Une belle découverte, L’auteure est une historienne qui part à la recherche des traces de son père, de ces gens qui ne font pas la « grande histoire » mais qui en sont les profondeurs et sans lesquels la première ne serait rien. Un parcours de vie qui mène un jeune homme de sa Normandie à Paris et à l’embauche chez Renaul-Ile Seguin, dans ces années 1950 d’essor économique. Un expulsé de son bourg de naissance par l’évolution des métiers. Bref, un immigré de l’intérieur. Chez Renault.
Le voilà embauché aux Forges. Martine Sonnet évoque le travail dans ce secteur, la dureté du métier, l’usure qu’il entraîne avec ses conséquences sur l’espérance de vie. On ne vit en général pas vieux quand on a été forgeron. Dans ce livre, il n’y a pas seulement un regard sur l’usine et la condition ouvrière industrielle, mais il l’est également sur l’évolution du mode de vie de ces années-là, la famille, l’installation dans un habitat collectif en plein développement, les loisirs qui demeurent pour le père un pont entre ce lieu rural d’où il vient et sa nouvelle vie urbaine. Surtout, un regard très affectueux de la fille sur son père, même s’il demeure très pudique. En tout cas, une vision très intelligente et très fine, qui ne s’embarque pas dans de longs discours, et qui marque d’autant.
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