mercredi 30 décembre 2020

Argenteuil, violence dangereuse des quartiers laborieux (4). Pour contrer des conditions déterminantes de nombre de parents, la faiblesse effrayante des véritables soutiens

 

Quand les difficultés sont multipliées

 

Un quartier populaire, Joliot, et pas le plus en difficulté

Ébauche pour approfondir avec Lionel et tous ceux qui le souhaitent.

Un refrain qui revient toujours dans les réflexions à propos de la montée de la violence dans les quartiers et les villes populaires concerne la responsabilité des familles. Certes, avoir des enfants engage une incontestable responsabilité. Mais ensuite, leurs conditions de vie conditionnent largement le devenir des enfants, comme chacun sait. Une réalité fondamentalement conditionnée par des différences de conditions de milieux sociaux, d’environnement spatial, et de la qualité des réseaux avec le reste de la société. Ce qui ne veut pas dire que des conditions sociales difficiles sont absolument déterminantes. Il y a tant de facteurs qui interviennent, mais le déterminisme, même s’il est relatif, existe, tant que l’environnement n’intervient pas pour, quels que soient ces facteurs, les contrer.

         Avant d’aller plus loin, l faut rappeler que la montée de la violence dans la société a de multiples niveaux et qu’elle n’est pas propre aux quartiers et aux milieux populaires. Rappelons la montée de la tension dans les rapports interindividuels que j’ai déjà évoquée, partout dans l’ensemble de la société, la dégradation du vocabulaire, l’individualisme.

         Dans les quartiers populaires, lors d’incidents, par exemple avec la police, combien de jeunes sont-ils impliqués ? Une petite minorité. Et il n’y a qu’une petite minorité de familles concernées, qui auraient simplement besoin d’une aide particulière pour surmonter la situation, et en amont, pour ne pas voir certains enfants, et certains depuis leur plus jeune âge, se marginaliser.

         Au niveau des familles elles-mêmes, il n’y a qu’une petite fraction d’entre elles qui se trouvent dans une situation de nette marginalisation. La Crise date aujourd’hui de près d’une cinquantaine d’années. Cela fait près de trois générations que pour certaines familles, cette crise a enkysté les difficultés dans les quartiers, conduisant pour certaines, les enfants devenus parents, à aggraver la spirale de la marginalisation.

         Donc, de nombreux parents font ce qu’ils peuvent pour faire face, à la dégradation de leur situation financière personnelle, pour faire face pour certains à la dislocation de la famille elle-même avec la hausse des séparations et des difficultés plurielles qu’elles entraînent, avec le recul des services publics, au recul drastique de l’École, à la grisaille des quartiers, au recul des réseaux associatifs et du mouvement ouvrier, par l’éloignement, lorsqu’il s’agit de logements dits « sociaux », du lien entre les bailleurs et les locataires, la concentration des difficultés dans des espaces séparés du reste de la société… Avec cette énumération incomplète, cela fait déjà de très nombreuses difficultés à surmonter.

         Des handicaps qu’il faut comparer, terme à terme, avec le sort d’autres catégories d’habitants plus aisés du monde du travail. À comparer de loin, car ces habitants ne se côtoient guère, ne se mélangent pas. Ils ne vivent pas dans les mêmes espaces. Loin de tous les discours sur la « mixité sociale », cette séparation n’a pas cessé de se creuser.

         En attendant, les parents font ce qu’ils peuvent. Avec leurs moyens sur différents plans, ils aident leurs enfants à trouver leur chemin. Et c’est là où, comme depuis bien longtemps, ils auraient besoin d’éléments favorables venus de l’extérieur, pour les mettre en  réseau avec l’extérieur, et les aider à surmonter leurs difficultés.

         Sur ce plan, je n’aborderai, pour terminer, seulement deux aspects essentiels. L’École des quartiers populaires et le nécessaire renforcement de maisons de quartiers dignes de ce nom, mêlant centres sociaux, services jeunesse, MJC.

         L’École des quartiers populaires devrait concentrer toutes les attentions, en particulier au niveau des effectifs, une vingtaine d’élèves maxi, à tous les niveaux, dès la maternelle. Cette École est évitée par certains habitants, lorsqu’elle pourrait être un espace de « rencontre ». Une ATSEM par classe. Un groupe d’aide dans toutes les écoles. Les moyens d’un véritable suivi sanitaire, social et psychologique des enfants. Mais surtout, l’ouverture de l’École aux parents, des contacts travaillés avec les enseignants, des associations de parents d’élèves, lieux de réflexion et de culture.

         Quelle coordination dans les quartiers de tous les acteurs ? Entre les professionnels des écoles et ceux des quartiers ? Entre les professionnels des maisons de quartier, des centres sociaux, des associations ? Quelle réflexion collective sur le sujet ?

         Sur ces plans, quelle pauvreté aujourd’hui.

         Le dernier travail de réflexion collective sur l’École à Argenteuil fut le fait d’organisations syndicales d’enseignants et de parents d’élèves. Ce furent les « Etats généraux de l’École », sans aide de la municipalité. Ils datent de 2007.

         2007, il y a 13 ans, tout un programme ? DM.

À suivre. Une calamité : la drogue

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