Dette de
l’État : un pactole pour les banques
Macron l’avait tout de suite
affirmé dans son discours du 10 décembre, et là on peut le croire : il n’était
pas question que les mesures qu’il annonçait en réponse à la mobilisation des
gilets jaunes coûtent quoi que ce soit aux entreprises.
Pour être complet, il aurait dû
préciser que ces mesures (gel des hausses de taxes sur les carburants,
exonération élargie de la hausse de la CSG pour certains retraités, heures
supplémentaires défiscalisées, etc.) allaient aussi rapporter beaucoup d’argent
aux capitalistes et aux financiers.
Pour trouver les douze à treize
milliards nécessaires au financement de ces mesures, le gouvernement va jouer
sur deux tableaux. Il va encore réduire l’argent affecté aux services publics
utiles à tous. Il va aussi lancer de nouveaux emprunts, et donc alourdir la
dette de l’État.
Au moment où l’Insee (l’organisme
officiel de la statistique et des études économiques) annonce que désormais la
dette de l’État équivaut à une année de production nationale de richesses, il
faut rappeler qui sont ceux qui souscrivent aux emprunts d’État. Il y a
quarante-cinq ans, aux tout débuts de la crise, le gouvernement s’est interdit
de financer ses déficits budgétaires auprès de la Banque de France. Mais l’État
a offert le gigantesque gâteau de la dette publique au monde de la
finance : les banques, les très grosses sociétés et les plus riches des
capitalistes. De fait, ils sont les seuls à avoir accès aux emprunts
obligataires que l’État lance en permanence sur les marchés financiers pour
financer ses dépenses, et d’abord les cadeaux qu’il fait à jet continu à la
grande bourgeoisie.
Ainsi, le grand capital prête –
contre intérêts et sans risque car il a la garantie de l’État – des sommes
fantastiques à ce même État, afin qu’il les offre sous une forme ou sous une
autre… au grand capital !
La boucle serait bouclée s’il ne
s’agissait en fait d’une spirale sans fin. Car l’État ne cesse de lancer des
emprunts – en dix ans, selon Les Échos du 20 décembre, la dette publique
a ainsi augmenté de 73 % – avec comme résultat l’explosion des
remboursements auxquels il doit faire face.
Il sort ainsi 40 milliards par an
(42,1 milliards sont prévus en 2019) au seul titre du versement des intérêts de
cette dette. Ce poste est devenu le deuxième en importance du Budget, juste
après l’Éducation nationale et à égalité avec la Défense – un autre moyen de
subventionner le grand capital.
Il y a là un « pognon de
dingue » que les gouvernants se chargent de faire passer des poches de la
population dans les coffres de la bourgeoisie.
Pierre
LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2630)
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