dimanche 14 octobre 2018

Retraites. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine.


Aux capitalistes de payer pour les retraites 

Au moment où se prépare une nouvelle attaque sur les droits à la retraite, chacun y va de sa solution. Le patronat et le gouvernement se soucient des reculs qu’ils disent nécessaires, et les syndicats s’affirment arcboutés pour défendre la retraite par répartition. Mais une chose est certaine : les systèmes, aussi imaginés et retravaillés qu’ils soient, ne pourront représenter une vraie garantie d’avoir une retraite digne au bout d’une vie de travail.



En fait, et notamment depuis 1993 et la réforme Balladur, les droits des retraités ont connu des dizaines d’années de reculs. Rien ne peut protéger vraiment les travailleurs, en dehors du rapport de force entre la classe ouvrière et le monde capitaliste.
Tous les modes de calcul revendiqués, retraite par répartition, retraite par points, ou encore d’autres, partent d’une constante : les travailleurs doivent y cotiser, et donc payer pour assurer leurs retraites. Mais au fond pourquoi ? Pourquoi les travailleurs du rang devraient-ils se priver pendant des dizaines d’années pour espérer, au bout d’une vie de labeur, pouvoir toucher une retraite misérable ?
Quand il s’agit de leurs serviteurs les plus proches, les capitalistes ne se basent pas sur de tels principes. Lorsque les PDG et les plus hauts cadres sont embauchés, il est convenu qu’il faut leur garantir, avant même qu’ils y aient commencé à travailler et sans aucune cotisation, une retraite confortable. Cela est prévu dans le contrat signé lors de leur embauche et cela leur est garanti, même si finalement ils ne donnent pas satisfaction. Alors, pourquoi l’ensemble des travailleurs, qui s’esquintent autrement plus au travail, ne devraient-ils pas avoir les mêmes droits ?
Il y a un autre domaine dans lequel la classe capitaliste tout entière a dû accepter le principe de payer pour assurer la vie jusqu’à leur mort de ceux qu’elle a exploités. Dans le cas des accidents du travail, de trajet, des maladies professionnelles, des rentes doivent être versées à vie, même si le système en place et le montant des indemnisations comportent de multiples injustices. Les patrons seuls cotisent à la caisse des accidents du travail qui indemnise ces victimes de l’exploitation capitaliste.
Alors, tous les travailleurs, qui sont les victimes de l’exploitation capitaliste, devraient avoir droit à ce que la classe patronale dans son ensemble assume sur ses deniers le paiement d’une retraite donnant les moyens de vivre dignement après une vie de travail.
Cette revendication, cette exigence ne sont ni utopiques, ni décalées. C’est simplement une revendication qui a toujours été celle du mouvement ouvrier, quand il pouvait mériter ce nom. En 1910-1911, quand le gouvernement a voulu instituer des retraites ouvrières basées sur les cotisations des travailleurs, la CGT avait protesté au nom de ce principe. Les syndicats défendaient encore fermement cette idée après 1918, avant qu’ils ne tournent complètement casaque et en viennent à défendre les revendications du patronat dans ce domaine. À la veille d’une énième manipulation du système des retraites, il faut plus que jamais rappeler que c’est aux patrons, et à eux seuls, de payer pour la retraite des travailleurs.

                                                          P. S. (Lutte ouvrière n°2619)

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