Le piège américain, de Frédéric Pierucci et Matthieu Aron chez J’ai Lu
J’ai découvert ce livre lors d’un débat auquel participait Frédérique Pierucci à l’occasion de la 6ème rencontre des Lanceurs d’alerte en novembre dernier, à la Maison des Sciences de l’homme (prochaine édition en novembre prochain, même lieu). Un évènement remarquable qui demanderait d’être bien plus reconnu, connu et relayé.
Mais revenons au « piège américain ». Un livre captivant, qui se lit comme un thriller, mais qui est source également de multiples découvertes et autres réflexions. En une phrase, le capitalisme d’aujourd’hui, dans tous ses états, ses traquenards et autres chausse-trappes.
Il s’agit de la mésaventure d’un très haut cadre d’une très grande entreprise, Alsthom, dont la vie va basculer, pris dans des méandres du capitalisme qu’il n’imaginait certainement pas capable de l’entraîner vers des années de galère et 25 mois passés en prison états-uniennes, dont de nombreux mois en prison de haute sécurité.
Un jeu de dupe. La lutte contre la corruption ? Une tarte à la crème de ces dernières décennies qui n’empêchera pas que tous les moyens sont a priori bons pour conquérir un marché ou une entreprise.
Ces moyens, même sans en profiter, même sans les connaître, on ne peut imaginer que la victime du récit ne les ait pas subodorés. Mais là n’est pas la question ni le sujet du livre.
Le sujet, c’est le capitalisme. La force de la puissance américaine, première au monde. De son État et de son appareil judiciaire au plus près et avec les moyens pour défendre cette puissance et ses gigantesques trusts. En face, des puissances impérialistes de second rang. Où tout est de second rang. En premier lieu, les entreprises, même si plusieurs d’entre elles, quelques-unes, comme à l’époque Alsthom, occupent le premier rang mondial, et un État qui est aussi de second rang.
Et voilà ces lois anticorruptions qui, finalement loin de leur objet déclaré, s’avèrent avoir comme objectif essentiel celui de défendre les objectifs de la force qui domine. En l’occurrence, dans la confrontation entre les deux entreprises mondiales qui dominaient le secteur essentiel des turbines pour les centrales nucléaires, l’états-unienne General Electric et la française Alsthom.
Une concurrence-confrontation sans cadeau, des lois états-uniennes ayant nature d’extra-territorialité, un PDG français aux abois craignant d’être poursuivi, et un haut-cadre pris dans le filet de cette situation, et qui va s’en retrouver l’otage. Voilà le décor et les éléments de l’intrigue. Vraiment captivant, et très très formateur.
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