École
Méhul – Pantin : suicide de la directrice
02 Octobre 2019
Lundi 23 septembre, Christine
Renon, la directrice de la maternelle Méhul à Pantin s’est suicidée dans son
école. Elle a envoyé des lettres à ses collègues de la ville, où elle dénonce
l’Éducation nationale, pour que toutes et tous connaissent les vraies raisons
de son épuisement et de son geste.
L’Éducation nationale ajoute sans
cesse de nouvelles charges de travail, en particulier de la paperasse inutile.
Elle fait appel à un nombre croissant d’enseignants précaires et sans
formation, que l’équipe enseignante et les directeurs doivent épauler en plus
de leur travail, car l’Éducation nationale refuse d’embaucher le personnel
nécessaire.
Jeudi 26 septembre, plusieurs
centaines de personnes se sont rassemblées devant l’école Méhul, parents,
enseignants, personnel de la ville et habitants de Pantin... Plusieurs
interventions ont souligné l’engagement et le dévouement de la directrice, très
appréciée. Mais ce qui dominait, au-delà de la tristesse, était la colère face
à une situation qui se dégrade, au manque de moyens et de personnels et contre
ceux qui ne veulent pas faire de vagues.
Il faudrait des secrétaires, des
bibliothécaires, des personnes pour s’occuper de la salle informatique,
d’assistants en langue, mais il n’y en a pas. Il n’y a pas assez d’auxiliaires
de vie scolaire pour s’occuper des enfants handicapés, d’enseignants du Rased,
le réseau d’aide pour les enfants en difficulté, et le passage des psychologues
est bien trop rare.
La directrice a aussi dénoncé la
municipalité de Pantin qui a aggravé la situation, en maintenant des rythmes
scolaires à quatre jours et demi, tout en refusant avec mépris d’entendre les
enseignants expliquer la fatigue de tous, en l’absence de pause le mercredi. Le
maintien de ces rythmes a entraîné le départ de nombreux enseignants et
animateurs, jusqu’à la moitié de l’équipe et parfois plus, ce qui a contribué à
désorganiser plus encore le fonctionnement des écoles de la ville et à alourdir
la charge de travail de ceux qui restent. C’est pourquoi la municipalité,
présente au rassemblement, a été huée. Quant au ministre Blanquer, qui avait
vanté début septembre une « rentrée réussie », il est passé en coup
de vent à l’école mais en est reparti avant le début du rassemblement.
Prudence !
Une journée de grève et des
rassemblements sont prévus jeudi 3 octobre. À Pantin, treize écoles de la ville
seront fermées et il y en aura également dans d’autres villes du département,
car ce que la directrice a dénoncé du fonctionnement de l’école touche beaucoup
d’autres personnes, qui le vivent et le ressentent de la même façon.
L’interdiction faite aux
enseignants par l’administration de diffuser la lettre de la directrice donne
envie de renforcer la protestation. D’ailleurs, dès lundi 30, en réponse au
ministre, des enseignants ont refusé de faire la minute de silence pour Chirac.
Correspondant
LO (Lutte ouvrière n°2670)
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