Lutte ouvrière dans les élections
européennes (4) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de
mars-avril 2019 sur papier ((2,5 euros) ou :
Unité de la lutte sous la direction de la
classe ouvrière
Dans sa phase montante, le
mouvement des gilets jaunes, recrutant en majorité dans les couches les plus
écrasées du monde du travail, a entraîné en même temps d’autres catégories
populaires : des professions libérales, des paysans ou des artisans parfois,
des éléments de la vaste catégorie des « entrepreneurs » qui n’exploitent
personne, voire jusqu’à des
petits patrons.
L’unité du mouvement invoquée de
bonne foi par nombre de gilets jaunes n’est pas du tout contradictoire avec
l’affirmation par les travailleurs de leurs revendications et de leurs
perspectives de classe. Au contraire.
Si les travailleurs ne défendent
pas leurs intérêts de classe, s’ils n’affirment pas leur propre politique, la
contestation ne peut aboutir dans le meilleur des cas qu’à répondre
partiellement aux revendications des catégories petites-bourgeoises.
Au contraire, en affirmant une
politique de classe, la perspective des travailleurs doit être, tout en
défendant leur propre peau, d’offrir également une politique aux autres
catégories populaires.
Au-delà des travailleurs
salariés, les petits paysans, les artisans, voire certains petits patrons, qui
fournissent les grandes enseignes de la distribution, trouveraient leur intérêt
à s’associer dans le contrôle des entreprises capitalistes. Le contrôle des
chaînes commerciales démontrerait que, si les prix à la consommation sont en
hausse alors que les revenus de ces fournisseurs sont en baisse, c’est qu’entre
les deux s’intercale le profit capitaliste, celui des chaînes de distribution
mais aussi celui des banques.
Ne pas laisser le contrôle des
banques au grand capital est la seule façon de mettre fin à l’utilisation du
crédit au profit de la grande bourgeoisie parasite. C’est la seule voie pour
offrir aux petits paysans, aux artisans et à une multitude d’autres catégories
petites-bourgeoises des conditions de crédit plus favorables, c’est-à-dire des
prêts indispensables pour exercer leur métier d’agriculteur, d’artisan,
d’entrepreneur indépendant, etc., sans générer de profit pour la finance
capitaliste.
La population laborieuse
mobilisée pour ce contrôle serait tout naturellement amenée à la nécessité
d’exproprier les banques et les établissements financiers privés, de les
regrouper dans une banque étatisée unique, placée sous le contrôle des
travailleurs.
Tout cela semble aujourd’hui
lointain et donc abstrait. Mais si le mouvement des gilets jaunes montre
quelque chose, certes à une petite échelle et dans d’étroites limites, c’est
avec quelle rapidité les choses peuvent changer dès lors que se mettent en
mouvement les classes populaires aujourd’hui résignées.
En un certain sens, les gilets
jaunes ont soulevé aussi la question du parti. Leur mouvement l’a fait surtout
par la négative. L’hostilité envers les partis institutionnalisés a été la
marque de fabrique du mouvement en ses débuts (là, il ne s’agit pas de l’activisme
des militants du Rassemblement national (ex-FN) et assimilés ou des
mélenchonistes, dissimulés derrière l’apolitisme). Mais le mouvement lui-même
se pose la question de se structurer en vue, notamment, des élections
européennes.
La discussion autour de cette
aspiration, confuse, contradictoire, nous facilite les choses pour affirmer
que, oui, il ne suffit pas de rejeter les partis de la bourgeoisie, il faut un
parti pour les exploités, pour les pauvres. Il faut expliquer aussi qu’il faut
que le parti des exploités sache quelle classe sociale est l’ennemie des
exploités, quels sont les amis ou les alliés possibles. Le parti communiste
révolutionnaire ne peut se constituer qu’autour d’un objectif partagé, autour
d’un programme.
Avec la crise, dans cette
situation où la bourgeoisie est à l’offensive pour reprendre des droits aux
travailleurs, toute revendication sérieuse venant des salariés fera l’objet
d’une lutte âpre et difficile. Et, lorsque les travailleurs se battront
vraiment pour leurs intérêts de classe, ils feront leur expérience et
réaliseront que, tant que la bourgeoisie tient les rênes des grands groupes
industriels et financiers, elle les baladera, et que le seul moyen d’avancer
réellement, c’est de contrôler ce qui se passe dans les entreprises. C’est de
savoir quelles sont réellement les marges bénéficiaires et où passent les
profits, combien sont investis, combien sont versés aux actionnaires…
Et la question du pouvoir et de
l’expropriation de la bourgeoisie se posera, comme elle s’est déjà posée lors
des grandes luttes sociales. C’est alors que « la classe
ouvrière
prendra conscience de cette vérité que, si elle veut vivre, le
capitalisme doit mourir », pour
reprendre une expression du Parti au temps où il était communiste.
La lutte pour les revendications
quotidiennes immédiates et la lutte pour l’émancipation totale des travailleurs
ne doivent faire qu’un seul et même combat. Eh bien, il faut que, dès
aujourd’hui, les travailleurs les plus combatifs s’en convainquent : militer
pour les intérêts des travailleurs, c’est militer pour la révolution sociale !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire