Grèce :
l’incendie de Moria, résultat d’une politique barbare
02 Octobre 2019
Une femme et son nouveau-né sont
morts dans l’incendie du camp de réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos.
Dix-sept blessés ont été transportés à Mytilène, la capitale de l’île.
Les hypothèses sur l’origine de
la tragédie sont diverses : elle serait due à un petit commerce ambulant
ou à une rixe, comme il en éclate régulièrement. Mais, quoi qu’il en soit,
cette catastrophe s’explique d’abord et surtout par les conditions
épouvantables de survie dans ce camp.
Prévu pour héberger 3 000
personnes sur les lieux d’un ancien établissement militaire, il en compte
maintenant 13 000. Aux bâtiments et containers depuis longtemps surpeuplés
se sont ajoutés des tentes et des abris de fortune construits de bric et de
broc par les réfugiés eux-mêmes. Une promiscuité permanente, un environnement
de poubelles, de rues défoncées, de chaleur extrême en été, de pluie et de
froid en hiver : c’est tout ce qu’offre le plus grand centre d’accueil et
d’identification de Grèce où, comme le dénonçait l’un des réfugiés, il faut faire
trois à quatre heures de queue pour manger et une heure au moins pour se
doucher ou aller aux toilettes. Les réfugiés peuvent y attendre pendant des
mois la réponse à leur demande d’asile.
Cette catastrophe a entraîné une
émeute, d’autant plus que la police a été plus rapide à arriver sur le site,
avec ses grenades lacrymogènes, que les pompiers.
Les organisations humanitaires
réclament, comme les réfugiés eux-mêmes, leur transfert sur le continent dans
des lieux enfin dignes d’êtres humains. Le gouvernement envisage, certes, des
transferts en Grèce continentale, mais dans des centres fermés. Il veut surtout
accélérer les procédures pour renvoyer au plus vite vers la Turquie, d’ici
2020, dix mille migrants déboutés du droit d’asile, et renforcer les contrôles aux
frontières et en mer pour les repousser vers leur pays d’origine.
La Grèce a accueilli environ
70 000 migrants. Depuis quelques mois, les arrivées se sont accélérées,
dont une large majorité (65 %) de femmes et d’enfants. En 2016, le
gouvernement turc, qui héberge plus de 4 millions de réfugiés, avait signé un
accord avec l’Union européenne. Il acceptait de rester le garde-frontière de
l’Europe moyennant une subvention dont, la crise économique s’intensifiant, il
exige maintenant l’augmentation. La mauvaise volonté des gouvernements
européens explique sans doute son moindre zèle à jouer les gardes-chiourme.
Les migrants sont victimes du
marchandage d’Erdogan et de la politique sécuritaire et policière du
gouvernement de Mitsotakis, qui reproche à Tsipras de n’avoir reconduit à la
frontière que 1 800 personnes en trois ans. Mais les réfugiés sont surtout
victimes de la politique des grandes puissances européennes qui les relèguent
le plus loin possible de leurs frontières, quitte à ce qu’ils en meurent.
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