Pénurie
de médicaments : la santé malade du profit
25 Septembre 2019
Édouard Philippe a reçu, jeudi 19
septembre, les représentants des laboratoires pharmaceutiques, « afin de les
engager à prendre des mesures contre les pénuries de médicaments ».
Ces pénuries sont en effet
devenues chroniques, au point de devenir un véritable problème de santé
publique. Alors que 44 pénuries avaient été signalées en 2008, il y en a eu 868
en 2018, et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits
de santé) prévoit qu’en 2019 elles pourraient concerner 1 200 médicaments
aussi indispensables que des vaccins, des antibiotiques, des antiparkinsoniens,
des anticancéreux…
Ces pénuries sont la conséquence
des pratiques des industriels du secteur pharmaceutique. Comme n’importe quels
groupes capitalistes, les laboratoires cherchent par tous les moyens à
augmenter leurs profits, en diminuant le plus possible les coûts, en limitant
les stocks. Par souci de rentabilité, certains médicaments sont produits par
une seule usine dans le monde, avec le risque que le moindre problème de
production ou de transport entraîne une pénurie. Les laboratoires peuvent aussi
décider d’arrêter la production d’un médicament qui ne leur rapporte pas assez,
mettant ainsi en danger la vie des malades.
À l’issue de la réunion avec les
industriels, le gouvernement a annoncé qu’il voulait imposer aux entreprises de
constituer entre deux et quatre mois de stocks pour les médicaments d’intérêt
thérapeutique majeur. Il prévoirait aussi des sanctions financières pour les
laboratoires n’ayant pas prévenu suffisamment à l’avance l’ANSM d’une pénurie,
ou ne proposant pas de solutions alternatives.
Ces sanctions n’ont pas encore
été fixées et il faudra attendre début octobre pour en savoir davantage. Mais
on peut douter de la réelle volonté du gouvernement de s’en prendre aux géants
de l’industrie pharmaceutique, quand on voit qu’il a confié le soin de
réfléchir à des solutions concrètes à un prétendu expert, Jacques Biot, qui a
fait toute sa carrière comme dirigeant et lobbyiste de ces entreprises. Il est
vrai qu’on n’est jamais aussi bien servi que par les siens.
Hélène
COMTE (Lutte ouvrière n°2669)
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