Habitat :
imposer le droit à un logement digne
L’habitat insalubre, loin d’être
une spécificité marseillaise, concerne l’ensemble des grandes villes et de
leurs banlieues. Il ne se résorbe pas avec le temps, au contraire ! Dans une
étude publiée en décembre, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme note que la
dégradation progresse plus vite que les efforts pour tenter de le résorber.
L’institut recense 157 300
logements insalubres rien qu’en Île-de-France. L’habitat dégradé se décline en
multiples versions, du local sans fenêtre ni aération transformé en logement
par des marchands de sommeil au pavillon de banlieue divisé en plusieurs
logements minuscules, en passant par le taudis aux peintures au plomb toxiques.
Mais il s’agit aussi, et de plus en plus souligne l’étude, de copropriétés
d’une cinquantaine d’années, habitées par des propriétaires occupants qui n’ont
pas assez de moyens pour faire face aux charges d’entretien de l’immeuble.
L’habitat indigne est un aspect
d’une crise du logement bien plus profonde, qui touche l’ensemble des classes
populaires. Elle se traduit à un bout par la spéculation immobilière, les
possibilités de défiscalisation dans l’immobilier neuf, de luxe ou de tourisme,
et à l’autre par le nombre effarant de personnes mal logées ou sans logement du
tout, parmi lesquelles un nombre croissant de travailleurs, dont les revenus ne
suffisent même plus à trouver un toit décent.
La lutte contre l’habitat indigne
supposerait, outre la prise en charge réelle par les pouvoirs publics des
travaux nécessaires dans les copropriétés dégradées, une offre bien plus abondante
de logements sociaux correctement construits et abordables. Et pour répondre à
l’urgence immédiate, il faudrait que l’État ait la volonté politique de
réquisitionner réellement les millions de logements et de bureaux vides, en les
mettant aux normes d’habitation.
Au-delà, c’est un plan massif de
construction de logements sociaux par l’État lui-même qui serait en mesure de
passer outre les lois du marché et d’imposer la construction du million de
logements sociaux qui manque dans le pays. Cela coûterait cher ? On
pourrait commencer par y verser les milliards des dispositifs qui exonèrent
pratiquement d’impôt les investisseurs dans la pierre, sans parler des
milliards d’aides publiques en tout genre aux grands patrons.
Comme toutes les exigences
vitales du monde du travail, le droit au logement des classes populaires
suppose d’engager la lutte pour faire payer les capitalistes.
Nadia
CANTALE (Lutte ouvrière n°2631)
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