Migrants
: gouvernements de naufrageurs
31 Décembre 2019
De plus en plus de migrants
tentent de franchir la Manche à bord d’embarcations légères inadaptées à cette
traversée, et les naufrages se multiplient.
Dans la nuit du 29 décembre, onze
personnes, dont deux enfants en bas âge et deux adolescents, ont ainsi été
récupérées par les sauveteurs à 5 kilomètres au large de Calais. Quelques
heures plus tard, vingt autres étaient sauvées au large de Dunkerque, dont une
femme enceinte, dans un canot qui prenait l’eau. Trois jours auparavant, 71
migrants en détresse avaient été secourus par les navires français et
britanniques.
Ces naufrages sont la conséquence
de la politique menée par la France et la Grande-Bretagne visant à verrouiller
toujours davantage la frontière. Les ministres de l’Intérieur des deux pays
travaillent de concert pour renforcer les moyens permettant d’intercepter ceux
qui tentent la traversée. Leurs rencontres ont débouché sur l’augmentation du
nombre de patrouilles sur le littoral, l’acquisition de véhicules tout-terrain,
l’utilisation de drones et d’équipements de vision nocturne destinés à
pourchasser les migrants. Des millions d’euros ont été dépensés dans ce but,
alors que sur le littoral les exilés ne peuvent compter que sur l’aide des
organisations humanitaires pour manger, s’abriter ou bénéficier d’un minimum
d’hygiène. Et certains politiciens locaux contribuent eux-aussi à les
persécuter, comme la maire de Calais, Natacha Bouchard, dont les arrêtés
municipaux de 2017 visant à empêcher la distribution de nourriture aux exilés
viennent finalement d’être annulés par la justice.
Mais loin de dissuader les candidats
au passage, les autorités des deux pays les obligent seulement à tenter le tout
pour le tout au risque de leur vie. Ils se lancent de nuit, pensant avoir moins
de risques d’être repérés, sur une mer qui concentre une grande partie du
trafic maritime mondial. La manière dont les policiers français les harcèlent
pour leur rendre la vie impossible contribue seulement à les pousser dans les
bras des passeurs, qui les laissent se débrouiller après leur avoir fait payer
à prix d’or une embarcation ne tenant pas la mer. Et pour les migrants sauvés,
ou pour ceux dont on retrouve le corps sur les plages, combien périssent en mer
sans laisser de trace ?
Sur la Manche, comme en
Méditerranée, c’est une politique criminelle que mènent les grandes puissances
européennes.
Daniel MESCLA (Lutte ouvrière
n°2683)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire