L'affaire
Benalla, l'agitation politicienne et les intérêts des travailleurs
Le feuilleton de l’été, «
l’affaire Benalla », continue, et il risque de durer. Pas parce que l’affaire
est exceptionnelle – les coulisses du pouvoir présidentiel sont remplies
d’histoires de ce genre d’hommes de main et de leurs dérapages – mais parce qu’elle
permet à toute l’opposition parlementaire de se faire mousser pour dénoncer
Macron sans avoir à dénoncer sa politique en faveur des plus riches.
Deux motions de censure ont été
déposées contre le gouvernement, une de la droite et une autre commune au PS,
au PCF et à la France Insoumise. Marine Le Pen a dit qu’elle voterait les deux.
Jean-Luc Mélenchon a déclaré : « Quand il s’agit de protéger l’État et de faire
respecter la norme républicaine, il y a une convergence avec la droite, je
l’assume ». De l’extrême droite à la gauche en passant par la droite, tous se
retrouvent à l’unisson. Mais plus ils jouent les indignés et plus tout cela
sonne creux.
Macron a couvert Benalla quand
celui-ci est allé casser du manifestant, gratuitement, simplement pour avoir sa
dose d’adrénaline. Mais tout l’appareil d’État est rempli de Benallas. Qu’ils
sortent des quartiers populaires ou de l’ENA, chacun dans sa spécialité est un
serviteur de l’État, c’est-à-dire un serviteur de l’ordre capitaliste.
Macron le premier est un homme
dévoué aux intérêts de la haute bourgeoisie, hier haut cadre d’une grande
banque, comme aujourd’hui à l’Élysée. Et c’est la classe capitaliste qui lui
dicte sa politique et lui demande d’être une machine de guerre contre les
travailleurs et les classes populaires. C’est pour la servir qu’il a facilité
les procédures de licenciement, allongé les durées légales du temps de travail,
démoli le Code du travail, augmenté la CSG, baissé les APL... Et c’est pour la
servir que, à la rentrée, il prévoit de s’attaquer aux retraites des
travailleurs et d’accentuer la chasse aux chômeurs.
En réalité, c’est l’État dans son
ensemble qui est au service du grand patronat et doit l’aider à avoir les
coudées franches dans la lutte de classe. Avec son arrogance et sa politique en
faveur des très riches, Macron est bien leur homme. Mais il n’est, au bout du
compte, qu’un simple exécutant. Et il n’y a aucune illusion à avoir sur ce que
ferait à sa place tel ou tel leader de l’opposition. Les travailleurs n’ont que
faire d’un nouveau bonimenteur qui dira, comme Hollande à la veille de son
élection, « mon ennemi c’est la finance » pour, une fois élu, s’agenouiller
devant elle.
Le PDG du groupe automobile PSA a
annoncé, pour les six premiers mois de 2018, une « rentabilité record », avec
des bénéfices de 1,7 milliard d’euros, en hausse de 48 %. D’autres grands
groupes ont annoncé des résultats équivalents, encore meilleurs que l’année
passée. Toute cette richesse ne tombe pas du ciel. Au nom de la compétitivité
des entreprises dans la guerre commerciale internationale, le grand patronat
cherche en permanence à faire baisser les salaires, gagner des minutes de
production ou pousser dehors des travailleurs afin de faire faire le même
travail avec moins de bras.
Bernard Arnault, l’actionnaire
principal du groupe de luxe LVMH, qui a vu sa richesse augmenter de 56 % en un
an pour atteindre 73 milliards d’euros, a déclaré qu’il s’attendait à un
effondrement économique « dans les années qui viennent, qui touchera tous les
secteurs de l’économie ». En réalité, la crise économique dont il parle est
déjà là, depuis des années. Mais elle s’aggrave et menace d’entraîner toute la
société vers la catastrophe.
Le grand patronat ne sait pas
comment mettre fin à la crise, mais il sait comment accroître ses profits
immédiats en menant l’offensive contre les travailleurs.
Alors, loin de cette agitation
parlementaire dérisoire, ce qu’il faut au monde du travail, c’est un programme
qui mette en avant ses revendications vitales, ses revendications de classe :
l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, un
niveau de salaire et de pension qui permette à chacun de vivre dignement, et
aussi le contrôle des comptes des entreprises capitalistes afin de savoir où
est et où va l’argent produit par l’exploitation.
Il faut un programme de lutte des
exploités contre ce système capitaliste. C’est la seule perspective pour les
travailleurs et pour la société dans son ensemble.
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