Gilets
jaunes : les travailleurs doivent se faire entendre
Le
mouvement des gilets jaunes, en s’affermissant et en durant, a changé le climat
politique. Après la question du pouvoir d’achat, c’est bien celle des salaires
qui se fait de plus en plus entendre. Car pour les travailleurs, qui composent
la majorité non seulement de la population mais des contestataires actuels, la
seule façon d’améliorer leur pouvoir d’achat consiste à obtenir des
augmentations de salaire.
Les
taxes et les impôts contribuent à affaiblir les revenus de tous, c’est certain.
Mais les salaires sont bloqués depuis des années. Les capitalistes profitent de
la crise pour refuser des augmentations générales et pour faire travailler de
plus en plus dur pour gagner de moins en moins. Les pensions ont été diminuées
par les différentes réformes des retraites, et les allocations ne cessent de
tendre vers un minimum, qui devient insuffisant pour se nourrir et se loger. Et
ceci sans même parler du reste, des loisirs, du superflu que bien des familles
ont abandonné il y a longtemps.
Même
s’il semble plus facile de faire reculer le gouvernement sur les taxes que les
capitalistes sur les salaires, si les travailleurs ne s’attaquent pas à ce
problème, ils ne verront pas leurs conditions d’existence s’améliorer. Or ils
ont les moyens de mener cette lutte. Ce sont eux qui créent les richesses dans
les entreprises. Ce sont eux qui permettent, grâce à leur travail, à quelques
familles de milliardaires de s’enrichir de façon éhontée, pendant que la population
s’enfonce dans la pauvreté. C’est dans les entreprises que les travailleurs
peuvent peser de tout leur poids contre ces riches parasites qui dirigent
l’économie et commandent aux gouvernements.
Le
mouvement actuel a le mérite de montrer comment, quand une fraction de la
population laborieuse se mobilise, elle peut secouer toute la société, se faire
craindre des gouvernants et donner le ton. Il montre que des centaines de
milliers de personnes peuvent apprendre à s’organiser et à agir collectivement.
Mais, pour gagner sur les salaires, il faudra la volonté de s’en prendre aux
intérêts des capitalistes, et donc que les travailleurs profitent de la brèche
ouverte par les gilets jaunes pour se mobiliser là où ils jouent un rôle, là où
ils peuvent se mobiliser efficacement et contrôler leurs luttes.
Les
directions syndicales, censées représenter les intérêts du monde du travail, se
sont d’abord détournées de la mobilisation des gilets jaunes, qui ne venait pas
d’elles. Puis, la CGT a appelé à des manifestations le 1er décembre. Elle
appelle désormais à une journée d’action pour l’augmentation des salaires et
des pensions le vendredi 14 décembre. De sa part, comme de la part des autres
organisations syndicales, il s’agit d’un calcul. Après s’être tenue à l’écart
du mouvement de contestation, elle voudrait montrer qu’elle n’en est pas
absente.
De leur
côté, les militants et les travailleurs conscients doivent se saisir de ces
appels comme d’une occasion d’agir pour créer les conditions d’une riposte
générale de la classe ouvrière.Le mouvement des gilets jaunes et la reculade du
gouvernement ont créé un espoir et peuvent encourager les travailleurs à
s’engager dans la lutte. Toutes les occasions d’avancer dans cette voie doivent
être saisies.
Marion AJAR (Lutte ouvrière n°2627)
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