vendredi 4 octobre 2019

Éducation, le suicide d’une directrice, révélatrice de la situation désastreuse de l’Éducation nationale dans le pays. Une correspondance parue dans notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine


École Méhul – Pantin : suicide de la directrice

02 Octobre 2019

Lundi 23 septembre, Christine Renon, la directrice de la maternelle Méhul à Pantin s’est suicidée dans son école. Elle a envoyé des lettres à ses collègues de la ville, où elle dénonce l’Éducation nationale, pour que toutes et tous connaissent les vraies raisons de son épuisement et de son geste.



L’Éducation nationale ajoute sans cesse de nouvelles charges de travail, en particulier de la paperasse inutile. Elle fait appel à un nombre croissant d’enseignants précaires et sans formation, que l’équipe enseignante et les directeurs doivent épauler en plus de leur travail, car l’Éducation nationale refuse d’embaucher le personnel nécessaire.
Jeudi 26 septembre, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l’école Méhul, parents, enseignants, personnel de la ville et habitants de Pantin... Plusieurs interventions ont souligné l’engagement et le dévouement de la directrice, très appréciée. Mais ce qui dominait, au-delà de la tristesse, était la colère face à une situation qui se dégrade, au manque de moyens et de personnels et contre ceux qui ne veulent pas faire de vagues.
Il faudrait des secrétaires, des bibliothécaires, des personnes pour s’occuper de la salle informatique, d’assistants en langue, mais il n’y en a pas. Il n’y a pas assez d’auxiliaires de vie scolaire pour s’occuper des enfants handicapés, d’enseignants du Rased, le réseau d’aide pour les enfants en difficulté, et le passage des psychologues est bien trop rare.
La directrice a aussi dénoncé la municipalité de Pantin qui a aggravé la situation, en maintenant des rythmes scolaires à quatre jours et demi, tout en refusant avec mépris d’entendre les enseignants expliquer la fatigue de tous, en l’absence de pause le mercredi. Le maintien de ces rythmes a entraîné le départ de nombreux enseignants et animateurs, jusqu’à la moitié de l’équipe et parfois plus, ce qui a contribué à désorganiser plus encore le fonctionnement des écoles de la ville et à alourdir la charge de travail de ceux qui restent. C’est pourquoi la municipalité, présente au rassemblement, a été huée. Quant au ministre Blanquer, qui avait vanté début septembre une « rentrée réussie », il est passé en coup de vent à l’école mais en est reparti avant le début du rassemblement. Prudence !
Une journée de grève et des rassemblements sont prévus jeudi 3 octobre. À Pantin, treize écoles de la ville seront fermées et il y en aura également dans d’autres villes du département, car ce que la directrice a dénoncé du fonctionnement de l’école touche beaucoup d’autres personnes, qui le vivent et le ressentent de la même façon.
L’interdiction faite aux enseignants par l’administration de diffuser la lettre de la directrice donne envie de renforcer la protestation. D’ailleurs, dès lundi 30, en réponse au ministre, des enseignants ont refusé de faire la minute de silence pour Chirac.

                                   Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2670)

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