LE PARTI COMMUNISTE
ET LE GOUVERNEMENT : UN JEU DE DUPES POUR LES TRAVAILLEURS
Malgré tous ceux qui rêvent d’enterrer le Parti communiste français, la fête
de l’Humanité reste une grande fête populaire, le plus grand rassemblement
politique et militant du pays qui mobilise, bénévolement, des milliers de
militants et de sympathisants du PCF.
Au fil des ans, la fête de l’Humanité est aussi devenue le passage obligé
pour les ténors du Parti socialiste à la recherche des voix des classes
populaires. L’année dernière, Royal, Aubry et Montebourg, candidats à la
primaire du PS, s’y étaient bousculés. Cette année, rien de tel. Le PS s’est
fait discret et aucun « poids lourd » du gouvernement n’a fait le déplacement.
Montebourg, qui avait été chaleureusement accueilli l’année dernière, s’est bien
gardé d’y mettre un pied. De peur sans doute qu’on ne lui demande des comptes
sur les licenciements et les fermetures d’entreprises qu’il cautionne.
Que le PS au gouvernement n’ait envoyé que trois seconds rôles à la fête de
l’Humanité, alors que onze ministres de premier plan s’étaient déplacés à
l’université d’été du Medef, est révélateur. Si Hollande doit aussi son élection
aux quatre millions d’électeurs du Front de Gauche, venus s’ajouter au deuxième
tour à ceux du PS, ce n’est pas à eux qu’il se sent lié et ce n’est pas
vis-à-vis d’eux qu’il se sent engagé, mais vis-à-vis du patronat.
Mélenchon qui se pose en « ayant-droit de la victoire » en est
d’autant plus ridicule. Le seul « ayant-droit » de la victoire est Hollande et
il ne gouvernera pas sous la pression de l’électorat de Mélenchon mais sous les
recommandations, voire sous les ordres du grand patronat et des financiers. Avec
l’annonce du plan d’austérité sans précédent de la semaine dernière, le message
du gouvernement est clair, mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas
entendre. Et la direction du Parti communiste joue au sourd quand elle choisit
de faire partie de la majorité présidentielle.
Les dirigeants du PCF « veulent croire » à la réussite de la gauche et
ils affirment qu’ils auront une attitude constructive. Si le gouvernement
socialiste venait à prendre des mesures un tant soit peu favorables aux
travailleurs, rien n’empêcherait de les soutenir. Mais où sont donc ces
mesures ?
Il n’y a aucune raison de faire crédit à un gouvernement alors qu’il
n’annonce que des sacrifices aux classes populaires ! Ce n’est pas parce que le
gouvernement est estampillé de « gauche » qu’il faut se laisser faire sans
réagir !
La pire des choses serait que les militants du Parti communiste, en
particulier les militants ouvriers croient et fassent croire autour d’eux que
nous avons des alliés au gouvernement. Ce serait une façon de démobiliser, de
désarmer les travailleurs, et ce fut le cas sous les gouvernements Mitterrand et
Jospin avec des militants qui sont restés l’arme au pied. Les travailleurs
doivent savoir qu’il n’y a qu’eux qui peuvent changer le rapport de forces avec
le grand patronat, par leur lutte. Au lieu de cela, la direction du PCF continue
de les bercer d’illusions.
La direction du PCF a choisi de faire du combat contre le traité budgétaire
européen, le combat de la rentrée. Mais si elle a choisi ce terrain, c’est
justement parce que c’est celui qui gêne le moins le gouvernement : les premiers
visés sont l’Europe et Merkel, et l’attention des travailleurs est ainsi
détournée vers un faux combat.
Au lieu de proposer aux travailleurs des objectifs pour défendre leur emploi
et leur salaire, la direction du PCF leur demande de se mobiliser pour un
referendum… contre ce traité budgétaire européen ! Se battre pour demander un
référendum est ridicule ! En 2005, un référendum a eu lieu, le « Non » a gagné,
et le pouvoir s’est assis dessus.
Quant au traité, c’est un chiffon de papier car aucun gouvernement n’a
attendu ce traité pour imposer l’austérité aux travailleurs et ce n’est pas ce
traité qui oblige les patrons à licencier, à bloquer les salaires et à aggraver
l’exploitation.
Une mobilisation, même victorieuse, contre ce traité ne ferait pas avancer
d’un pouce les revendications vitales du monde du travail.
Alors, les travailleurs ont mieux à faire. Ils doivent se défendre contre les
licenciements, en imposant leur interdiction et la répartition du travail entre
tous sans diminution de salaire. Et ils doivent se battre avec leurs propres
armes que sont les grèves et les manifestations. C’est de cette lutte que leur
vie dépend. Le reste est de la diversion.