samedi 27 octobre 2018

Armement : profits au cœur des massacres


 
Industriels français de l’armement : au cœur des massacres

Amnesty International vient de publier « Des armes françaises au cœur de la répression », rapport qui dénonce l’emploi de blindés français dans la répression de manifestations en Égypte depuis 2012.
Il revient sur la manifestation au Caire du 14 août 2013, où la dispersion des partisans du président islamiste Mohamed Morsi avait provoqué la mort de près de mille manifestants. Des véhicules blindés fournis par la France avaient été utilisés par les forces de sécurité égyptiennes pour se déployer, et parfois pour s’abriter et tirer sur la foule.
Depuis, les ventes d’armes françaises à l’Égypte se sont poursuivies, la France devenant depuis 2013 son premier fournisseur d’armements, devant les États-Unis. En tout, plus de quatre milliards d’euros d’armes françaises ont été livrées à l’armée égyptienne entre 2012 et 2017. Des bonnes relations symbolisées par la décoration remise en février 2017 par le président Abdel Fattah al-Sissi au ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, en reconnaissance de l’essor sans précédent de la coopération militaire entre les deux pays.
Les États membres de l’Union européenne avaient pourtant décidé, en août 2013, de suspendre les licences d’exportation vers l’Égypte de matériel utilisé à des fins de répression interne. Mais la France, comme douze autres pays européens, a continué ses ventes d’armes. Les autorités françaises expliquent avec hypocrisie que ces armes étaient à destination de l’armée égyptienne, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, et non pour la répression.
Interrogée à la suite de la publication du rapport, la ministre des Armées, Florence Parly, a justifié ces ventes d’armes, ainsi que celles destinées à l’Arabie saoudite, ou aux Émirats, accusés de violer le droit humanitaire dans la guerre qu’ils mènent au Yémen. « Ces ventes d’armes font l’objet d’une analyse au millimètre près » a affirmé la ministre. « De plus en plus, notre base industrielle et de défense a besoin de ces exportations d’armements (…) On ne peut pas faire totalement abstraction de tout l’impact que tout ceci a sur nos industries de défense et nos emplois. »
Rien de tel, pour justifier le soutien aux pires dictatures de la planète, que d’invoquer la défense de l’emploi. Sauf que les ouvriers de l’armement n’ont pas choisi de fabriquer du matériel de destruction massive, et pourraient aussi bien construire du matériel civil. Ce sont les industriels, comme Dassault, Safran ou autres, qui s’enrichissent à milliards par ce commerce, avec l’aide bienveillante des gouvernements successifs.

                                                     Hélène COMTE (Lutte ouvrière n°2621)

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