Avec les
soignants : la solidarité, c’est aussi politique !
25 Mars 2020
Devant l’étendue de la pandémie,
le nombre de décès en hausse et de personnes touchées, le rôle primordial des
soignants apparaît comme une telle évidence que, dans les villes, la
reconnaissance s’exprime chaque soir à 20 heures par des applaudissements, des
bravos et des mercis venus des fenêtres et des balcons.
L’implication totale de ceux qui,
souvent déjà épuisés avant que ne se répande la maladie due au virus, doivent
se démultiplier au risque de leur santé, voire de leur vie, force le respect,
au-delà de l’empathie. Tout naturellement, les gestes exprimant cela se
multiplient. Petits gestes utiles, comme celui des esthéticiennes qui livrent
leur stock de gants et peignoirs jetables aux professionnels de santé, vrais
coups de main pour leur rendre la tâche plus aisée, leur proposant logements
gratuits en ville, gardes d’enfants, soins réconfortants, ou simplement pizzas,
sandwiches et gâteaux...
Ce sentiment de solidarité de la
population travailleuse avec les soignants s’est exprimé déjà à de multiples
reprises lors des manifestations organisées contre la loi El Khomri, la loi
Travail et surtout contre la réforme des retraites. L’approbation du monde du
travail leur était acquise, lors des luttes menées contre leurs conditions de
travail intolérables dans les Ehpad ou les hôpitaux psychiatriques. Elle
l’était aussi lors de la manifestation parisienne massive de la Santé du 14
novembre dernier.
Mais leurs revendications, leurs
exigences se heurtent à des choix budgétaires gouvernementaux, et pas seulement
à ceux du pouvoir macroniste. Entre 2003 et 2017, 69 000 lits d’hôpitaux
ont été supprimés, comme le dénonçaient en novembre le collectif inter-urgences
et le collectif inter-hôpitaux. Le budget de l’hôpital public a perdu en dix
ans 8,4 milliards d’euros, comme le calculait au même moment le Syndicat
national des professionnels infirmiers.
Ces choix budgétaires sont des
choix politiques. Les gouvernants successifs, au service des intérêts des
financiers, des banques, des capitalistes, les ont assumés et continuent de les
assumer avec plus ou moins d’aplomb, plus ou moins d’arrogance, en fonction de
l’urgence des besoins… de ceux qui dictent les ordres.
Prendre pendant des années sur
les services publics indispensables à la population, et surtout au monde du
travail, est un pillage irresponsable. Il se traduit maintenant par un service
de santé aux abois, des soignants en nombre très insuffisant, sans assez de
lits d’hospitalisation, de masques, de tenues, de gel hydroalcoolique…
Alors la solidarité ne doit pas
se borner aux applaudissements, elle doit devenir politique. Ceux qui
produisent toutes les richesses et font fonctionner l’économie doivent montrer
leur colère face à ces choix, opposer une force consciente à celles de la
finance et du grand patronat, infectés par le virus du profit.
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2695)
25 Mars 2020
Dans
cette période de confinement, Lutte ouvrière fera tout pour continuer à
informer de bien des choses que l’on ne trouvera pas dans les moyens
d’information officiels, en défendant un point de vue communiste
révolutionnaire. Mais il sera de plus en plus difficile non seulement de
l’imprimer, mais de l’acheminer et la faire parvenir à nos abonnés, aux
vendeurs de presse et à tous nos amis.
Lutte
ouvrière sera en tout cas disponible sur le
site internet www.lutte-ouvriere.org à l’onglet journal. Il faut, plus que jamais,
continuer à nous lire et à nous faire lire !
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