tête de
certaines manifestations, pourquoi les directions syndicales n'ont-elles pas
appelé, ces derniers mois, les travailleurs à se mobiliser contre l'ensemble
des plans de licenciements décidés par ce même patronat ? Dernièrement la CGT s'est montrée capable de
mobiliser 10 000 personnes à Roanne pour protester, à juste titre, contre
le fichage ADN de ses militants. Pourquoi n'est-il pas possible de le faire
contre toutes les mesures gouvernementales qui frappent les travailleurs et à
partir de là, de chercher à préparer une mobilisation croissante redonnant aux
travailleurs la conscience de leur force ?
La CGT, pas plus que les autres
centrales, n'offre à la classe ouvrière une politique à même de la mobiliser.
Mais les militants fidèles à leur classe peuvent agir en commençant par se
faire entendre des directions syndicales pleutres pour leur imposer, par en
bas, la politique nécessaire afin de faire reculer le grand patronat. Ils
doivent pour cela mettre en avant leurs revendications de classe :
l'interdiction des licenciements, le partage du travail entre tous sans perte
de salaire et le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises.
Marion AJAR
Le communiqué de Lutte Ouvrière du 25.11.13.
Lutte Ouvrière appelle à rejoindre la manifestation
du Front de Gauche du 1er décembre contre la hausse de la TVA et à manifester aussi pour
l’interdiction des licenciements
Les agriculteurs, les camionneurs et de nombreuses
catégories sociales ont récemment exprimé leur colère contre la politique
gouvernementale. Mais les salariés, qui sont les principales victimes de
l’austérité et du chômage, n’ont jusqu’ici pas fait entendre leur voix.
Pourtant, face aux coups redoublés du patronat et du gouvernement, il est vital
que la classe ouvrière mette en avant ses propres revendications.
Dimanche
1er décembre, le Front de Gauche organise une manifestation contre
l’augmentation de la TVA.
Lutte Ouvrière s’associe à cette manifestation car l’augmentation
de la TVA est une
attaque de plus contre le niveau de vie des couches populaires. Mais il est
aussi nécessaire pour les travailleurs de défendre leur droit à un emploi et à
un salaire permettant de vivre. C’est pourquoi Lutte Ouvrière manifestera aussi
pour l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires et leur
indexation sur les prix, et pour le contrôle des travailleurs sur les comptes
des grandes entreprises.
Le
cortège de Lutte Ouvrière se rassemblera dimanche 1er décembre à 13h, Place
d’Italie, devant le centre commercial Italie2.