Comptes de PSA : quand Varin ment cash
En juillet 2012, PSA annonçait 8 000 suppressions d'emplois,
avec en particulier la fermeture en 2014 de l'usine d'Aulnay-sous-Bois en
Seine-Saint-Denis. C'étaient, expliquait la direction, complaisamment relayée
par les médias et le gouvernement, les conséquences de la crise de l'automobile
et la condition nécessaire pour que le groupe PSA y survive car, paraît-il, il
perdait tous les mois deux cent millions de cash.
En bonne logique, les résultats du groupe
annoncés fin juillet lors du bilan du premier semestre 2013 auraient dû
refléter ces prétendues difficultés, d'autant que les suppressions d'emplois
n'étaient pas encore effectives, et que l'usine d'Aulnay ne produisait
quasiment plus rien depuis janvier. Eh bien pas du tout ! Les chiffres de
PSA sont bien meilleurs qu'il y a un an et Varin s'est félicité d'y voir
« les premiers signes du redressement du groupe », liés aux mesures
annoncées l'an dernier.
Varin mentait l'an dernier en prétendant
que les suppressions d'emplois étaient nécessaires pour sauver PSA. Il ment
cette année en prétendant que le groupe va mieux grâce à des suppressions
d'emplois pas encore vraiment entrées en application. Mais il est payé pour ça.
Dans le maquis des chiffres annoncés par
la direction, une chose est claire : il y a de l'argent dans le groupe
PSA, et plus encore chez la famille Peugeot. son principal actionnaire. Bien
sûr, le résultat opérationnel de PSA est encore dans le rouge (-
65 millions d'euros). Mais les frais financiers se montent à
246 millions. Autrement dit, sans les prélèvements des banques, le groupe
serait largement bénéficiaire. Mais pas question pour Varin de demander aux
banquiers de faire des efforts pour sauver le groupe.
Par ailleurs, PSA se flatte de disposer
d'une « sécurité financière » de 11,8 milliards d'euros,
supérieure de 1,2 milliard à ce qu'elle était fin 2012. Avec un tel
matelas, l'avenir s'annonce, si ce n'est rose, au minimum doré !
Mais, cela ne suffisant pas, Varin a dit
vouloir étendre à tout le groupe les accords de compétitivité du type de ceux
mis en place dans deux filiales, celle de Sevelnord et celle de la Française de mécanique
de Douvrin, c'est-à-dire un blocage des salaires – une baisse en réalité,
puisque les prix eux ne sont pas bloqués – et une aggravation des conditions de
travail.
Les mensonges de Varin convainquent
peut-être les médias et le gouvernement, mais certainement pas les
travailleurs.
Étienne HOURDIN