ArcelorMittal : un gouvernement à plat ventre
devant le patronat
Le
gouvernement Hollande-Ayrault s’est une fois de plus piteusement aplati devant
Mittal : il renonce à la nationalisation, même provisoire, et à chercher
un nouveau repreneur. Les hauts-fourneaux de Florange, à l’arrêt depuis un an
et demi, ne redémarreront pas. Quand on y regarde de plus près, l’emploi des
629 salariés n’est pas garanti, puisque ce prétendu accord parle de
reclassement à l’échelle du groupe. Cela peut se traduire par des propositions
d’aller travailler à l’autre bout de la France , et même au-delà, ce qui revient au bout
du compte à un licenciement.
Hollande-Ayrault essayent de rassurer
l’opinion en invoquant les « engagements » de Mittal, alors que les
mêmes nous disaient, quelques jours plus tôt, que Mittal n’en avait jamais tenu
aucun. Pourquoi les tiendrait-il davantage cette fois-ci ? Mittal, comme
d’autres grands patrons, a fait des promesses qui n’engagent que ceux qui y
croient. Tout comme les dirigeants de PSA, qui répétaient que les plans de
suppression d’emplois révélés il y a plus d’un an par la CGT , n’étaient pas
d’actualité. Pour ces gens-là, gouverner ou exploiter, c’est mentir. C’est,
disent-ils, une attitude vertueuse puisque ce serait pour le bien de toute la
collectivité. Façon d’essayer de nous faire croire que nous serions tous dans
le même bateau. Et même si c’était le cas, sur ce bateau, il y a ceux qui rament
et ceux qui se prélassent sur les ponts !
Mais quelles sont les contreparties que
l’État a demandées à Mittal ? Ayrault a annoncé que l’État s’engageait à
payer pour le projet européen Ulcos, qui bénéficiera, peut-être, à Florange.
Mais personne ne sait combien de millions le gouvernement va mettre sur la
table en plus des 150 millions déjà prévus par Sarkozy. Et si Mittal renonce,
en paroles et de toute façon temporairement, au plan social à Florange, cela ne
donnera pas de travail aux centaines d’intérimaires et de sous-traitants qui
ont déjà perdu leur emploi.
La plupart des commentateurs n’ont retenu
des récentes péripéties de cette affaire que les démêlés entre le gouvernement
et l’un de ses ministres, Arnaud Montebourg. Comme si cela avait une quelconque
importance ! D’ailleurs, s’opposent-ils réellement ou utilisent-ils une
ficelle qu’on retrouve dans les séries policières avec, d’un côté, le
« bon flic » et, de l’autre, « le méchant » et puis, au
bout du compte, rien que des truands derrière la mafia des grands
patrons ?
Certains pensent, y compris parmi les
travailleurs, que le gouvernement n’avait pas d’autre choix et qu’il aurait
ainsi évité le pire. La richissime famille Mittal n’était pas au bord du
gouffre, et cet accord va l’enrichir encore et peut-être permettre qu’elle se
retrouve propriétaire d’outils industriels plus performants, valant donc
beaucoup plus.
Mais ce pire ne sera sans doute pas évité
pour les travailleurs du site de Florange dont l’emploi reste quand même sur la
sellette, comme des milliers d’autres…
Mais le problème ne reste pas limité àla Lorraine ni à la seule sidérurgie. De nombreuses
entreprises, pour ne pas dire toutes, sont concernées, de l’automobile à la
construction navale, en passant par les serveurs téléphoniques ou le transport
aérien. C’est sans doute une des raisons qui fait que le gouvernement n’a même
pas osé utiliser ce couteau sans lame qu’est la « nationalisation
provisoire », de peur que cela suscite d’autres demandes de
nationalisations. Mais en refusant cette décision, il a du même coup encouragé
le patronat à être encore plus arrogant. Laurence Parisot a été l’une des
premières à se féliciter de cet accord qui rassure tous les grands patrons de France,
de Navarre et des pays étrangers qui, selon elle, auraient boudé les
investissements en France si on avait nationalisé ArcelorMittal. Le patronat ne
prend même la peine de renouveler ses chantages.
Mais le problème ne reste pas limité à
La majorité socialiste n’a pas le courage
ni même la volonté d’imposer quoi que ce soit à la bourgeoisie. Cela ne
signifie pas que la classe ouvrière est impuissante pour s’opposer aux intérêts
du patronat, qui utilise la crise pour imposer de produire plus de profits avec
moins de travailleurs. Cela veut simplement dire que le monde du travail ne
doit compter que sur lui-même pour défendre son emploi, c’est-à-dire son
salaire.