2025, un
monde à changer !
Publié le 06/01/2025
Les traditionnels vœux de bonne
année que nous adressent tous les politiciens sonnent de plus en plus faux. Les
ministres, dont personne ne sait s’ils seront encore là dans un mois,
promettent de réaliser ce que leurs prédécesseurs n’ont jamais réussi à
faire.
La ministre de l’Agriculture
s’engage à ce que tous les agriculteurs puissent vivre de leur travail.
Darmanin, le ministre d’une Justice qu’il dénonçait il y a peu, promet de
mettre fin au narcotrafic organisé depuis les prisons. Et Valls, recyclé en
ministre des Outre-mer, jure de reconstruire Mayotte. Quelle bande de menteurs
!
Cela fait des décennies qu’ils
répètent les mêmes promesses. Les habitants de Mayotte sont bien placés pour en
témoigner. Combien de fois le gouvernement a-t-il promis qu’il résoudrait le
problème de l’eau et aiderait l’île à se développer ? Même les bâtiments
récents, construits en dur par les Bouygues et consorts, n’étaient pas aux
normes anticycloniques et ont vu leurs toits s’envoler !
Tous ces politiciens qui
appartiennent au monde bourgeois se moquent de ceux qui doivent travailler dur
pour vivre. Autant ils admirent les riches et se mettent en quatre pour les
servir, autant ils méprisent les travailleurs et les plus pauvres.
À Mayotte, Bayrou a accédé aux
demandes du Medef : ses entreprises, y compris les géants du BTP comme Colas ou
Vinci, n’auront pas d’impôts à payer pendant un temps. Mais c’est un tout autre
traitement pour les plus pauvres puisque le même Bayrou a ordonné l’expulsion
de tous ceux qui s’étaient réfugiés dans les écoles et a interdit l’achat de
tôle à ceux qui n’ont pas de papiers. Où sont-ils censés dormir ? Sous la pluie
et dans la boue ?
Le même mépris de classe
s’exprime ici. À partir de cette année, tous les allocataires du RSA devront
travailler 15 heures gratuitement. Qu’un grand nombre d’entre eux soient des
mères isolées ou des personnes trop malades et usées pour travailler, le
gouvernement le sait, mais cela ne l’empêchera pas de les radier du RSA !
Pour les donneurs de leçons qui
nous gouvernent, les dizaines de milliers de licenciements programmés par de
grands groupes capitalistes richissimes ne sont même pas un sujet. Et quand le
chômage, qui repart à la hausse, battra un nouveau record, ils diront qu’il y a
trop de chômeurs qui ne veulent pas travailler !
De toutes les promesses faites
par les politiciens, il y en a une qu’ils tiendront : celle de s’en prendre aux
travailleurs étrangers, qu’ils continueront de désigner comme le principal
problème de la société. On le voit à Mayotte, où les Comoriens sont désignés
comme des immigrés responsables de tous les maux de l’île, alors même que les
Comoriens et les Mahorais font partie d’un même peuple artificiellement divisé
par le colonisateur français.
Pour alimenter la guerre entre
pauvres et les forcer à se battre pour les miettes que les capitalistes
voudront bien laisser, on peut compter sur le patronat et les dirigeants
politiques ! Si Le Pen est allée à Mayotte, c’est qu’elle en a fait son petit
laboratoire pour pousser ses idées haineuses et xénophobes. Et de fait,
l’amalgame entre immigré et délinquant, et entre musulman et terroriste, est
devenu aussi insupportable que systématique dans la bouche de beaucoup de
politiciens.
Cette volonté de dresser des
travailleurs contre d’autres travailleurs divise et affaiblit le monde du
travail. Elle constitue une des pires menaces car c’est aussi avec ce type de
politique nationaliste que les gouvernants préparent leurs guerres.
À l’échelle du monde, des
millions de femmes et d’hommes sont déjà pris au piège des guerres que les
grandes puissances se mènent pour asseoir leur domination sur le monde. En
Afrique, des millions de familles ont passé le nouvel an dans des camps. Nombre
de travailleurs et de paysans d’Ukraine l’ont passé avec la peur des
bombardements russes. Dans les ruines de Gaza, les enfants continuent de
mourir. S’ils échappent aux bombes, ils sont exposés à la famine et maintenant
au froid de l’hiver, sans que les principaux dirigeants de la planète n’y
trouvent rien à redire. Disons-nous bien que nos vies ne valent pas plus que
les leurs aux yeux des dirigeants de ce monde.
Alors, ce que l’on peut se
souhaiter pour 2025, c’est que les travailleurs se servent de leur force, de
leur rôle indispensable dans l’économie pour défendre leurs intérêts et mener
la lutte contre une classe rapace et irresponsable vis-à-vis de toute la
société. Car la domination des capitalistes sur le monde riche de tant de
possibilités est un immense gâchis qui fait insulte à l’intelligence et la
dignité humaines.
Nathalie ARTHAUD