Amnesty International vient de
publier « Des armes françaises au cœur de la répression », rapport qui
dénonce l’emploi de blindés français dans la répression de manifestations en
Égypte depuis 2012.
Il revient sur la manifestation
au Caire du 14 août 2013, où la dispersion des partisans du président islamiste
Mohamed Morsi avait provoqué la mort de près de mille manifestants. Des
véhicules blindés fournis par la France avaient été utilisés par les forces de
sécurité égyptiennes pour se déployer, et parfois pour s’abriter et tirer sur
la foule.
Depuis, les ventes d’armes
françaises à l’Égypte se sont poursuivies, la France devenant depuis 2013 son
premier fournisseur d’armements, devant les États-Unis. En tout, plus de quatre
milliards d’euros d’armes françaises ont été livrées à l’armée égyptienne entre
2012 et 2017. Des bonnes relations symbolisées par la décoration remise en
février 2017 par le président Abdel Fattah al-Sissi au ministre français de la
Défense, Jean-Yves Le Drian, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, en
reconnaissance de l’essor sans précédent de la coopération militaire entre les
deux pays.
Les États membres de l’Union
européenne avaient pourtant décidé, en août 2013, de suspendre les licences
d’exportation vers l’Égypte de matériel utilisé à des fins de répression
interne. Mais la France, comme douze autres pays européens, a continué ses
ventes d’armes. Les autorités françaises expliquent avec hypocrisie que ces
armes étaient à destination de l’armée égyptienne, dans le cadre de la lutte
contre le terrorisme, et non pour la répression.
Interrogée à la suite de la
publication du rapport, la ministre des Armées, Florence Parly, a justifié ces
ventes d’armes, ainsi que celles destinées à l’Arabie saoudite, ou aux Émirats,
accusés de violer le droit humanitaire dans la guerre qu’ils mènent au Yémen. « Ces
ventes d’armes font l’objet d’une analyse au millimètre près » a
affirmé la ministre. « De plus en plus, notre base industrielle et de
défense a besoin de ces exportations d’armements (…) On ne peut pas faire
totalement abstraction de tout l’impact que tout ceci a sur nos industries de
défense et nos emplois. »
Rien de tel, pour justifier le
soutien aux pires dictatures de la planète, que d’invoquer la défense de
l’emploi. Sauf que les ouvriers de l’armement n’ont pas choisi de fabriquer du
matériel de destruction massive, et pourraient aussi bien construire du
matériel civil. Ce sont les industriels, comme Dassault, Safran ou autres, qui
s’enrichissent à milliards par ce commerce, avec l’aide bienveillante des
gouvernements successifs.
Hélène COMTE (Lutte ouvrière
n°2621)
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