Nathalie Arthaud : “Changer toute la société !”
16 Février 2022
(...) « Un objectif des luttes de demain, bien sûr, sera l’augmentation générale et massive des salaires, des allocations et des pensions. C’est une revendication susceptible d’unifier dans un combat commun toutes les catégories de travailleurs que le patronat dresse les unes contre les autres.
Car il ne faut compter ni sur Macron ni sur les candidats qui prétendent le remplacer pour imposer quoi que ce soit au grand patronat. (…)
Il y a la politique de l’aumône. Prime d’activité, APL… L’État prétend venir en aide aux plus bas salaires à coups de primes, sur lesquelles il rogne continuellement mais sans lesquelles des millions d’entre nous ne pourraient se loger ou se nourrir. La dernière invention a été le chèque énergie de 100 euros à tous ceux qui vivent avec moins de 2 000 euros par mois. Et demain l’État va aussi nous aider à acheter notre lait et notre baguette ?
Mais quand on travaille, ou quand on a travaillé toute sa vie, on ne demande pas la charité pour faire son plein d’essence, pour se chauffer ou pour se loger… On veut pouvoir vivre de son salaire ou de sa pension de retraite, alors il faut l’augmentation générale des salaires, des allocations et des pensions !
Et ce ne sont pas des miettes qu’il faut, mais des augmentations de 300, 400, 500 euros par mois. Pour ne pas être rattrapé par l’inflation, il faudra imposer l’indexation des salaires sur les prix. (…)
« Quoi qu'il en coûte » au grand patronat !
2 000 euros, ce doit être un minimum pour les salaires, mais aussi pour les pensions et allocations dont vivent les travailleurs à la retraite ou en invalidité. C’est bien au-dessus du smic actuel, qui est à 1 270 euros net. Et je sais que beaucoup de salariés estiment que 2 000 euros pour le smic est du domaine du rêve parce que le patronat ne l’accordera jamais. Mais la plupart du temps le patronat n’est même pas prêt à accorder 50, 40, 30, 20 euros d’augmentation, et il faut débrayer, menacer de faire grève pour les arracher.
Du point de vue du grand patronat, et c’est la même chose avec l’État patron, aucune revendication salariale n’est considérée comme raisonnable. C’était pareil en mai 1968. Même demander 10 % d’augmentation était jugé irréaliste et dangereux pour l’économie. Une grève générale après et quelques millions de manifestants plus tard, le smic était augmenté de 35 % !
Que l’on revendique 50, 100 ou 400 euros d’augmentation, il faut se battre. Alors il n’y a aucune raison de ne pas revendiquer ce qui nous est nécessaire pour vivre. Et nous n’avons pas à nous excuser, nous faisons tourner la société, nous sommes essentiels, il n’y a aucune raison de nous faire petits !
Si nous raisonnons en fonction de ce que le patronat est prêt à nous laisser pour vivre, nous resterons les éternels sacrifiés. Il faut raisonner à l’inverse. Nous devons être fiers de nos revendications parce que nous devons être fiers de ce que nous sommes. La société doit d’abord répondre à nos besoins de travailleurs parce qu’elle ne tient que par nous.
Alors battons-nous pour arracher ce qu’il nous faut, « quoi qu’il en coûte » au grand patronat ! Et s’il faut changer toute la société pour l’imposer, eh bien nous la changerons !
Le camp des travailleurs doit contrôler les entreprises
Pour rejeter les revendications ouvrières, les perroquets patronaux mettent toujours en avant la PME ou la petite entreprise en difficulté, qui seraient ruinées si elles devaient augmenter les salaires ou embaucher. Cela leur ferait trop de « charges », comme ils disent.
C’est toujours une façon d’occulter la responsabilité des grands groupes dans les bas salaires. Quand vous travaillez chez Carrefour, avec 15 ans ancienneté, vous touchez 1 300 euros net ! Ouvrier à Michelin, vous êtes à 1 500 euros net, en travaillant en équipe ! Et ainsi de suite. Et combien d’entreprises de gardiennage, de nettoyage et de sous-traitance diverses, qui travaillent pour les gros, payent leurs salariés à coups de lance-pierres ?
Les petites entreprises sont l’alibi pour nous faire taire. D’ailleurs, prenez 1968 et l’augmentation de 35 % du smic : la ruine annoncée du petit commerce a-t-elle eu lieu ? Non ! Et aujourd’hui, j’en suis convaincue, l’augmentation du pouvoir d’achat réjouirait un certain nombre de coiffeurs, de bouchers, de boulangers ou de restaurateurs, qui vivent de la clientèle populaire et la voient se priver !
Il faut rendre publics les comptes des grands groupes et les contrats qui les lient aux autres entreprises. On verrait alors qui fait des marges royales, on saurait exactement où aller chercher l’argent. Si un petit patron ne peut pas payer, il y en a d’autres au-dessus de lui. Que le donneur d’ordres paye ! Que le banquier, le fournisseur, le bailleur payent !
La véritable démocratie, le pouvoir du peuple, ce serait cela : que ceux qui font tourner les entreprises sachent exactement ce qu’il en est des fruits de leur labeur. Alors oui, il faut imposer un contrôle sur la comptabilité des grands groupes. Et nul besoin de créer des comités de contrôle ou d’enquête : avec les comptables et les administratifs, les travailleurs sont les mieux placés pour exercer ce contrôle, car ils connaissent mieux que quiconque la réalité du travail.
Tout le monde dit aujourd’hui qu’il faut que la parole se libère. C’est d’une hypocrisie sans nom parce que, dans les entreprises, les salariés n’ont le droit de rien dire. Combien de salariés des Ehpad ont été menacés, mis à pied, licenciés pour avoir dénoncé les dysfonctionnements et la maltraitance ? Cela fait des années qu’ils prennent des risques et témoignent sous anonymat !
Quant aux vaccins anti-Covid, les dirigeants européens qui ont négocié leur achat veulent que les contrats restent secrets, encore et toujours au nom du secret commercial. Tout cela pour cacher les marges exorbitantes qui permettent à la triade Pfizer, BioNtech et Moderna d’empocher 1 000 dollars toutes les secondes !
Le secret, l’omerta que le grand patronat impose dans les entreprises lui permet de mentir, de cacher ses méfaits et ses crimes. Enlevons-lui cette arme !
Oui, libérons la parole, la parole des salariés, des comptables, des commerciaux, et cela passe par la levée du secret professionnel, la levée du secret commercial et l’arrêt de toute poursuite pour diffamation, dès que l’on parle de harcèlement ou de salaires de misère ! (…)
Renverser le capitalisme
Alors je ne vise pas la présidence de la République, j’aspire à bien plus, parce qu’il faut changer toute la société, renverser le capitalisme ! Et cela ne se fera pas du haut de la présidence de la République, cela se fera par en bas, quand le monde du travail et la jeunesse révoltée relèveront la tête et s’attaqueront eux-mêmes à la dictature du grand capital. »
Aujourd’hui samedi sur France 2 à 13 h. : Nathalie Arthaud interviewée pendant le journal de 13h
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Chez les marchands de la presse :
-au Val d’Argenteuil-nord, bureau de tabac de la « dalle » ;
-librairie « Le presse papier », avenue Gabriel Péri.
Les prochaines permanences
-aujourd’hui samedi 19 février, de 10 h. à 10 h.30 marché des Coteaux ;
Et de 11 h. à midi au marché de la Colonie.
-Dimanche 20 février, de 9 h. 15 à 10 h.15, au marché Héloïse.
-lundi 21 février, de 18 à 19 h, centre commercial, Les Raguenets, Saint-Gratien ;
-mercredi 23 février, de 11 h. à 11 h.45 au marché des Champioux.
Nathalie Arthaud dans les médias :
Regardez les nombreuses vidéos sur le site lutte-ouvriere.org et
https://www.nathalie-arthaud.info/
Samedi 19 mars 2022, 19 heures à L’Atrium
Le banquet-soirée dansante aura lieu le 19 mars dans la salle de l’Atrium, route de Cormeilles, à partir de 19 heures. Le nombre de convives est limité à 250. Pour réserver sa place, il faut le faire vite, très vite (passe vaccinal exigé par les autorités).
Les « « moonlights swampers » animeront la soirée dansante.
C’est parti, on s’inscrit, 17 euros par personne adulte, et 8 par enfant ! (Chèque à l’ordre de D. Mariette, ou en espèces)
Voilà une première occasion de nous retrouver après ces mois et ces mois d’incertitude.DM
Contact : Dominique M. 0699499864
MDommarie@aol.com
La Fête de Lutte ouvrière à Presles, les 27, 28 et 29 mai 2022
Les habitués de la fête de Lutte ouvrière à Presles savent que celle-ci se tient d’ordinaire lors du week-end de la Pentecôte. Or la ligne H de la SNCF, qui dessert la gare de Presles-Courcelles, sera interrompue pour travaux à la Pentecôte 2022. C’est pourquoi nous avons décidé d’avancer notre fête annuelle, et de l’organiser pendant le week-end de l’Ascension, soit les vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 mai 2022. Des dates à retenir !
Attention : mes 5 articles du jour apparaissent parfois sur deux pages voire sur trois pages. Pour lire les 5 articles, cliquez en bas de la première page sur « articles plus anciens). DM.
Rendez-vous culturels à Argenteuil
Mardi 8 mars à 18 h.30
Au Presse papier Entretien avec l’historienne Sylvie Thénault pour son nouveau livre « Les Ratonnades D'Alger, 1956. Une Histoire De Racisme » à paraître aux éditions du Seuil
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