mercredi 20 mars 2019

Lutte ouvrière dans les élections européennes (5) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019


Lutte ouvrière dans les élections européennes (4) La suite de l’article de notre revue Lutte de classe de mars-avril 2019 sur papier ((2,5 euros) ou :


Unité de la lutte sous la direction de la classe ouvrière

Dans sa phase montante, le mouvement des gilets jaunes, recrutant en majorité dans les couches les plus écrasées du monde du travail, a entraîné en même temps d’autres catégories populaires: des professions libérales, des paysans ou des artisans parfois, des éléments de la vaste catégorie des «entrepreneurs» qui nexploitent personne, voire jusqu’à des petits patrons.
L’unité du mouvement invoquée de bonne foi par nombre de gilets jaunes n’est pas du tout contradictoire avec l’affirmation par les travailleurs de leurs revendications et de leurs perspectives de classe. Au contraire.
Si les travailleurs ne défendent pas leurs intérêts de classe, s’ils n’affirment pas leur propre politique, la contestation ne peut aboutir dans le meilleur des cas qu’à répondre partiellement aux revendications des catégories petites-bourgeoises.
Au contraire, en affirmant une politique de classe, la perspective des travailleurs doit être, tout en défendant leur propre peau, d’offrir également une politique aux autres catégories populaires.
Au-delà des travailleurs salariés, les petits paysans, les artisans, voire certains petits patrons, qui fournissent les grandes enseignes de la distribution, trouveraient leur intérêt à s’associer dans le contrôle des entreprises capitalistes. Le contrôle des chaînes commerciales démontrerait que, si les prix à la consommation sont en hausse alors que les revenus de ces fournisseurs sont en baisse, c’est qu’entre les deux s’intercale le profit capitaliste, celui des chaînes de distribution mais aussi celui des banques.
Ne pas laisser le contrôle des banques au grand capital est la seule façon de mettre fin à l’utilisation du crédit au profit de la grande bourgeoisie parasite. C’est la seule voie pour offrir aux petits paysans, aux artisans et à une multitude d’autres catégories petites-bourgeoises des conditions de crédit plus favorables, c’est-à-dire des prêts indispensables pour exercer leur métier d’agriculteur, d’artisan, d’entrepreneur indépendant, etc., sans générer de profit pour la finance capitaliste.
La population laborieuse mobilisée pour ce contrôle serait tout naturellement amenée à la nécessité d’exproprier les banques et les établissements financiers privés, de les regrouper dans une banque étatisée unique, placée sous le contrôle des travailleurs.
Tout cela semble aujourd’hui lointain et donc abstrait. Mais si le mouvement des gilets jaunes montre quelque chose, certes à une petite échelle et dans d’étroites limites, c’est avec quelle rapidité les choses peuvent changer dès lors que se mettent en mouvement les classes populaires aujourd’hui résignées.
En un certain sens, les gilets jaunes ont soulevé aussi la question du parti. Leur mouvement l’a fait surtout par la négative. L’hostilité envers les partis institutionnalisés a été la marque de fabrique du mouvement en ses débuts (là, il ne s’agit pas de l’activisme des militants du Rassemblement national (ex-FN) et assimilés ou des mélenchonistes, dissimulés derrière l’apolitisme). Mais le mouvement lui-même se pose la question de se structurer en vue, notamment, des élections européennes.
La discussion autour de cette aspiration, confuse, contradictoire, nous facilite les choses pour affirmer que, oui, il ne suffit pas de rejeter les partis de la bourgeoisie, il faut un parti pour les exploités, pour les pauvres. Il faut expliquer aussi qu’il faut que le parti des exploités sache quelle classe sociale est l’ennemie des exploités, quels sont les amis ou les alliés possibles. Le parti communiste révolutionnaire ne peut se constituer qu’autour d’un objectif partagé, autour d’un programme.
Avec la crise, dans cette situation où la bourgeoisie est à l’offensive pour reprendre des droits aux travailleurs, toute revendication sérieuse venant des salariés fera l’objet d’une lutte âpre et difficile. Et, lorsque les travailleurs se battront vraiment pour leurs intérêts de classe, ils feront leur expérience et réaliseront que, tant que la bourgeoisie tient les rênes des grands groupes industriels et financiers, elle les baladera, et que le seul moyen d’avancer réellement, c’est de contrôler ce qui se passe dans les entreprises. C’est de savoir quelles sont réellement les marges bénéficiaires et où passent les profits, combien sont investis, combien sont versés aux actionnaires…
Et la question du pouvoir et de l’expropriation de la bourgeoisie se posera, comme elle s’est déjà posée lors des grandes luttes sociales. C’est alors que «la classe ouvrière prendra conscience de cette vérité que, si elle veut vivre, le capitalisme doit mourir», pour reprendre une expression du Parti au temps où il était communiste.
La lutte pour les revendications quotidiennes immédiates et la lutte pour l’émancipation totale des travailleurs ne doivent faire qu’un seul et même combat. Eh bien, il faut que, dès aujourd’hui, les travailleurs les plus combatifs s’en convainquent: militer pour les intérêts des travailleurs, cest militer pour la révolution sociale!
                 (A suivre)



0 commentaires:

Enregistrer un commentaire