Maroc : le train à grande vitesse n'est
pas pour tout le monde
Macron et le roi du Maroc ont
inauguré la première ligne TGV d'Afrique, qui mettra Tanger à 2h10 de
Casablanca au lieu de 5h actuellement. C'est un progrès, mais avant tout pour
Alstom, Cegelec et Vinci, entre autres, qui empochent les bénéfices de l'opération.
La ligne
profitera surtout à une clientèle fortunée. Le reste de la population devra se
contenter d'un réseau de transport vétuste, avec des retards quotidiens et des
écoulements d'eau dans les wagons par temps de pluie.
La
mort pour d’autres
Maroc :
les mines de Jerada continuent de tuer
Ces jours-ci, au Maroc, cinq
habitants sont encore morts en essayant d’extraire du minerai près de Jerada.
Dans cette cité minière dont les
mines ont fermé en 2001 et où d’importantes manifestations se sont succédé
durant plusieurs mois pour réclamer, entre autres, de vrais emplois, rien n’a
bougé en faveur des habitants. La contestation avait débuté après la noyade en
décembre 2017 de deux frères, qui cherchaient du charbon dans un des boyaux
désaffectés. Ils exploitaient les mines, comme la plupart des habitants, au
péril de leur vie, pour quelques dizaines d’euros. L’indignation et la colère
avaient soulevé durant des mois tous les habitants des villages proches des
mines. Ils s’étaient organisés en comités de quartier pour agir. En février
dernier, le roi Mohamed VI avait envoyé ses conseillers et ministres pour, en
définitive, demander à la population d’attendre que des fonds soient débloqués
pour divers projets à venir.
En mars, des manifestations ont
repris pour demander du concret et aussi la libération de dizaines de
prisonniers. Car, si le gouvernement refuse de proposer aux habitants de Jerada
un vrai travail et des infrastructures publiques correctes, comme un
dispensaire pour les malades de la silicose, il n’hésite pas à réprimer. Des
procès de dizaines de manifestants des derniers mois sont en cours, et des
condamnations pleuvent, y compris de la prison ferme, pour certains.
Le pouvoir voudrait faire taire
la contestation par la peur. Mais les familles des détenus ne se laissent pas
intimider et font pression lors des procès. Ces cinq derniers décès font encore
plus réagir la population.
Malika FARES (Lutte ouvrière
n°2624)
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