Dorénavant, chaque jour, jusqu’à la fin août, même lorsque le présent blog prendra 10 jours de vacances, je vous proposerai une référence de mes bonnes lectures d’un an, depuis les grands vacances 2020, et celles que je découvrirai lors de mes lectures du présent été. Bonnes lectures donc, et à demain. DM
Loin d’eux
Des Hommes
Passons à Laurent Mauvignier. C’est Agnès qui à l’occasion de la sortie du film Des hommes dans les salles, sélectionné pour Cannes, m’a proposé de le relire. (le film Des hommes avec Depardieu, Darroussin, et Catherine Frot que je n’ai pas vu encore).
J’ai commencé cette semaine à lire le premier roman de Mauvignier, Loin d’eux. Une histoire simple, et les sujets de cet auteur semblent toujours des histoires simples, les nôtres, que nous les ayons rencontrées ou vécues, ou pas, elles auraient pu nous arriver. Et dans ce premier roman comme dans Des hommes, nous sommes dans l’univers de la difficulté d’échanger, d’établir un véritable dialogue entre les individus, fussent-ils liés par des liens familiaux qui n’ont pas réussi à surmonter l’étrangeté qui les sépare.
J’avais beaucoup aimé Des hommes à sa sortie en 2009. Je l’ai encore davantage apprécié lors de cette relecture.
Elle est toujours là cette génération qui a vécu la guerre d’Algérie. Je pense à mes amis de la FNACA d’Argenteuil dont les rangs sont d’année en année moins nombreux, appelés ou rappelés des années 1950-1960 dont la vie fut largement mise entre parenthèses pendant de longs mois, dans un espace qui leur était étranger. Je pense aussi aux vieux Chibanis que je croise chaque jour à Argenteuil, et qui eux aussi ont connu, subi, enfants ou adolescents, les affres de cette guerre. Une guerre qui a amoché les uns et les autres, et pour certains, tellement profondément.
Le silence, la difficulté de communiquer qui est là encore, au cœur d’une histoire qui a lieu à quarante ans de distance et qui est le socle du livre, prend une dimension exponentielle dans le cadre de ce drame.
Comme bien des auteurs édités aux Éditions de minuit, Laurent Mauvignier a une écriture très originale qui permet de ressentir ce que les protagonistes du roman ressentent ou tentent de formaliser dans la difficulté, sans en faire un carcan. Cela ouvre le champ à notre propre imagination.
Ce livre est un grand roman sur la Guerre d’Algérie, sur l’horreur certes mais également sur le silence donc, et une douleur qui aura bien du mal à guérir.
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