Les « temps modernes » ne sont pas loin
"L'Éducation nationale inaugure pour la première année la correction virtuelle des copies de philosophie, au motif que cela serait plus écologique, et que cela permettrait "de réduire le déplacement des enseignants et la manipulation des copies, évitant ainsi toute perte ou vol de copies."
Pour l'argument écologique, on repassera, puisque les copies scannées sont stockées sur des serveurs, et qu'il n'y a absolument rien d'écologique là-dedans ! Pour ce qui est des pertes de copies, le Ministère s'imagine sans doute que nous sommes assez irresponsables pour égarer nos copies chaque année... Derrière ces raisons invoquées par le Ministère, il y a en réalité d'autres motivations, beaucoup plus pernicieuses.
Il y a d'abord une volonté de contrôle : les coordinateurs de la discipline (nommés arbitrairement) peuvent en effet surveiller la vitesse de correction des collègues sur le logiciel, et les rappeler éventuellement à l'ordre pour leur demander d'accélérer. En outre, Santorin permet d'être plus "flexible", c'est-à-dire d'envoyer de nouveaux tas de copies, au fur et à mesure, aux collègues. Ce matin encore, des collègues recevaient de nouveaux lots, par 5 ou par 8, alors que nous sommes déjà à plus de 130 copies par collègue en moyenne, à corriger sur 8 jours ouvrés seulement !
Le délai de correction a en effet été considérablement réduit par rapport aux années précédentes, alors même que le nombre de copies augmente sensiblement, puisque les collègues mobilisés pour le Grand Oral ne peuvent pas corriger autant... Enfin, le logiciel Santorin souffre de nombreux défauts techniques : ce matin il était impossible de se connecter facilement au site, saturé, pour corriger. Des copies sont mal scannées, et il manque des pages. Souvent, les pages des copies apparaissent dans le désordre. .
Le problème ici n'est pas la technologie en soi, mais son usage détestable. Santorin n'est utilisé que pour augmenter la quantité de travail qui pèse sur les correcteurs. Ce n'est qu'un cas particulier de ce qui arrive aux travailleurs en général en ce moment.
Face à cela, des professeurs se mobilisent : grève face à la surcharge de travail dans plusieurs académies ou villes, comme en Normandie, à Bordeaux ou à Grenoble. Ici, en Picardie, il y a une demande d'allongement de la durée de correction, raccourcie de manière inadmissible. Il faut que nous refusions collectivement ces conditions de travail indignes, qui seront pérennisées si nous ne nous battons pas." Correspondance de Picardie
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