Gauche : unie ou divisée, loin des intérêts des travailleurs
15 Décembre 2021
Anne Hidalgo, candidate pour le Parti socialiste, a créé la surprise en proposant mercredi 8 décembre l’organisation d’une primaire pour sélectionner un candidat unique à gauche pour l’élection présidentielle.
Cette proposition a été rejetée par les autres candidats de gauche. Mais tous se sont présentés comme des champions de l’unité, à la condition qu’elle se fasse derrière eux.
Beaucoup d’électeurs de gauche, inquiets des scores annoncés de l’extrême droite de Le Pen et Zemmour, ou révulsés par la perspective de voir Pécresse ou Macron élus, se disent sans doute que la gauche a besoin de s’unir, ne serait-ce que pour se qualifier au deuxième tour de la présidentielle. Mais, même dans le cas peu probable d’une candidature unique ou du surgissement d’une personnalité comme Christiane Taubira, l’opération serait une énième tentative de faire tourner à plein régime la machine à illusions : avec la victoire « d’un bon candidat de gauche » la vie serait meilleure.
Jamais la gauche au gouvernement n’a servi d’autres intérêts que ceux du patronat et de la bourgeoisie, de l’Union de la gauche avec Mitterrand à la Gauche plurielle sous Jospin, ou dans sa dernière version sous Hollande. La conséquence en a été la démoralisation d’une large fraction des militants ouvriers et le discrédit de l’idée que la société pouvait et devait être changée en faveur des classes populaires. C’est la dernière mouture d’une gauche unie sous Hollande, qui avait compté des Verts parmi ses ministres de l’Environnement et qui avait profité de la bienveillance, voire du soutien du PCF, qui a imposé la loi Travail en 2016, contre laquelle des dizaines de milliers de travailleurs s’étaient battus, sous les coups de matraque et les gaz lacrymogènes. Macron a été mis sur orbite par Hollande qui en avait fait son ministre de l’Économie. Et les années Hollande, comme les années Mitterrand et Jospin, ont contribué à renforcer les idées d’extrême droite dans la société et l’électorat.
La politique des gouvernements est dictée par la bourgeoisie, par le grand capital qui, dans la crise actuelle, mène une guerre aux travailleurs et aux chômeurs. Le temps où les capitalistes étaient prêts à quelques concessions est clos, et le rôle du gouvernement, présent et à venir, est de mettre en musique les attaques contre les travailleurs et les classes populaires.
Ce n’est pas d’une nouvelle variante d’une union des partis de gauche faillis que les travailleurs ont besoin, mais d’un véritable parti révolutionnaire se fixant comme but de renverser le capitalisme. Construire un tel parti, c’est l’objectif que doivent se fixer tous ceux qui ont à cœur de défendre les intérêts des travailleurs.
Boris SAVIN (Lutte ouvrière n°2785)
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