Éducation
nationale : dotation horreur globale
12 Février 2020
Dans beaucoup de collèges et de
lycées, les dotations horaires globales (DHG), c’est-à-dire les heures
d’enseignement octroyées par le ministère pour chaque établissement, prévues
pour la rentrée 2020 sont en baisse.
Ces pertes d’heures attisent la
colère des enseignants, déjà largement écœurés par la dégradation incessante
des conditions d’enseignement.
C’est la conséquence des 440
suppressions de postes dans le second degré annoncées par le ministère en
décembre dernier. Blanquer avait tenté de camoufler ces pertes derrière un
prétendu rééquilibrage, puisque 440 postes seront ouverts dans les écoles
primaires pour les dédoublements de classes.
Mais le résultat est là : il
manque des milliers d’heures dans les collèges et les lycées, alors qu’on
attend 22 000 élèves en plus. Cela se traduira par des postes supprimés et
donc des classes qui disparaîtront, avec à la clef des effectifs en hausse. Il
est à craindre qu’on atteigne les 30 élèves par classe en collège et plus de 35
en lycée.
Le ministère continue à expliquer
que tout va bien, puisque d’après lui, avec les heures supplémentaires, «
les moyens ainsi délégués dans les collèges et les lycées permettent de
répondre aux besoins des établissements, tout en améliorant la rémunération des
professeurs ». Mensonges sur mensonges !
Dire que les heures
supplémentaires améliorent la rémunération des enseignants, c’est bien une
escroquerie apprise dans les officines des patrons, qui consiste à faire croire
que payer plus ceux qui font plus d’heures est un cadeau ! Les heures
supplémentaires ne compensent jamais les salaires bloqués depuis des lustres.
Mais, en plus, elles contribuent grandement à la dégradation des conditions
d’enseignement. Les heures supplémentaires n’empêchent pas les classes
surchargées et, surtout, elles aboutissent à une présence réduite des adultes
dans les établissements et donc à des situations plus dangereuses qui
pénalisent tout le monde. Pour le ministère, c’est un moyen de faire des
économies en sacrifiant l’éducation de millions de jeunes.
En outre, le ministère s’attaque
aux systèmes mis en place en faveur des élèves les plus en difficulté. Dans
certains collèges, il existe des sections d’enseignement général et
professionnel adapté (SEGPA). Ces classes ont des effectifs réduits, pour
faciliter la prise en charge de ces élèves ayant des graves difficultés
d’apprentissage. La nouveauté 2020 consistera à fermer les classes SEGPA de 6e,
afin d’économiser ces heures d’enseignement. Mais Blanquer ne s’arrête pas
là : les élèves présentant un handicap sont aussi visés. Les classes qui
les accueillent vont voir leur effectif encore augmenté. Derrière un discours
huilé sur l’inclusion des élèves handicapés se cache une basse recherche
d’économies.
Mais les enseignants et les
autres salariés de l’Éducation nationale qui travaillent dans les
établissements ne veulent pas laisser passer cette nouvelle attaque. Dans
beaucoup de régions, ils ont réagi. Après la réforme des retraites, la réforme
du lycée, la baisse des DHG est encore une façon pour le gouvernement de
récupérer des milliards. Face à leur logique désastreuse, la seule logique à
poursuivre est celle de la lutte.
Marion
AJAR (Lutte ouvrière n°2689)
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