Aux
capitalistes de payer pour les retraites
Au moment où se prépare une
nouvelle attaque sur les droits à la retraite, chacun y va de sa solution. Le
patronat et le gouvernement se soucient des reculs qu’ils disent nécessaires,
et les syndicats s’affirment arcboutés pour défendre la retraite par
répartition. Mais une chose est certaine : les systèmes, aussi imaginés et
retravaillés qu’ils soient, ne pourront représenter une vraie garantie d’avoir
une retraite digne au bout d’une vie de travail.
En fait, et notamment depuis 1993
et la réforme Balladur, les droits des retraités ont connu des dizaines
d’années de reculs. Rien ne peut protéger vraiment les travailleurs, en dehors
du rapport de force entre la classe ouvrière et le monde capitaliste.
Tous les modes de calcul
revendiqués, retraite par répartition, retraite par points, ou encore d’autres,
partent d’une constante : les travailleurs doivent y cotiser, et donc
payer pour assurer leurs retraites. Mais au fond pourquoi ? Pourquoi les
travailleurs du rang devraient-ils se priver pendant des dizaines d’années pour
espérer, au bout d’une vie de labeur, pouvoir toucher une retraite
misérable ?
Quand il s’agit de leurs
serviteurs les plus proches, les capitalistes ne se basent pas sur de tels
principes. Lorsque les PDG et les plus hauts cadres sont embauchés, il est
convenu qu’il faut leur garantir, avant même qu’ils y aient commencé à
travailler et sans aucune cotisation, une retraite confortable. Cela est prévu
dans le contrat signé lors de leur embauche et cela leur est garanti, même si
finalement ils ne donnent pas satisfaction. Alors, pourquoi l’ensemble des
travailleurs, qui s’esquintent autrement plus au travail, ne devraient-ils pas
avoir les mêmes droits ?
Il y a un autre domaine dans
lequel la classe capitaliste tout entière a dû accepter le principe de payer
pour assurer la vie jusqu’à leur mort de ceux qu’elle a exploités. Dans le cas
des accidents du travail, de trajet, des maladies professionnelles, des rentes
doivent être versées à vie, même si le système en place et le montant des
indemnisations comportent de multiples injustices. Les patrons seuls cotisent à
la caisse des accidents du travail qui indemnise ces victimes de l’exploitation
capitaliste.
Alors, tous les travailleurs, qui
sont les victimes de l’exploitation capitaliste, devraient avoir droit à ce que
la classe patronale dans son ensemble assume sur ses deniers le paiement d’une
retraite donnant les moyens de vivre dignement après une vie de travail.
Cette revendication, cette
exigence ne sont ni utopiques, ni décalées. C’est simplement une revendication
qui a toujours été celle du mouvement ouvrier, quand il pouvait mériter ce nom.
En 1910-1911, quand le gouvernement a voulu instituer des retraites ouvrières
basées sur les cotisations des travailleurs, la CGT avait protesté au nom de ce
principe. Les syndicats défendaient encore fermement cette idée après 1918,
avant qu’ils ne tournent complètement casaque et en viennent à défendre les
revendications du patronat dans ce domaine. À la veille d’une énième
manipulation du système des retraites, il faut plus que jamais rappeler que
c’est aux patrons, et à eux seuls, de payer pour la retraite des travailleurs.
P. S. (Lutte ouvrière n°2619)
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