Terrorisme : l’impérialisme et ses élèves
Publié le 27/03/2024
Les échos de l’attentat terroriste de Moscou, de ses 137 victimes, des blessés et des destructions ont été perçus dans le monde entier. C’était le but recherché par ses auteurs, l’attentat ayant été revendiqué par une branche de l’organisation de l’État Islamique (Daech) de façon assez crédible pour que l’ensemble des commentateurs lui attribuent ce crime.
Le gouvernement français a été particulièrement prolixe à ce propos. D’une part ses représentants ont multiplié les déclarations sur une menace qualifiée de « réelle » par Attal et « en augmentation » par les services policiers. D’autre part le ministre de l’Intérieur Darmanin a affirmé « qu’on n’avait jamais déjoué autant d’attentats en France », ce qui est invérifiable et peut ressortir de la pure vantardise, si ce n’est du marketing politique. Mais, bien sûr, les Jeux Olympiques de Paris pourraient être une cible de choix pour des terroristes, car Coca Cola, Nike et Heineken ne sont pas les seuls en quête de publicité mondiale.
La surenchère de la droite et de l’extrême droite a été au rendez- vous, Ciotti, le leader de LR, n’hésitant pas à qualifier le terrorisme islamiste de « principale menace qui pèse sur notre avenir ». On a évidemment entendu les diatribes habituelles contre les musulmans et l’immigration, comme après chaque attentat et comme, en fait, à toute occasion. Mais personne, dans le monde politique et les médias, n’a rappelé d’où viennent ces terroristes, de quelles guerres ils sont nés, qui les a financés, armés, éduqués et dans quel but.
Cette mouvance politique est née à l’occasion de l’invasion de l’Afghanistan par l’armée russe et de la guerre qui a suivi de 1979 à 1989. Les services américains ont alors armé et entraîné les groupes islamistes qui combattaient les troupes russes. Il s’agissait, d’après le gouvernement américain, de « saigner les Soviétiques ». Des chefs islamistes, pas moins réactionnaires ni moins terroristes que ceux d’aujourd’hui, étaient alors qualifiés de combattants de la liberté. C’est de leurs rangs que sont sortis Ben Laden, l’organisateur de l’attentat de New York du 11 septembre 2001, et les chefs talibans qui ont pris le pouvoir en Afghanistan et y font régner la terreur.
Les services américains et leurs alliés, éventuellement relayés par l’Arabie saoudite ou le Qatar, ont répété ce même genre d’opérations à de multiples reprises. Le Hamas, par exemple, qu’Israël prétend éradiquer aujourd’hui par sa guerre de terreur, avait été au départ favorisé par ses services pour faire pièce au Fatah, l’organisation nationaliste palestinienne laïque. L’organisation de l’État islamique elle-même a été utilisée, c’est-à- dire financée et armée, par le Qatar et la France ainsi que la Turquie pour combattre le pouvoir de Bachar al-Assad en Syrie, à partir de 2011. Puis, devant le développement incontrôlé de leur créature qui prenait pied dans toute la région, les armées occidentales sont intervenues, y compris en frappant la population civile, pour tenter de l’anéantir.
Dans leur lutte pour la domination, pour le maintien de l’exploitation des travailleurs de tous les pays dans les pires conditions, pour continuer leurs pillages séculaires, les pays impérialistes, propulsent, soutiennent et imposent des dictatures féroces. Ils encouragent pour cela les pires préjugés et s’appuient sur les tueurs en grand et en petit. Les groupes terroristes islamistes étaient au départ quelques-uns des chiens de guerre de cette meute. Le fait qu’ils se soient retournés contre leur commanditaire occidental n’est pas original. D’autres l’ont fait avant eux.
La situation actuelle, et tout d’abord l’horreur sans nom que subissent bien des peuples du fait de l’impérialisme, fait que ces groupes peuvent toujours trouver de nouveaux combattants y compris pour agir dans les métropoles occidentales. L’attentat de Moscou comme celui du Bataclan, celui du World Trade Center ou ceux qui ensanglantent régulièrement bien des pays musulmans sans qu’on en parle dans les pays occidentaux sont des crimes horribles. Quoiqu’en disent les politiciens réactionnaires, la pire menace pour l’avenir n’est pas cependant ce terrorisme islamiste aussi meurtrier soit-il, mais la survie du système impérialiste qui l’engendre et qui est capable de bien d’autres massacres et de bien d’autres destructions.
Paul Galois (Lutte ouvrière n°2904)
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